On parle souvent sur Loretlargent.info de pays comme la Chine et l’Inde, qui marquent un appétit très fort pour l’or. Aux frontières de l’Europe, c’est aussi le cas de la Turquie : l’économie du pays repose en partie sur le métal précieux. Et l’or fait véritablement partie du quotidien des particuliers.
Avec des réserves estimées à plus de 800 tonnes, une production en hausse constante et une tendance marquée des particuliers à compter sur l’or en cas de crise, la Turquie vivrait-elle une ruée vers l’or ? Voici quelques éléments de réponses.
Le pays est traditionnellement demandeur en or
Véritable plaque tournante économique pendant des siècles – alors que les métaux précieux servaient de référence économique -, la Turquie a gardé un appétit pour l’or. La tradition veut d’ailleurs que les Turcs offrent des pièces d’or ou des bijoux en or pour les grands événements : mariages, naissances…
Selon le World Gold Council, la demande moyenne annuelle sur les dix dernières années est de 180 tonnes d’or. Soit le quatrième marché mondial. L’or destiné aux bijoux y figure en bonne place, mais également l’or sous forme de pièces.
Mieux encore, le pays encourage ses citoyens à garder de l’or chez eux. C’est même une assurance contre les crises, les coups durs ou même la dévaluation monétaire : il se garde « sous l’oreiller » en prévision des jours difficiles, même à l’heure des assurances-vie et autres plans d’épargne », relève un article de l’AFP sur Liberation.fr le 13 février 2015. Et c’est le cas depuis des générations !
Cet or gardé sous le matelas serait estimé, d’après le World Gold Council, à 3 500 tonnes. A titre de comparaison, la banque centrale américaine garde un peu plus de 8 100 tonnes d’or à Fort Knox, et l’Allemagne dispose de 3 400 tonnes d’or dans ses réserves. Et la réserve de la banque centrale de Turquie est de 440 tonnes…
L’or est aussi une unité de valeur de référence, qui tisse un lien à la fois traditionnel et commercial. Le Grand Bazar, cœur du marché turc de l’or et des bijoux, s’en sert comme base pour ses loyers par exemple.
Les Turcs intègrent l’or dans leurs paiements au quotidien
A l’image du Grand Bazar, l’or a gardé une place dans les échanges économiques… auprès des particuliers. Depuis 2007, une banque turque propose par exemple de retirer de l’or directement dans un distributeur. Elle dispose aujourd’hui de 200 000 comptes où les particuliers peuvent stocker leur or, et le retirer quand bon leur semble. Elle a aussi « lancé une gamme de produits qui permettent d’en acheter ou d’en vendre en payant par chèque, virement ou téléphone portable », relève l’AFP. Des pièces d’or de 1 ou de 1,5 gramme peuvent être retirées auprès de son réseau.
Selon le World Gold Council, en proposant ces solutions les banques ont contribué à replacer 40 tonnes d’or dans le circuit financier du pays, sur un total de 250 tonnes.
Le pays produit de l’or : peu, mais de plus en plus !
Sept mines d’or sont exploitées actuellement en Turquie. Depuis 2001, la production d’or n’a cessé d’augmenter. Selon le World Gold Council, elle est passée de 2 tonnes extraites en 2001… à 33,5 tonnes en 2013. Depuis sa première mine d’or « moderne » ouverte en 1997, la Turquie a cherché à développer cette activité. La politique économique y joue un rôle : en 2004 par exemple, des lois relatives à l’exploitation minière ont été votées, plus favorables.
Peu importante par rapport à la production d’autres géants du marché – la Chine a sorti de terre plus de 430 tonnes d’or en 2014, et 400 en 2013 -, la production turque prend donc de plus en plus de place. Et a encore de l’avenir : les réserves en sous-sol sont estimées à 6 500 tonnes.
Le marché de l’or donne un élan à l’économie du pays
L’industrie minière se porte très bien, la demande en or des particuliers est forte : ces deux aspects contribuent à donner au métal précieux une place de plus en plus importante dans l’économie du pays. Selon le rapport publié en janvier 2015 par le World Gold Council, la production, la consommation et le recyclage ont généré un chiffre d’affaires équivalent à 3,8 milliards de dollars en 2012. Cela représente 4,6 % du PIB (produit intérieur brut) du pays, et également 250 000 emplois autour de 5 000 fabricants et 35 000 lieux de vente.
Avec une économie et un circuit financier qui intègrent le métal précieux, la Turquie montre bien le rôle que peut jouer l’or. En fait de ruée vers l’or, on pourrait plutôt parler de confiance renouvelée !