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Comment arriver à protéger son épargne et son patrimoine dans un monde instable et une finance souvent imprévisible ? La succession de crises depuis le début du XXe siècle a mis à mal les assurances sur les placements de temps long. Didier Darcet, expert en gestion d’actifs et cofondateur de Gavekal Intelligence Software, a développé la notion de portefeuille « robuste », qui résiste aux aléas. En ce moment, l’or y est en bonne place. Retour sur son entretien lors de la Rencontre annuelle AuCOFFRE.

Portefeuille robuste : trouver des invariants dans un milieu instable

C’est toute la difficulté de la vision de long terme dans la finance. Il n’y a pas grand-chose de sûr. Les 4 dernières années nous ont montré que tout peut arriver : une pandémie mondiale avec l’arrêt total de l’économie planétaire, le retour de l’inflation et la hausse des taux d’intérêt, des guerres non loin de nos frontières.

Des placements réputés sûrs… qui flanchent

Mais surtout, comme le rappelle Didier Darcet, « des produits réputés sans risque comme les obligations d’État ont perdu de la valeur (jusqu’à 25 %), personne n’aurait pu le prévoir ». D’ailleurs, des banques ont été victimes de cette dégradation de certains bons du Trésor avec des faillites à la clé. (On parle de la SVB, lire notre article).

Les monnaies qui fluctuent fortement

Depuis la fin des accords de Bretton Woods, il n’existe plus de monnaie stable. Depuis que le prix de l’or n’est plus lié au dollar (à 35 dollars l’once), toutes les monnaies peuvent prendre et surtout perdre de la valeur au gré des politiques monétaires des pays. « Donc tout bouge explique Didier Darcet. Il faut chercher et trouver l’invariant, celui qui sera la référence du portefeuille robuste. »

L’invariance : le maintien du pouvoir d’achat au-dessus de l’inflation

Le maintien du pouvoir d’achat, c’est la notion retenue par Didier Darcet : le portefeuille robuste doit répondre à cette exigence, quels que soient les événements extérieurs ! Selon lui, la seule règle à garder en tête, sans aucune connaissance en finance, en économie, en géopolitique, c’est de conserver son pouvoir d’achat au fil des ans avec une progression juste au-dessus de l’inflation. Une théorie inspirée de celle d’Harry Browne, analyste financier, essayiste (candidat à la présidence des Etats-Unis en 1996 pour le parti Libertarien). Browne développe ce concept d’investissement dans un ouvrage « Fail-Safe Investing » : il y parle de portefeuille permanent. Il faut se souvenir qu’aux États-Unis, il n’y pas d’assurance retraite. Il est donc important de se constituer un patrimoine qui résiste au temps.

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Comment est composé le portefeuille robuste ?

Ce panier de valeurs n’a pas pour objectif d’être « performant » mais bien de répondre à une seule obligation : maintenir un pouvoir d’achat quoi qu’il arrive. Comme le rappelle Didier Darcet, « pendant de nombreuses années, d’autres placements avaient de meilleurs rendements. Mais le portefeuille Browne confirme son objectif depuis plus de 50 ans, être juste au-dessus de l’inflation. C’est le cas avec un rendement de 4,3 % annuel depuis la fin de Bretton Woods ».

25 % d’or dans le portefeuille Browne

C’est la grande surprise de cette composition de patrimoine. Il n’y a que 4 classes d’actifs avec une répartition équitable : 25 % chacun. Dans le portefeuille Browne, on trouve :

  • Des actions ;
  • Des obligations longues d’État ;
  • Des titres courts d’État ou du cash ;
  • De l’or.

Pour Didier Darcet, la grande surprise à la lecture de l’ouvrage de Browne « ce sont les 25 % d’or nécessaires pour assurer la stabilité de l’investissement. À l’époque, personne ne parlait d’or. L’inflation, à la fin de années 1980 ne cesse de baisser, l’or n’est donc pas un besoin. Il était possible de faire mieux avec d’autres produits pendant des années ». Et de conclure : « c’est le portefeuille le plus stable depuis plusieurs années en actifs liquides. La seule limite se situe en cas de guerre sur son propre sol puisqu’à part l’or, tous les actifs vont au tapis ».

30 % d’or dans le portefeuille robuste en 2024

Le portefeuille robuste n’est pas une copie conforme du portefeuille permanent de Browne, c’est une base. Didier Darcet, lui, intègre dans cette gestion de patrimoine un certain nombre d’observations des cycles économiques. « Par exemple, on peut se dire que les taux d’intérêt sont trop bas. Dans ce cas-là, il vaut mieux avoir de l’or que des obligations explique-t-il. On n’est pas obligé de rester dans la règle du quart (les 25 %), aujourd’hui nous sommes à 30 % d’or. »

Pourquoi augmenter la part de l’or dans le portefeuille robuste en ce moment ?

Il faut observer le parcours des obligations qui sont concurrentes de l’or. Si les taux courts des obligations (1 ou 2 mois) sont élevés, et qu’ils sont en-dessous des taux à dix ans, alors les obligations sont attractives. L’or l’est moins.
« En ce moment, les taux ne sont pas assez élevés, selon Didier Darcet, et les taux longs sont en-dessous des taux courts… Donc la dette n’est pas assez bien rémunérée. L’épargnant se tourne alors vers l’or. C’est comme ça que j’explique le rallye sur l’or. La seule situation qui provoquera une limitation de la hausse du prix de l’or, c’est une remontée des taux ! »

Voir l’interview de Didier Darcet sur le portefeuille robuste

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Benjamin Rosoor
Je suis entrepreneur sur le web depuis 1999. Diplômé de l'école de journalisme de Bordeaux, j'ai tout d'abord été journaliste-reporter radio pendant 10 ans. J'anime plusieurs médias sociaux et blogs sur les entreprises, la tech, la finance, le marketing digital.

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