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Les banques centrales n’ont jamais acheté autant d’or. Un mouvement entamé en 2018 qui devrait se poursuivre en 2019. Pour certains experts, c’est la politique étrangère de Donald Trump et sa stratégie commerciale « America First » qui sont à l’origine de cette ruée vers l’or de certains pays.

Une des particularités de l’investissement en 2018, c’est un cours de l’or au plus bas jusqu’en septembre et une remontée spectaculaire en fin d’année. L’or a été en « phase » avec son comportement face au marché des actions. Les indices boursiers ont atteint des sommets, l’or des planchers et inversement. Ainsi quand le Dow Jones a connu son pire mois de décembre en 2018, le cours de l’or était en train d’entamer la plus belle des remontées.

Autre grande information de l’année 2018, les investisseurs, et on l’a souvent écrit ici, semblaient se désintéresser totalement de l’or et notamment des ETF. La confiance dans la bourse et sa capacité à « grimper » était au plus haut.

L’or refuge en cas de crise

C’est là que le comportement de Donald Trump intervient pour la première fois dans cette situation. Le Président Américain considère que les indices boursiers sont des indices de performance de l’économie. Pour paraphraser un adage français sur le bâtiment, pour Donald Trump, si la bourse va, tout va ! Donc le patron de la première puissance économique distille des annonces et des lois qui vont dans le sens du développement immédiat des entreprises. Une vision particulièrement « court-termiste » lui reprochent ses détracteurs. Mais le résultat est là, la bourse salue et les indices s’envolent.

Et pourtant, plusieurs économistes tirent la sonnette d’alarme depuis plusieurs mois. Il n’y a jamais eu autant de liquidités depuis que les banques centrales ont fait tourner la planche à billets après la crise de 2008. Et c’est écrit dans les cours d’économie au lycée, la création de monnaie provoque de l’inflation. On a tous constaté que ce n’est pas le cas. Ce trop plein de liquidités a été placé dans les pays en voie de développement mais aussi dans de la dette privée (les prêts étudiants aux Etats-Unis par exemple) avec la création de plusieurs bulles prêtes à exploser.

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Le risque existe !

 On sait aussi que certains préfèrent placer sans rémunération voire à taux négatifs dans de la dette d’Etat plutôt que d’injecter cet argent dans l’économie réelle. C’est le spectre de 2008 qui est très présent dans les esprits. Il y aura une crise nous avait dit Dany Lang, professeur d’économie, spécialiste de la dette privée, lors de la journée Aucoffre.com. Et le déclencheur sera sans doute une remontée des taux qui produira un effet similaire à la crise des Subprimes quand le coût du crédit sera insupportable pour les emprunteurs américains notamment parce que la croissance n’est pas en phase avec l’augmentation des taux.

C’est la raison de l’interventionnisme fort de Donald Trump à l’encontre du responsable de la Réserve Fédérale. Le message est clair : on ne touche pas aux taux d’intérêts. Pour l’instant, Jerome Powell, le Président de la FED, nommé en 2017, a annoncé qu’il ne toucherait pas aux taux directeurs en 2019.

Donald Trump regarde Jerome Powell qu’il vient de nommer à la présidence de la Réserve Fédérale. 2 novembre 2017. REUTERS/Carlos Barria

Les méthodes du négociateur en chef inquiètent

Si la bourse aime Donald Trump, elle craint aussi ses méthodes de négociation. La crainte d’un conflit commercial entre la Chine et les Etats-Unis est à l’origine de la forte baisse de la bourse de New-York l’hiver dernier. Et si le Dow Jones et le Nasdaq ont repris leur marche en avant, à chaque Tweet rageur contre la Chine ou de coup de pression sur une entreprise chinoise (style Huawey), les investisseurs frémissent.

Le stock d’or, la protection anti-Trump ?

Si la bourse américaine aime son Président, si les Américains ont voté pour le programme « America First », certains pays et pas des moindres sont beaucoup moins amateurs de cette diplomatie du dieu Dollar. Le principe pour la Russie, la Chine mais aussi la Turquie ou bien la Malaisie entre autres, c’est qu’il faut réduire la dépendance au Dollar mais aussi à la dette américaine. Pour soutenir leur monnaie en particulier ou leur économie en général, ces nations se sont donc tournées vers l’or. Les banquiers centraux sont revenus sur les fondamentaux culturels de cet actif tangible : l’or est la valeur refuge en cas de grave crise.

Des stocks d’or en forte augmentation

Alors pendant l’été 2018, alors que les investisseurs se désintéressaient totalement de l’or, des banques centrales faisaient leur marché, à très bas coût. (Sans mauvais jeu de mots sur la capitale de l’Azerbaïdjan gros acheteur d’or aussi). Le World Gold Council a ainsi totalisé plus de 651 tonnes d’or achetées pour les réserves nationales en 2018. C’est 74% de plus qu’en 2017.

Le cas le plus spécifique est sans doute celui de la Turquie. Donald Trump ayant décidé d’attaquer fortement la Livre Turque pour « punir » (ou dévaster économiquement) le pays dirigé par Erdogan pour des raisons stratégiques.

Etats-Unis : l’arme économique au cœur de la diplomatie

Mais il est aussi un exemple pour les autres de la psychologie du Président américain qui n’hésitera pas à utiliser l’arme économique pour obtenir ce qu’il veut notamment au bénéfice de son économie intérieure. C’est une rupture avec la tradition diplomatique américaine : le gendarme du monde.

On peut d’ailleurs se demander si les Chinois ne craignent pas plus des droits de douanes renforcés qui affaibliraient la croissance de l’Empire du Milieu plutôt que la flotte américaine qui croise en Mer de Chine.

Dans le doute, Donald Trump pousse les deux curseurs pour sa négociation commerciale.

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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