Ces constructions sont à peu près tout ce qui reste en Californie de l’époque de la ruée vers l’or. Mais 150 ans plus tard, le territoire de Motherload est à nouveau saisi par la fièvre de l’or. La flambée du cours du précieux métal et le marché du travail plutôt incertain ont encouragé un millier de personnes à fouler, à nouveau, ces collines dans l’espoir que leur coup de pioche sera chanceux.
Rob est l’un d’eux. Armé d’un colt 45 contre les ours et les mauvais intrus, il a investi un millier de dollars dans son équipement pour extraire le précieux métal ou pour aspirer la roche sous l’eau. Avec un long tuyau doté d’un filtre, il peut ainsi récupérer de fines particules d’or qui gisent dans le lit de la rivière.
« Avec un long tuyau doté d’un filtre, j’arrive à récupérer de fines particules d’or qui se trouvent dans le lit de la rivière. Beaucoup de personnes me demandent s’ils peuvent faire ce boulot. Un coup de pioche aveugle peut, par chance, trouver une pépite, mais je leur conseille de ne pas tout quitter sans avoir vraiment étudié la faisabilité d’une telle reconversion. »
La plupart de ces nouveaux chercheurs d’or ont un travail dans de grandes villes comme San Francisco et espèrent trouver ici un complément de revenu, mais ils réalisent vite que cela n’a en fait rien de facile.
« Je suis venu ici pendant plus de quatre heures, regardez ce que j’ai trouvé. J’aurais gagné plus d’argent si j’étais resté au travail. »
Une véritable industrie s’est à présent développée autour de la prospection avec ces entreprises de location d’équipement qui proposent même des formations. Tout cela est bien plus élaboré qu’aux premières ruées vers l’or, mais en fin de compte une chose n’a pas changé depuis l’époque des pauvres piocheurs du XIXe siècle : les marchands de rêves sont toujours là pour profiter des naïfs et des perdus.
Un vendeur de matériel de prospection : « Rien n’a vraiment changé même si les méthodes sont un petit peu plus sophistiquées. Les gens commencent à louer des terrains qui en fait n’ont aucune valeur, mais les terrains partent très bien. Quand des acheteurs potentiels voient une pancarte avec « mine d’or » ils se disent mon Dieu, il doit y avoir plein d’or. Donc les terrains se vendent cinq, dix voire quinze mille dollars. Vous pouvez les exploiter pendant un an, mais ils ne vous rapportent absolument rien. »
Pour les chanceux, c’est effectivement l’essentiel. Les joailliers, eux, fondent ensuite l’or ou le vendent à l’étranger, spécialement en Inde. Le précieux métal y est avidement recherché pour tous les objets de mode. L’an dernier, Rob a acheté une parcelle de terre pour 50 000 dollars, convaincu qu’elle contenait de l’or. Il pensait avoir achevé ses recherches, il est clairement sur la bonne voie, car seuls un pour mille des prétendants à ce nouvel eldorado ont la chance d’avoir un jour dans leurs mains une véritable pépite.
Reportage de Chris Bockman pour le compte de France24