Publicité

En prenant exemple sur Elon Musk, Mark Zuckerberg ou encore Richard Branson, l’un des nombreux blogs satellites du célèbre journal économique a décidé d’expliquer pourquoi eux sont riches et pas les autres.

Ce qu’il y a de bien dans la condescendance c’est qu’elle permet de tout oser. La Dow Jones & Company, Inc., société éditrice du Wall Street Journal l’a bien compris et, certainement peinée de voir l’écart se creuser entre les plus riches et les autres, la vénérable entreprise de 136 ans a décidé d’expliquer à ses lecteurs ce qu’il fallait faire pour ne plus végéter dans le bas du tableau.

Une journaliste experte en finances… ou pas

Pour l’occasion, c’est la charmante Catey Hill qui s’y colle, une journaliste habituée aux plateaux de télé comme aux magazines féminins grand public, mais qui intervient régulièrement dans les colonnes du Wall Street Journal pour donner justement cette petite touche d’humanité un peu niaise censée rendre l’économie mondiale un peu moins aride et éloignée des préoccupations du vulgum pecus.

Passons brièvement sur son œuvre littéraire qui a offert au monde l’indispensable « Modern Girl’s Guide to Spending Less and Saving More » (publié aux éditions Sterling en 2010) ainsi que le non moins essentiel « 30-Minute Money Plan for Moms » qui vient juste de sortir chez Hachette. On voit donc qu’on a affaire à une véritable experte de la finance. Et nous en avons confirmation dès les premiers mots de son article puisqu’elle nous révèle tout de go et sans trembler : « Les riches sont vraiment différents. »

Ça s’annonce bien. Asseyons-nous donc confortablement et ouvrons grand nos yeux car nous allons indubitablement apprendre des secrets insoupçonnés.

Publicité

Lire rend plus riche… ou pas

Après avoir rappelé succinctement que les riches devenaient chaque jour un peu plus riches, notre journaliste de choc nous annonce qu’elle va révéler quatre « choses » que les riches font et pas nous. Sous-entendu, des choses qu’ils font POUR ÊTRE riches, car des choses qu’ils font PARCE QU’ils sont riches, on suppose qu’il y en a bien plus de quatre, et on peut aisément se passer d’explication pour comprendre qu’ils vont prendre leur jet privé plutôt que le métro pour aller au bureau.

Première révélation : les riches lisent beaucoup pour apprendre toujours davantage. Neuf super-riches sur dix disent en effet passer au moins une demi-heure par jour à lire pour se former et s’informer. C’est Thomas C. Corley qui l’explique, après avoir passé cinq ans de sa vie à étudier l’étrange faune des individus qui gagnent plus de 160 000 dollars par an et qui détiennent au moins 3,2 millions de dollars sur leur compte en banque. Bill Gates, l’emblématique fondateur de Microsoft, serait ainsi un parfait exemple de cette tendance à l’auto-formation permanente des plus riches ; il lirait en effet un livre par semaine car, pour lui, « lire est encore le meilleur moyen d’apprendre de nouvelles choses et de combler ses lacunes« . Remercions donc Catey Hill pour avoir su trouver en Bill Gates l’argument d’autorité ultime afin de nous convaincre de l’utilité première d’un livre.

Être riche, c’est d’abord du sport… ou pas

Deuxième révélation : les riches font du sport. Alors, soit, j’en entends déjà certains grommeler que ces gens peuvent se le permettre, non seulement parce qu’ils n’ont pas forcément les mêmes contraintes horaires que le commun des mortels, mais aussi parce qu’ils ont les moyens de se payer les meilleurs coaches ainsi que les meilleurs équipements sur le marché. Balayons cet argument fallacieux d’un revers de main et contentons-nous, comme notre journaliste du Wall Steet Journal, de rappeler que 76% des personnes riches font de l’exercice tous les jours. Voilà pour ceux qui auraient pu croire que la fortune incitait à l’oisiveté !

Ainsi Richard Branson, le célèbre entrepreneur britannique, explique : « Je doute sérieusement que j’aurais pu avoir autant de succès dans ma vie professionnelle comme personnelle si je n’avais pas accordé autant d’importance à ma forme physique. Je commence chaque journée par un peu de sport, que ce soit du tennis, du vélo ou encore du kite surf autour de l’île Necker. L’exercice me donne un moral de battant lorsque je me mets ensuite au travail. »

Et pour bien marquer le contraste avec les individus de la classe moyenne qui gagnent seulement entre 36 000 et 90 000 dollars par an, Catey Hill nous indique qu’ils se contentent, quant à eux, d’à peine 30 minute de sport 3 fois par semaine. Pas étonnant donc qu’ils ne deviennent pas riches !

Le travail acharné rend riche… ou pas

Troisième révélation : les riches travaillent beaucoup ! Une autre pierre dans le jardin de ceux qui pensent que les richent ne lèvent plus le petit doigt. Par exemple, Elon Musk, l’emblématique chef d’entreprise qui envoie des voitures dans l’espace, dit travailler au moins 100 heures par semaine. Mieux encore, le travail serait un plaisir. Il explique ainsi à un fan qui lui demandait ce qu’il faisait pour se détendre : « Je regarde des films, je vais voir des amis, je vais me promener avec les enfants, je raconte des c**ries sur Twitter, des trucs normaux en fait. Mais généralement, pour me détendre, je travaille encore davantage. » Bref, pour réussir, il n’y a pas de secret, il faut aimer travailler. D’ailleurs, la PDG de PepsiCo, Indra Nooyi, affirme elle aussi travailler jusqu’à 20 heures par jour.

Là encore, Catey Hill fait le parallèle avec l’individu moyen qui travaille moins de 40 heures par semaine et cite le psychologue Daniel Kahneman selon qui « être riche signifie généralement que les gens concernés passent moins de temps à faire des choses agréables et plus de temps à faire des choses obligatoires« . Rappelons-nous en quand nous aurons l’impression de passer tout notre temps à travailler et de n’avoir aucun moment de détente : en réalité, c’est sans doute parce qu’on a encore bien trop de loisirs pour espérer être riches un jour.

La compétition de haut niveau nous apprend à être riche… ou pas

Enfin, dernière information essentielle, l’écrasante majorité des riches sont ou ont été des sportifs de niveau au moins universitaire. Et c’est d’autant plus vrai pour les femmes selon une étude du très sérieux institut Ernst & Young. Attention, on ne parle pas ici de faire du sport quotidiennement comme révélé plus haut, non, on parle de gens qui ont développé un esprit de compétition et de dépassement de soi que seul le sport de haut niveau pouvait leur conférer. Un lien fort confirmé par une étude publié dans le Journal of Leadership & Organizational Studies et reprise dans le magazine Fortune.

Au final, pour être riche il faut lire, faire du sport et aimer travailler. Ouf ! On a craint un instant avoir de vrais conseils, alors qu’il suffisait de nous montrer ce que font les riches maintenant qu’ils sont riches pour nous convaincre que c’est ce qu’il fallait faire pour le devenir.

Quant à ceux qui auraient l’impression de faire déjà tout ce qui est « révélé » par le Wall Street Journal, sans pour autant apercevoir ne serait-ce que l’espoir d’une fortune à venir, ils ne lisent sans doute pas les bons livres ni ne font les bons exercices…

Article précédentRevue du web du 16 février : nouvel an chinois, Russie, Inde, médailles JO
Article suivantRevue du web du 23 février : sécurité de l’or, mines, et régulation du bitcoin
Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Veuillez entrer votre commentaire !
Veuillez entrer votre nom ici