En ce moment, les investisseurs ne savent plus quels indicateurs se tourner. Avec une mesurette temporaire, les Etats-Unis ne font que reculer l’échéance fatale du fiscal cliff et les impôts votés ne vont servir qu’à gonfler artificiellement la croissance. Philippe Béchade, Marc Faber et Pierre Leconte nous livrent tous les trois leur vision pour 2013 et ce que l’on peut attendre de l’or en ce début d’année.
Un marché sans vendeurs
Récemment interviewé sur BFM TV, Philippe Béchade a livré sa vision de l’optimisme artificiel des marchés.
« Actuellement, il n’y a aucun vendeur, on fait monter le marché dans le vide. On se paye un gap à la hausse de 2% (le plus important de la décennie après celui du 27/10/2011, après le « sauvetage de la Grèce » – avant de tout reperdre) », commente le rédacteur en chef de la Chronique Agora lors de son intervention sur BFM TV ; et d’ajouter « On est dans l’artifice le plus total, étayé par aucun volume, aucun vendeur, c’est le marché des Bisounours, plus le marché monte, moins il est cher ».
En l’absence d’indices, à quoi se fier alors ? Les accords politiques n’ont qu’un crédit limité, la FED dope artificiellement les marchés, seul l’immobilier de luxe tire son épingle du jeu. Bref, le bond opéré par les marchés en ce début d’année est complètement bidon et ne va pas faire long feu.
Une croissance américaine bidon
La croissance est soutenue à 70% par les dépenses de l’Etat et des subventions qui vont devoir être réduites d’ici le 1er mars, lorsque les Etats-Unis ne pourront plus reculer devant l’échéance du fiscal cliff. Pour Philippe Béchade, un pays en croissance artificielle de 2,3% peut difficilement s’en sortir.
La croissance réelle américaine hors dépenses de l’Etat est de 0,6% et avec les impôts, elle n’existe carrément plus. Les impôts devraient rapporter 600 milliards $ en 5 ans, alors qu’il en faudrait 600 milliards par an. Le risque est que les Etats-Unis tendent vers un « economic cliff ».
C’est plus ou moins ce qu’il redit d’ailleurs plus récemment dans son article « Une hausse en trompe-l’œil pour Wall Street » que nous vous invitons à lire.
La prudence chère à Marc Faber
Marc Faber est un gérant de fortune, sans doute un des plus grands spécialistes de l’investissement dans l’or et aussi un grand contrarien. Dans cette note de son blog, le « Dr Doom » fait part de sa prudence vis-à-vis des marchés en 2013. Les Etats interviennent tellement qu’ils truquent le marché. Aussi fait-il montre de prudence à l’égard de tous les actifs, soulignant que la consolidation de l’or pourrait persister et entraîner un plus bas niveau de 10% avant de remonter vers des plus hauts, notamment parce que le dollar est temporairement redevenu plus « fréquentable ». Nonobstant, l’or reste pour lui la meilleure protection contre la dévaluation monétaire. Face à l’incertitude et la tromperie induite par l’interventionnisme de l’Etat, l’or reste la seule certitude.
Que faire dans ce cas ? Acheter et renforcer ses positions sur l’or car d’autres opportunités de la sorte risquent de ne pas de reproduire avant longtemps au sein de ce marché haussier ! Tous les experts économistes s’accordent sur un point : la « triche », l’intervention à outrance, le gonflement artificiel des marchés… tout ça ne va pas pouvoir durer très longtemps.
Mais comme le dit Pierre Leconte, les acteurs de la finance naviguent à vue actuellement et ne savent pas où ils vont.
Vous pourrez lire, en complément de cet article, l’analyse de la lettre de Damien qui corrobore ce que nous pensons : si les marchés continuent d’être truqués, alors l’or pourrait baisser dans un premier temps mais il s’en suivrait une hausse inéluctable.
Pas de hausse pour Pierre Leconte
Pierre Leconte que nous avons récemment interviewé ne voit pas de baisse de l’or à court terme, mais dit qu’il revendrait ses positions si l’or devait atteindre 1800$.
Au contraire, pour lui, les participants au marché de l’or ont atteint un niveau de pessimisme maximum, ce qui est plutôt haussier à court terme.
« Je ne pense pas que l’or devrait baisser (parce que l’euro/dollar US est haussier) mais qu’il ne devrait pas faire grand-chose à court terme. En tous cas s’il devait monter vers 1.800 USD l’once à mon avis il faudrait prendre ses profits. Ce sont le palladium et à un moindre degré le platine qui devraient à court terme permettre de bonnes performances à la hausse ».
L’optimisme est partagé pour la banque suisse UBP pour qui les métaux précieux sont très haussiers, en particulier sur le palladium.
Les flèches rouges indiquent que l’on s’attend à une performance négative du secteur sur 12 à 18 mois.
Les flèches grises : aucun mouvement particulier
Les flèches vertes : on s’attend à une hausse du secteur au cours des 12 à 18 mois prochains.
L’Union Bancaire Privée a publié les tendances des matières premières et métaux précieux sur un an et 6 mois.
On voit clairement les tendances haussières des valeurs sur les 6 et 12 derniers mois, notamment celles du palladium, de l’étain, du gaz naturel qui ont bien performé.
L’or comme le cuivre se maintiennent dans un marché haussier très raisonnable, ce qui confine à la confiance.