Nous l’attendions et nous y voilà. Le taux directeur de la FED est presque à 0%. Mais en quoi consiste ce taux et qu’elles seront les conséquences ? A quoi devons-nous nous attendre en Europe ?
S’il faut prendre une image, cela revient pour Ben Bernanke, le patron de la Réserve fédérale, à monter dans un hélicoptère et à jeter des sacs de billet par la portière, d’inonder le monde avec des liquidités pour faire redémarrer la machine. Il dit aux Américains : « dépensez votre argent parce que, placé, il ne vous rapportera rien. Empruntez parce que cela ne vous coûtera rien ».
Ce taux représente les intérêts que les banque américaines devront payer sur les emprunts à court terme qu’elles vont opérer sur le marché interbancaire afin de financer leurs besoins en liquidités. Descendre le taux à zéro rentre donc clairement dans la logique de relancer l’économie. L’argent est « moins cher » pour les banques et elles répercutent alors sur leurs propres clients cette tendance. Acheter le dernier écran plat, une voiture ou bien une maison coûte moins cher.
» Super ! Alors on va tous se remettre à consommer demain et le prix de ma maison va repartir à la hausse. « En fait ce n’est pas aussi simple et l’exemple récent du Japon nous montre que descendre le taux directeur en dessous d’un certain seuil ne relance pas l’économie mais la fait au contraire rentrer dans le système vicieux de la « trappe à liquidités« . En bref, les banques ne prêtent plus à des taux trop bas et préfèrent garder les liquidités acquises à bras prix. En effet, en dessous d’un certain seuil, les banques supposent que les taux ne peuvent que remonter et dans ce cas elles « revendront » plus cher cet argent qu’elles auront gardé. Conscient du problème, la FED a glissé une petite phrase a ce sujet dans son communiqué de presse en indiquant qu’elle « s’attend à ce que la faiblesse de l’économie actuelle l’oblige à laisser son taux à un niveau exceptionnellement bas pendant un certain temps ». Si les banques n’ont aucune visibilité sur une éventuelle remonté prochaine des taux, autant prêter l’argent aux clients et ne pas le garder.
Jean-Claude Trichet, de la Banque Centrale Européenne, partage quant à lui l’analyse du risque de trappe à liquidités et a déjà fait savoir qu’il souhaitait marquer une pause suite aux baisses de taux survenues les semaines précédentes. Il estime qu’il y a des limites. A l’heure actuelle, le taux de la BCE se situe à 2,5%, et étant donné que l’inflation chute rapidement, il est peu probable que l’on ait droit à une autre diminution du taux.