L’Union Démocratique du Centre (UDC), parti ultraconservateur suisse, a initié un référendum national qui aura lieu le 30 novembre afin d’amener les habitants du pays à se prononcer sur la politique à conduire concernant leur or. Cette « votation », très attendue, propose le rapatriement sur le territoire suisse de l’or helvète stocké à l’étranger (20% du stock entreposé dans la banque centrale anglaise et 10% dans la banque centrale canadienne), l’arrêt des ventes d’or par la Banque nationale suisse (BNS), l’obligation pour elle de détenir au minimum 20% (contre 7,5% aujourd’hui, avec un délai de 5 ans) de ses actifs en or, et la limitation de ses achats de devises étrangères.
Avec 1040 tonnes d’or en sa possession au 2ème trimestre 2014 contre 2590 au 1er trimestre 2000 (soit une baisse de presque 60% de ses réserves en 14 ans), la BNS est accusée par les auteurs du référendum d’avoir bradé une partie de l’or suisse il y a quelques années et placé une autre partie à l’étranger alors qu’elle était responsable de la gestion de ces réserves. Ils voient dans ces mesures un moyen de garantir la stabilité du franc suisse face aux risques liés à l’argent-papier devenus trop grands et leur indépendance en cas de crise grave.
Pour Thomas Jordan, le président de la BNS, une telle initiative « limiterait les activités à long terme de la BNS », pourrait attiser l’appétit de spéculateurs sur le métal jaune, et « ce n’est pas la quantité d’or gardée par la Banque nationale qui détermine la stabilité des prix et celle du franc suisses, mais notre politique monétaire. » Charles Sannat, économiste pour AuCOFFRE.com, répond : « avoir une quantité d’or minimale à détenir pour la BNS n’est pas un problème quand elle varie par rapport à son bilan, avoir plus de réserves d’or n’empêche en rien la défense d’une parité euro/franc suisse en créant du papier si nécessaire, et il ne faut pas s’inquiéter des spéculateurs puisqu’actuellement plus les Russes et les Chinois achètent de l’or plus les cours baissent. Et garder son or ailleurs implique tout de même de ne jamais être sûr de ce qu’il devient vraiment… »
Et si les Suisses votaient « oui »
Jean-François Faure, président fondateur d’AuCOFFRE.com, site d’achat en ligne d’or physique avec garde en coffres, explique : « Si la votation se soldait par un « oui », cela serait un véritable bouleversement financier car irait à l’encontre de la politique actuelle du pays qui consiste à l’achat d’autres devises pour maintenir le franc suisse à un niveau plancher. Par ailleurs, cela serait un pas vers un plus étroit contrôle des banques par le peuple, et remettrait également en cause la politique de l’Union européenne qui a systématiquement recours à la planche à billets dans la gestion de sa monnaie malgré ses limites manifestées en 2008. La Suisse a la particularité de laisser le pouvoir au peuple, ce qui implique la certaine mise en place, dans les jours à venir, de campagnes de propagande contre cette votation dans le pays. D’autant plus que le Parlement suisse et la BNS sont évidemment contre cette mesure qui va à l’encontre de leur politique monétaire expansionniste. »
Aujourd’hui, plusieurs sondages ont été menés pour estimer le résultat de ce référendum mais tous n’ont donné que des résultats partagés. Réponse le 30 novembre…
Le 2 décembre 2014, AuCOFFRE.com va présenter un sondage reprenant les mêmes questions de ce référendum mais pour la France. Le pays avait vendu un cinquième de son or en 2004 pour limiter le déficit public. Et si la France répondait oui à une question similaire ? Combien cela représenterait en valeur si la Banque de France devait posséder 20% de ses actifs en or ?
Qu’en est-il vraiment des réserves d’or des pays ?
On note, dans tous les cas, le problème de la disponibilité des réserves d’or pour les pays et leur importance dans les politiques monétaires. Pour rappel, l’Allemagne a renoncé à rapatrier une partie de son or (près de 1500 tonnes d’or, soit environ 70 milliards de dollars) cette année car la FED, qui en avait la garde, ne l’avait tout simplement plus en leur possession. Deux explications : soit les Américains le détiennent effectivement et veulent le conserver pour pouvoir peser lors d’une prochaine refonte du système monétaire international, soit ils ont bien vendu tout cet or à des pays émergents très présents sur le rachat d’or comme la Russie et la Chine. Il existe, quoi qu’il en soit, un problème autour de l’existence réelle de l’or officiellement comptabilisé. Et il est certain que nous restons dans un marché du métal jaune particulièrement contrôlé et manipulé par les pays anglo-saxons et certains émergents acheteurs d’or en quantité.
Jean-François Faure conclut : « Le Venezuela et le Texas ont aussi souhaité rapatrier leur or sur leur territoire. Le Venezuela a ainsi rapatrié en 2011 les 211,35 tonnes d’or stockées à l’étranger. Ces initiatives de rapatriement sont souvent critiquées par les milieux financiers mais il en ressort une incertitude quant à la fiabilité du système monétaire mondial et la sécurité de l’or stocké aux Etats-Unis. N’oublions pas qu’il s’agit du pays du dollar, que le dollar est la monnaie de change de référence internationale, que le poids de l’or physique met en péril la valeur du billet vert. La FED, elle, sait bien quelle valeur représente l’or physique conservé dans des coffres bancaires. »