Tandis que l’on se demande qui profitera du prochain Fonds européen de stabilisation financière et que l’on commence même à parler de l’abandon de la monnaie unique, l’Estonie sera le 17ème pays de l’UE à adopter l’euro à compter du 1er janvier 2011. Et probablement le dernier avant quelques années : en effet, les grands pays de l’ancien bloc communiste de l’est considèrent que leurs systèmes économiques sont davantage en sécurité loin de la zone euro, et on ne peut pas leur en vouloir…Les Estoniens ont-ils misé sur le bon cheval en ouvrant grand les bras à une monnaie qui n’est pas franchement en odeur de sainteté en ce moment ? LORetLARGENT.info fait le point.
L’avis du gouvernement estonien…
Le Premier ministre estonien, Andrus Ansip, souligne que « l’euro va clairement soutenir nos échanges commerciaux avec les autres pays européens, qui représentent 70 % de nos exportations » et rassure ces concitoyens en promettant une économie plus stable et attractive. Ceux-ci n’auront plus besoin de changer leur monnaie lors de leur voyage au sein de l’Europe. Le Premier ministre voit même dans cette intégration à l’euro « la réussite la plus remarquable » de son gouvernement et ajoute que « l’euro sera également bénéfique pour les Estoniens, car 90 % des crédits dans notre pays ont été consentis en euros ». De plus, le gouvernement estonien compte bien sur la monnaie unique afin d’attirer les investisseurs et booster les échanges dont plus de 60% sont réalisés en zone euro.
…et celui d’une majorité de l’opinion publique !
L’opinion publique reste cependant partagée : Anti Poolamets, chef de file des opposants à l’euro, déclare que « on rejoint (la zone euro) au pire moment possible et on ne peut pas être certain que la zone euro va continuer sous sa forme actuelle ». Maris Lauri, économiste en chef de la Swedbank, explique que «les habitants sont surtout inquiets de voir les prix s’envoler ». Ces opposants à l‘euro restent également pour certains d’entre eux nostalgiques de la couronne nationale, véritable symbole de leur indépendance face au rouble soviétique qui a été remplacé en 1992. Un sondage récemment publié précise même que 53% des Estoniens sont contre l’adoption de la monnaie unique.
Andres Arrak, économiste, déclare à Libération que « l’Estonie a été conviée à une fête nuptiale et aujourd’hui, nous nous retrouvons à marcher dans une procession funéraire. La première chose que les Estoniens vont devoir faire est de verser de l’argent dans les réserves pour maintenir la Grèce en vie au lieu de résoudre nos propres problèmes».
Quelques pays de l’ancien bloc soviétique ne sont pas encore convaincus
Quelques anciens états du bloc soviétique ne sont également pas spécialement convaincus par l’adoption de l’euro, notamment la Pologne et la République tchèque. Ces pays attendent plutôt de voir comment va se sortir l’euro de cette crise qui semble ne jamais finir, ils appréhendent également de perdre en souplesse en abandonnant la possibilité de jouer sur les taux de change. Et ce ne sont pas les récents problèmes rencontrés en Irlande, au Portugal et en Grèce qui vont leur remettre du baume au cœur : être membre de la zone euro ne garantit pas forcément des taux d’intérêt bas.
Petr Necas, Premier ministre tchèque, a récemment déclaré que « l’entrée dans la zone euro ne bénéficierait pas à son pays avant longtemps », et que « les Tchèques ont toujours été très prudents et les Polonais le deviennent ». Grand bien leur fasse !
Bref, nous ne diabolisons pas la décision du gouvernement estonien quant à l’adoption de l’euro, disons que nous sommes plutôt pour le moment sceptiques. Comme nous vous le disions récemment, les prévisions pour 2011 ne sont pas réjouissantes en ce qui concerne la zone euro. Entre Moody’s qui ne fait pas de cadeau à certains pays et les partisans des monnaies nationales qui se font de plus en plus entendre, l’euro risque encore d’être fortement secoué en 2011. Si on ne peut plus faire confiance en une monnaie, vers qui se tourner ?
Des valeurs refuges existent pourtant pour vous constituer un patrimoine de secours et vous mettre à l’abri des tempêtes économiques : propriétés financières, placements financiers, mais surtout l’or, dont le cours n’a pas baissé depuis 10 ans et qui reste un des actifs préférés des investisseurs mais aussi des particuliers.