Cette semaine, l’or est dans le viseur de Moscou, de la fiscalité française et du recyclage. L’or n’est pas un signe extérieur de richesse mais une épargne en cas de coup dur et l’un des actifs d’investissement les plus efficaces à long terme. La Russie l’a bien compris…
Le cours de l’or faiblit “en l’absence de mauvaises nouvelles”
Le rebond de l’or notamment dû à la faiblesse du dollar ces dernières semaines a été stoppé dans son élan par le discours de Janet Yellen. Rassurés par les propos de la présidente de la FED, les investisseurs ont boudé le refuge et repris goût au risque.
Lundi dernier, Patrick Rejaunier, analyste marché, disait sur zonebourse qu’en l’absence de mauvaise nouvelle, “l’optimisme semble perdurer et la volatilité a totalement disparu”. A court terme, ajouterais-je… En l’absence de tensions géopolitiques du côté des géants économiques, l’or de bourse n’a pas confirmé la phase haussière amorcée en début de semaine.
Réforme fiscale et taxe sur les métaux précieux : qui est visé ?
“L’or est-il vraiment un signe ostentatoire de richesse ? Pour les élus de la majorité, la réponse est oui”. Pour ceux qui achètent de l’or physique dans une optique d’épargne de précaution à savoir les plus jeunes et les seniors, les plus vulnérables économiquement, la réponse est non. L’article du Figaro revient sur étude d’OpinionWay pour AuCoffre.com et précise que “80% des personnes qui possèdent de l’or l’ont obtenu sous le régime de l’anonymat par héritage familial et transmission de main à main. Les autres en ont fait l’acquisition. Dans une grande majorité des cas (73%), ils le conservent précieusement depuis plus de dix ans.”
Cette mesure qui touche les « petits porteurs » peut-elle favoriser l’évasion fiscale ? C’est notamment ce risque que j’évoque lors de mon intervention sur TV Finance, alors que l’Assemblée vient d’approuver la hausse de la fiscalité des métaux précieux visant à compenser le manque à gagner de la suppression de l’ISF.
L’or n’est pas un signe extérieur de richesse mais une épargne en cas de coup dur. On comprend que la réforme ait du mal à passer auprès des Français…
Sachant que l’or des Français pèse environ 3000 tonnes, soit 105 milliards d’euros, on peut également comprendre que Bercy s’intéresse d’aussi près à cette « manne dormante » mais ô combien sécurisante pour leurs possesseurs…
L’or dans l’oeil de Moscou
La Russie annonce le lancement de sa crypto-monnaie officielle, le CryptoRouble qui contrairement au bitcoin sera entièrement contrôlé par l’Etat et directement rattaché au rouble. Sur tous les fronts (monétaires), le pays n’en oublie pas pour autant les vertus fondamentales de l’or, loin s’en faut !
Ce qui se passe en ce moment du côté de l’ex-URSS mérite qu’on s’y attarde un peu. Avec 1700 tonnes d’or dans ses coffres, la Russie est devenue en l’espace de quelques années une force significative sur le marché mondial de l’or et la 6e plus grande réserve d’or au monde.
Une note de Tatiana Fic pour le World Gold Council indique que le pays est actuellement “le plus gros acheteur officiel d’or au monde et le 3e plus grand producteur”, qu’elle n’a pas encore atteint son potentiel sur les marchés d’investissement internationaux mais fait tout pour y remédier.
Au cours de la dernière décennie, la Banque centrale russe a ajouté plus de 1 250 tonnes à ses réserves d’or. Pourquoi ? Car comme le rappelle l’auteur rappelle, l’or est l’un des actifs d’investissement les plus efficaces à long terme, mais surtout “pour des raisons stratégiques et défensives”. C’est également pour ces raisons que la Russie met l’accent sur la production minière, avec ce projet d’exploitation d’or sino-russe.
Le recyclage pourrait rapporter gros
Au lieu de s’intéresser à l’or détenu par les Français, l’Etat pourrait peut-être se pencher un peu plus au-dessus… des égouts ! Comme en Suisse où il coule des rivières d’or, au sens propre…
Chaque année, on retrouve pour 2,6 millions d’euros de métaux précieux (or et argent) dans les eaux helvètes underground, soit environ 43 kilos d’or et 3000 kilos d’argent ! Un trésor provenant “des usines chimiques et pharmaceutiques pour l’argent et de l’industrie horlogère et des raffineries pour l’or” (France Info). C’est sûr, le métier orpailleur d’égout est promis à un bel avenir…