Même si elle pourrait être taxée de caricaturale, l’émission Envoyé Spécial d’hier soir sur France 2 est l’occasion pour nous de parler de cette nouvelle tendance qui préfigure peut-être notre mode de vie dans dix ans : La décroissance. Modestes ou aisées, de plus en plus de familles françaises ont décidé de consommer moins, pour polluer moins. L’un n’a plus de voiture, il a résilié son abonnement de portable et désormais, il récupère tout ce qu’il peut dans les vide-greniers. Tel autre (chef d’entreprise) parisien de 32 ans ne cherche pas à faire des économies mais tout simplement à sauver la planète. Une autre compte installer bientôt des WC où l´eau est remplacée par de la sciure de bois. Mais vit-on bien en n´achetant qu’un T-shirt tous les 6 mois et en se déplaçant à vélo ? Qu’en pensent les enfants qui ne reçoivent à Noël que des jouets d´occasion ? Plongée dans le monde des « décroissants » :
(LU SUR LECOURRIER.CH) Lenteur, convivialité, mais surtout «frugalité». Entendez par là: consommer avec modération, voire sobriété, et employer le temps que l’on soustrait à la satisfaction de nos besoins marchands, à d’autres activités: les longs repas avec des amis, les promenades, le jardinage. Le maître-mot est la «décroissance», un mouvement qui va à rebours de l’économie traditionnelle. Son but est de passer à une société où les hommes et les femmes préservent les ressources qu’offre la Terre. Car au rythme actuel, celles-ci seront épuisées dans moins de cinquante ans.
Les adeptes de ce credo, qui ont tenu congrès à Lyon en septembre dernier2, s’en prennent à la conviction dominante que «plus égale mieux». Sur ce concept, les pays riches ont résolument établi le cap de leurs politiques économiques. Et en économie, cette croyance se traduit par la hausse de la production de biens et de services. Mais, pour les «décroissants», le corollaire en est, inévitablement, l’épuisement programmé des ressources naturelles de la planète. «Il reste, au rythme de consommation actuel, 41 années de réserves de pétrole, 70 années de gaz, 55 années d’uranium», rappelle Bruno Clémentin, président de l’Institut d’études économiques et sociales pour la décroissance soutenable (IEESDS), cité par la revue Imagine 42.
(LU SUR WEB-LIBRE.ORG) pour les « décroissant », la consommation n’a plus de prise sur eux, ils la maîtrisent et apprennent à leurs enfants à éviter les pièges de la publicité. Dans cette famille de consommateurs exigeants, on trouve également des « consom’acteurs », recherchant avant tout des produits de commerce équitable, par exemple. Les études américaines ont également déterminé d’autres nouveaux acteurs de la consommation, les « slow food » et les « slow life », mouvements nés en Italie qui vantent les vertus d’une vie plus lente et du retour à la convivialité, pour lutter contre les agendas surchargés et les fast-foods. On compte également parmi les rangs de ces contestataires de la consommation à tout prix, des « downshifters », autrement dit des désengagés, qui souhaitent ralentir dans tous les domaines, mais surtout celui du travail. Ils sont rejoints par les soho-solos qui travaillent à leur compte souvent à leur domicile et à leur rythme.
(LU SUR DECROISSANCE.ORG) Nous savons qu’il n’existe pas de développement et de croissance sans fin. Au contraire, nous pensons que notre humanité n’émerge que lorsque nous sommes capables de nous fixer des limites. Mais il ne suffit pas d’être contre la croissance économique et les sociétés développementistes, nous devons dire à partir de quels points de vue, en nous fondant sur quelles valeurs nous voulons construire un autre type de société. La question n’est pas seulement d’être pour la décroissance, mais de savoir quel contenu nous voulons lui donner, car, s’il existe une théorie critique de la croissance, il n’existe pas de théorie toute faite de la décroissance. Ce mot d’ordre est un mot-obus pour pulvériser la pensée économiste dominante, qui ne se limite pas au néo-libéralisme. Le succès rapide du mot d’ordre de la décroissance est dû à la coexistence de quatre crises majeures du système : une crise environnementale (dérèglement du climat), une crise sociale (montée des inégalités), une crise politique (désaffection et dérive de la démocratie), une crise de la personne humaine (perte de sens). Le système développementiste écrase l’homme comme il écrase les liens sociaux et détruit la nature. Le mot d’ordre de la décroissance est donc une tentative pour amorcer une sortie à cette quadruple crise. Le terme a des inconvénients : il est négatif, il flirte même parfois avec des figures douteuses : celle de «la terre ne ment pas» du maréchal Pétain ou les déclarations du baron Seillière : «Il faut siffler la fin de la récréation». Nous sommes donc sur une ligne de crête. Mais la décroissance a un avantage considérable sur ses concurrents : il est très difficilement récupérable. Il attaque frontalement le capitalisme et la société de consommation dans leur idéologie mais aussi dans leur imaginaire sans se limiter à leurs conséquences.