Que l’issue de cette crise nous mène vers une (grande) dépression hyper inflationniste ou une (grande) dépression déflationniste, les conséquences sociales seraient, dans les deux cas de figure, catastrophiques. L’issue nous concernerait tous, et dépasserait le simple cadre de l’investissement ou de la protection de sa fortune. Le chaos qui pourrait en résulter rendrait la vie très difficile dans certains pays et grandes villes de notre continent (GEAB n°30 est beaucoup plus pessimiste pour les USA et l’Angleterre que pour l’Europe, où la situation devrait rester gérable, selon eux).
Le problème principal étant le manque de préparation des gens à cette crise, et l’individualisme propre à nos sociétés de consommation. Lorsque l’URSS s’est effondrée, les gens étaient, sur bien des points de vue, beaucoup mieux préparés. Le côté positif de la Grande Crise serait de retravailler en profondeur les valeurs de nos sociétés occidentales et de mettre un terme à la fabrication de produits conçus pour ne pas durer.
Une dépression économique (contraction cumulée du PIB de plus de 10%) serait bien plus dommageable pour les USA d’aujourd’hui qu’elle ne l’a été pour les USA de 1932. En 1932, les USA prêtaient de l’argent au reste du monde et leur monnaie était couverte avec de l’or. Aujourd’hui, les USA sont le pays le plus endetté au monde et leur monnaie n’est plus couverte par de l’or. La situation aux USA a davantage de chances de ressembler à celle de l’Argentine, du Mexique ou du Brésil au temps de leur crise monétaire, plutôt qu’à celle du Japon des années 90.
Dmitry Orlov a comparé l’URSS d’avant son effondrement avec les USA d’aujourd’hui. Les conséquences immédiates d’un effondrement des USA seraient :
- Dislocation sociale, explosion du chômage, perte de domicile, désespoir.
- Les autorités n’imposent plus le respect. Les forces de l’ordre sont débordées, remplacées par l’autodéfense locale et la sécurité privée.
- Des pénuries généralisées de nombreuses marchandises de base, particulièrement la nourriture, le carburant et la médecine.
- L’infrastructure se délabre, pannes des systèmes de transport.
- Hyperinflation (chute dramatique du pouvoir d’achat de la monnaie)
- Chaos et révoltes. Forte hausse de la criminalité.
- Effondrement des systèmes de pension par capitalisation.
https://www.orbite.info/traductions/dmitry_orlov/
Dmitry Orlov compare point à point les différences fondamentales qui existent entre l’URSS et les USA, dans un environnement post-effondrement. Lorsque l’URSS s’est effondrée, l’économie dans le reste du monde était en pleine croissance et le pays pouvait compter sur les revenus du pétrole. Aujourd’hui, un effondrement des USA contaminerait l’ensemble du globe et le pétrole américain n’est plus qu’un revenu dérisoire pour la nation. Je vous cite ici trois extraits de son exposé :
» Après l’URSS, presque tout le monde est parvenu à garder son logement, ancienne propriété de l’Etat, généralement construit pour être accessible en transport public. Aux USA, quand l’économie s’effondrera, très peu de gens continueront d’avoir un revenu, et la clochardisation va devenir endémique. Du fait de la nature dépendante de l’automobile pour accéder à la plupart des banlieues, ce que vous obtiendrez est une migration en masse des sans-logis vers les centres urbains. »
» Les biens de consommation soviétiques ont toujours été un objet de dérision (les réfrigérateurs qui chauffent la maison et la nourriture, et ainsi de suite). Vous aviez de la chance si vous en aviez seulement un, et c’était à vous de le faire fonctionner une fois que vous l’aviez chez vous. Mais une fois que vous l’aviez fait marcher, il devenait un inestimable héritage familial, passé de génération en génération, robuste et presque indéfiniment réparable.
Aux États-Unis, on entend souvent que quelque chose ne vaut pas d’être réparé. C’est assez pour faire voir rouge à un Russe. J’ai entendu dire une fois par un vieux Russe qui était furieux qu’une quincaillerie de Boston n’ait pu lui vendre des ressorts de literie de rechange : Les gens jettent d’excellents matelas, comment suis-je censé les réparer ?
L’effondrement économique tend à arrêter à la fois la production locale et les importations, et il est donc vitalement important que tout ce que vous possédez s’use lentement, et que vous puissiez le réparer vous-même s’il casse. Les trucs fabriqués par les Soviétiques étaient généralement incroyablement durs à l’usure, contrairement aux trucs fabriqués par les Chinois. »
» En terme de composition raciale et ethnique, les USA ne ressemblent pas du tout à la Russie. Aussi nous ne devrions pas nous attendre à ce qu’ils soient aussi paisibles que l’était la Russie, après l’effondrement. L’histoire montre que les sociétés ethniquement mélangées sont fragiles et ont tendance à exploser. »
Les différences de culture, le manque d’intégration, ainsi que la culture de la violence chez certains groupes de jeunes sont autant de bombes à retardement prêtes à exploser en cas d’effondrement de l’économie et de pénurie de produits de base. L’expression des tendances de notre jeunesse nous révèle les problèmes de notre société et même sa direction future. La jeunesse » peace & love » de mai 68, malgré ses apparences révolutionnaires, nous annonçait sans le savoir 30 années de paix sociale. La tendance actuelle à la violence (…) ainsi que le manque de respect à l’autorité, le matérialisme et la forte hausse de la délinquance juvénile sont autant d’indicateurs avancés de révoltes et d’instabilités sociales pour les années à venir. Ces problèmes ont toujours existés de façon plus ou moins marginale chez certains jeunes, mais lorsqu’ils deviennent tendance, le message est à prendre davantage au sérieux. Notre société est malade et la Grande Crise pourrait cristalliser tous les problèmes que nous avons accumulés durant un quart de siècle et que notre jeunesse exprime déjà depuis un certain nombre d’années.
Article écrit par Léonard Sartoni (extrait de son Suivi n°18 – en format PDF sur LORetLARGENT.info)
Léonard Sartoni est l’auteur du livre « référence » : 2008-2015 : pourquoi l’or va battre la performance des actions et des obligations et comment vous pouvez en profiter
Ce premier guide en langue française sur le marché de l’or ne pouvait être écrit que par un investisseur à temps plein sur ce marché. Léonard Sartoni vit en Suisse de ses investissements dans ce domaine. La richesse de son expérience et de ses connaissances difficilement condensée dans ces 200 pages vous éclairera sur un univers méconnu autant qu’attractif sur un plan financier. » le dernier grand marché haussier de l’or remonte aux années 70. Depuis, aux yeux du grand public, ce métal précieux est tombé aux oubliettes. Il est temps de le redécouvrir car une nouvelle heure de gloire est » dans les tuyaux » ! «