Sur LORetLARGENT.info, nous vous avions déjà parlé du phénomène de monnaie privée qui prend tout son sens et sa valeur quand on observe à la loupe l’état actuel des monnaies fiduciaires à travers le monde, le dollar en tête de liste. Au-delà du terme de monnaie privée, il a existé à travers les âges des monnaies parallèles aux monnaies fiduciaires sur lesquelles les citoyens n’hésitaient pas à s’appuyer en périodes troublées. Aujourd’hui, existent-ils encore des « monnaies de confiance » ? Et si c’était tout simplement l’or qui pouvait tenir ce rôle de garde-fou ? Parlons-en !
A l’époque de la Révolution Française
Faisons un peu d’histoire pour comprendre la naissance des monnaies « parallèles » pendant la Révolution française : en 1789, les caisses de l’Etat sont vidées. Et pour éviter une banqueroute, l’Assemblée Constituante met à disposition de la Nation les biens du Clergé. Pour se faire, elle prévoit la création d’assignats remboursables sur le produit de la vente des biens du clergé et garantis par les biens nationaux. Résultat : 47 milliards d’assignats ont été émis, provoquant la chute des intérêts à 0, donc une inflation, une augmentation du coût de la vie et la disparition du numéraire métallique. Des entreprises privées décident alors, afin de combler ce déficit, de faire circuler des monnaies parallèles qui n’ont pas cours légal dans le pays.
Ces monnaies ont ainsi circulé de 1791 à 1794. Des villes et des particuliers ont également émis des monnaies de confiance sous la forme de pièces métalliques ou de billets de valeur faciale généralement peu élevée, comme des pièces émises par la manufacture de porcelaine de la rue de Crussol à Paris, des billets de confiance de 3 livres de la Municipalité d’Angers, des bons de 20 sous de la Caisse Patriotique de Poitiers…
Etant donné que ces nouveaux moyens d’échange remplissaient les deux fonctions d’unité de compte et de moyens de paiements, ils possédaient tous les atouts monétaires de base.
L’une des monnaies de confiance les plus célèbres est certainement celle éditée par les frères Monneron, négociants parisiens. Ils feront fabriquer des pièces de 2 et 5 sols et bien que les frères aient fait faillite en 1792, leur monnaie continuera à circuler jusqu’ en 1794.
Le cas du goldhans, pièce d’or suisse
L’atelier suisse Faude & Huguenin, producteur des médailles des plus populaires compétitions sportives du monde, vient de créer 2 000 goldhans, des pièces d’or de 31,1 grammes, pures à 99,99 %, d’une valeur de 1 400 francs suisses (1 041,89 €) selon le cours de l’or. Cette pièce a été créée sur l’initiative d’un homme d’affaires suisse, spécialiste du marché de l’or. Son idée ? Peu importe ce qu’il adviendra des monnaies fiduciaires actuelles – euro, dollar et franc suisse en tête de liste –, l’or est pour lui LA valeur refuge par excellence. Il décide alors de donner naissance au goldhans. Actuellement, l’homme d’affaire est en pourparler avec de grandes banques pour y vendre ces goldhans. Et en doux rêveur, il pense même à faire de sa pièce d’or une monnaie officielle.
Il est si doux de rêver !
Le rêve n’est pour l’instant pas réalisable : la Banque nationale suisse interdit la circulation de tout nouvel argent. Et la pièce d’or de l’homme d’affaires suisse est pour le moment loin d’avoir pris la place du Vreneli. Au sens juridique du terme, cette pièce n’est pas une monnaie mais plutôt un lingot déguisé en monnaie avec un numéro de série.
Alors, pourquoi citer cet exemple ? L’intérêt d’une telle pièce est qu’elle montre la volonté de certains de créer de nouvelles monnaies : les monnaies officielles perdent de leur superbe, les particuliers quant à eux perdent la confiance qu’ils avaient face à leur fluctuation quasi quotidienne.
Alors, peut-être qu’un jour, la pièce d’or de l’homme d’affaires suisse pourrait faire partie de ces nouvelles monnaies de confiance qui viendraient clairement concurrencer les monnaies fiduciaires des états. Rêve ou réalité ?… A suivre !