Entre 2022 et 2024, l’économie mondiale a connu l’inflation, la hausse puis la baisse des taux d’intérêt. Un véritable laboratoire « in vivo » de l’influence de ces éléments économiques et monétaires sur le cours de l’or. Comment a réagi notre « cobaye » ? Le cours de l’or n’a cessé de grimper et a battu de nombreux records. Explications.
Le comportement de l’or en période d’inflation
Après le grand confinement de 2020, l’économie est repartie… en surchauffe. Ce qui a provoqué une énorme demande en or face à une offre toujours un peu au ralenti. Notamment en Chine, où les confinements ont été plus longs que dans le reste du monde.
Ajoutons à cela la guerre en Ukraine, en mars 2022, qui a provoqué une désorganisation de la production et de la distribution de l’énergie en Russie. Les prix du gaz puis de l’électricité ont explosé.
Le retour de l’inflation
En 2022 et 2023, l’inflation a été de 5,2 % et 4,9 % en France. Les pays européens qui partagent des frontières avec la Russie ou l’Ukraine ont subi des taux d’inflation dépassant les 10 %.
Les États-Unis n’ont pas été en reste, avec une inflation de 8 % en 2022 et de 4,5 % en 2023
L’inflation bénéficie à l’or
Au pic inflationniste à partir de mars 2022, l’or augmente brusquement de 1 500 euros à 1 800 euros l’once. Soit une augmentation de 20 %. Même avec une inflation au plus haut à 8 %, un patrimoine placé en or n’aurait pas été grignoté, au contraire il aurait pris de la valeur.
Le parcours est meilleur que celui d’un livret réglementé, même avec des taux augmentés.
Évolution du taux du livret A
1er février 2022 : 1 %
1er juillet 2022 : 2 %
1er février 2023 : 3 %
Jusqu’à janvier 2025 : 3 %
À noter que le livret d’épargne populaire (soumis à condition de revenus) a bénéficié d’un taux jusqu’à 6 % puis ramené à 5 %.
La hausse des taux d’intérêt ne sert pas l’or et pourtant…
Les banques centrales ont une doctrine assez rigide. Elles ont une définition de l’inflation très précise : il faut une hausse durable et généralisée des prix. C’est pour cela qu’elles ont mis du temps à réagir à l’inflation de 2021. Tant que les deux critères n’étaient pas réunis, les banquiers centraux ne bougeaient pas une oreille. L’autre élément visiblement inamovible c’est que l’inflation ne doit pas dépasser 2 %. Au-dessus, il faut la combattre.
La hausse des taux l’arme anti-inflation
Pour réduire l’inflation, il y a une technique simple : rendre l’argent plus cher, moins accessible. Pour cela, il faut augmenter les taux d’intérêt. Le résultat, on le connaît bien chez les particuliers : il y a moins d’achats dans l’immobilier en raison d’un accès moins facile au crédit. Lorsqu’on augmente les taux d’intérêt, la monnaie se renforce. Les obligations d’état sont plus attractives. Les investisseurs achètent de la « dette » puisqu’elle est mieux rémunérée et délaissent les autres placements de longue durée et à risque limité. L’or en fait partie. Quand les taux augmentent, un concurrent de l’or prend des parts de marché sur l’épargne de long terme.
Mais l’or n’a pas baissé entre 2022 et 2024
Pourtant entre 2022 et 2024 quand les taux ont augmenté, l’or n’a pas été délaissé. Le cours est resté stable autour des 1 800 euros. Première « curiosité » de cette période. On peut estimer que les tensions géopolitiques ont mis l’or, valeur refuge, sous pression. L’autre possibilité, c’est une anticipation des investisseurs. Notamment à partir du deuxième semestre 2023 où l’inflation avait connu son pic et commençait sa décrue. Une anticipation sur la baisse des taux…
La baisse des taux sert l’or et plutôt bien !
Les banquiers centraux, notamment américains, ont attendu avant d’annoncer officiellement une baisse des taux. À chaque prise parole en 2023, les traders entendaient une annonce d’une probable baisse des taux… mais ce n’était pas le cas. Ce qui n’empêchait pas l’or de se maintenir, voire d’augmenter un peu.
La première baisse officielle de taux : records en série de 2 000 à 2 400 euros
La nouvelle n’est pas venue de New-York mais de Bruxelles. C’est Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, qui a annoncé une baisse des taux de la BCE. C’était en avril 2024. Résultat : décollage vers les records du cours de l’or. L’once d’or passe de 1 850 euros à 2 200 euros en un mois et demi ! En sept mois, début octobre, la barre des 2 400 euros est passée.
Baisse des taux américains : toujours plus haut, toujours plus de records
Fin septembre, l’annonce officielle d’une baisse des taux américains est prononcée. Enfin ! Après cette longue phase d’anticipation, il était possible que le cours de l’or ne bouge pas. Eh bien si ! Records à nouveau. Cette fois-ci ce sont les 2 500 euros qui sont passés. Des réductions de taux bien aidées par les tensions géopolitiques au Moyen-Orient, qui ont donné un nouveau coup de fouet au cours de l’or.