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La Seconde Guerre mondiale fut l’occasion de repenser les grands problèmes. Un souvenir domine : la Grande Crise. Personne ne veut plus la revoir. Mais comment s’y prendre ?

La guerre s’achevait, mais Paris n’était pas encore libéré lorsque, du 1er au 22 juillet 1944, à Bretton Woods, dans le New Hampshire, 44 Etats, tous opposés à l’Allemagne, à l’Italie et au Japon, participèrent à une conférence sur le futur régime des monnaies. C’est là que furent conçus le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque mondiale pour la reconstruction et le développement (BIRD).

La conférence fut dominée par une opposition entre les Anglais, représentés par Keynes, et les Américains qui soutenaient le plan élaboré par Harry Dexter White. Keynes, qui vivait ses dernières années, avait conçu un projet fort ambitieux. Les pays créditeurs s’y voyaient obligés de consentir certains crédits aux débiteurs. Quand le déséquilibre externe devenait trop important, le débiteur acceptait de freiner son rythme de croissance. Le Fonds monétaire eût été, en quelque sorte, une banque d’émission dont la monnaie, le bancor, s’appuyait sur les réserves des pays qui en avaient le plus.

Le plan de Keynes fut mal accueilli par les Américains. Ils avaient, à la faveur de la guerre, drainé l’or du monde entier. Ils étaient et seraient longtemps les grands créditeurs. Ils ne voulaient pas financer automatiquement l’inflation des débiteurs.

Le plan White fut donc préféré et format les bases du système monétaire jusqu’en 1971.

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Quels dispositifs le plan White a-t-il institué ?

Chacun adoptait une parité fixe entre sa monnaie et le dollar, et s’interdisait  de dévaluer fortement sans l’accord du Fonds. Chacun s’engageait à maintenir sur le marché de son pays, à 1% près, le taux de change déposé au Fonds monétaire.

Si en Suède, par exemple, le prix du dollar montait trop, cela voulait dire que le cours de la couronne suédoise était trop bas. La Banque de Suède devait donc vendre des dollars et racheter des couronnes. Celles-ci raréfiées sur le marché reviendraient au taux normal mais le pays aurait perdu  une partie de ses réserves de devises. Si au contraire le cours du dollar baissait trop, cela voulait dire que la couronne suédoise était trop chère. La Banque de Suède devait, à ce moment, acheter des dollars en émettant des couronnes, rétablissant ainsi l’équilibre.

Chaque pays était donc obligé d’aligner sa monnaie sur le cours du dollar. Et les Etats-Unis ? Ils devaient, eux, aligner le dollar sur l’or. Ils n’avaient pas d’obligation vis-à-vis des autres monnaies mais ils devaient être vendeur  et acheteurs d’or au prix de 35 dollars l’once pour n’importe qu’elle quantité. Par ce biais, tout porteur d’une des monnaies du Fonds monétaire pouvait, en principe, en obtenir la contre-valeur en or à un cours prévu d’avance. Cela c’était l’idéal théorique…

Mais voilà, aucun contrôle n’avait été prévu sur la quantité de dollars américains émis. Les États-Unis avaient la possibilité de ne pas respecter leurs engagements envers les comptes extérieurs. Jusqu’en 1958, il y a famine de dollars. Puis la situation se retourne. Une inflation de dollars se produit notamment du fait des dépenses considérables de la guerre du Viêt-nam et de la course à l’espace. Les pays qui exportent le plus vers les États-Unis accumulent d’immenses réserves en dollars qui donnent lieu à autant d’émissions dans leur propre monnaie, alimentant une inflation de plus en plus inquiétante. Ces accords devenaient alors un frein au développement des Etats-Unis et risquaient de déstabiliser le monde.

Le 15 août 1971, les Etats-Unis commencent à se libérer du carcan des accords de Bretton-Woods en suspendant la convertibilité du dollar avec l’or. Le système des taux de change fixes s’écroule définitivement en mars 1973 avec l’adoption du régime de changes flottants et, le 8 janvier 1976, les accords de Kingston (Jamaïque) confirment officiellement l’abandon du rôle légal international de l’or. Il n’y aura alors plus de système monétaire international organisé jusqu’à nos jours.

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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