Cette mine d’or, située au sud-est du Mali, domine au loin, menaçante, le village de Sadiola, un village fantôme comme dans les westerns : quelques bars où les prostituées attendent le client, des étales misérables où l’on vend encore des tamis pour l’orpaillage traditionnel, dérisoire à côté de l’immense mine et de ses moyens gigantesques.
Nous sommes à soixante kilomètres de la ville de Kayes, région la plus pauvre du Mali, celle d’où part la majorité des candidats à l’immigration.
Seydou a travaillé trois mois dans la mine avant d’être renvoyé sans aucun motif : « Je faisais 12 heures, on ne me payait pas mes primes de risque. C’était très dur, on est sous le soleil, des problèmes d’eau, la sécurité. Vous faites une semaine et après on te licencie. »
Ouverte en 1996, la mine d’or ne rapporte quasiment rien aux habitants de Sadiola. Pire, la rumeur enfle concernant une possible pollution des rivières locales au cyanure, utilisé pour l’exploitation du minerai précieux.
Souleymane Dembele, directeur de l’ONG Guamina : « Comme vous le savez, Sadiola est une exploitation à ciel ouvert et le traitement de l’or se fait avec des produits très nocifs tel que le cyanure et Dieu seul sait les dispositions techniques qui sont prises pour le traitement de ces déchets toxiques. Donc c’est là où le bat blesse. »
A la Semos, la société d’exploitation détenue par des multinationales canadiennes et sud-africaines, on dément bien sûr toutes ces rumeurs. Pourtant, la mine d’or est une forteresse bien gardée jour et nuit par ces patrouilles en 4X4. Il est quasiment impossible de pénétrer à l’intérieur de la mine. A Sadiola, l’autorisation de visiter le site n’arrive jamais.
Plusieurs tonnes d’or sont extraites chaque mois à Sadiola, aussitôt acheminées au Ghana ou en Afrique du Sud par avion depuis cette piste. Des mines comme celle-ci, il en existe beaucoup d’autres au Mali, la plupart sont aux mains de sociétés étrangères. Paradoxalement, le Mali reste parmi les derniers pays au monde en termes de développement humain.
Reportage de François-Xavier Freland pour France24