En Afrique, les termites valent de l’or. Marc-André Bernier est chercheur d’or. Ce géologue canadien échantillonne les termitières à la manière des anciens Africains pour trouver le précieux métal. Marc-André est persuadé d’être aujourd’hui sur un gros filon.
Pour construire leur nid, les prospecteurs termites remontent, de plus de 20 mètres sous terre, des minéraux et métaux précieux. Leurs mandibules transportent indifféremment tous types de matériaux de construction qui peuvent parfois être des particules d’or variant de 30 microns à près de 3 mm. Pour Marc-André, les termites sont comme des milliers de foreuses qui effectuent, gracieusement et pour son compte, les premiers carottages.
« Lorsque j’ai décidé d’embaucher une armée de termites pour remplacer mes équipes de forage, il y a peu de mes collègues géologues ou centrafricains qui m’ont pris au sérieux. Pourtant, on a réussi à réduire le temps de prospection de deux ans en moins de quatre mois grâce au travail des termites. »
Sur les 5700 termitières échantillonnées, 86 % contiennent de l’or. Cette anomalie semble prouver la densité du filon. Reste maintenant pour Marc-André à vérifier en profondeur, avec les foreuses mécaniques si les termites n’ont pas menti.
Les termites ailés viennent d’essaimer, c’est un bon présage des dieux pour les géologues africains, mais Marc-André, lui, préfère se rassurer en recomptant le nombre de particules d’or prélevées à la surface des termitières.
C’est à proximité des termitières, à plus de 80 mètres sous terre, que la foreuse mécanique vient carotter. Les échantillons prélevés par la foreuse sont identifiés et lavés à grande eau pour le comptage des particules d’or. Les sondages en profondeur semblent confirmer le travail des termites.
Alors que les foreuses continuent leur sondage de vérification, Marc-André prospecte une nouvelle zone. Il est pour l’occasion, comme un bon public relation, accompagné du chef du village. Ce dernier est flatté qu’une multinationale canadienne reproduise les mêmes gestes que son arrière-grand-père.
Pour tout chercheur d’or, la difficulté est de rassurer les autorités locales et ses investisseurs. « Tout d’abord, Monsieur Namzouri, j’aimerais remercier la radio rurale centrafricaine. Nous avons prélevé plus de 6000 termitières. En moins de quatre mois, nous avons établi que le sous-sol renfermait une série de nouvelles structures aurifères prometteuses. »
Seulement un gisement d’or sur mille passe à l’exploitation industrielle.
Marc-André est de retour à Toronto pour convaincre les investisseurs. « Messieurs les Directeurs, les termites de la Centrafrique ont bien travaillé. Elles nous ont aidés à définir une zone aurifère qui fait près de 5,5 km de longueur. Tout me porte à croire que cette zone pourrait faire l’objet d’une ou plusieurs exploitations industrielles. »
Les mandibules des termites macrotermes n’en sont pas à leur coup d’essai, elles ont gagné leurs mandibules d’or au Niger et au Zimbabwe où l’une des mines en exploitation industrielle porte le nom de code « Termites ». D’autres ont même remporté des mandibules de diamant avec les gisements de pierres précieuses du Botswana.
En observant sous microscope électronique les échantillons, les particules d’or sont fines et lisses, ce qui confirme à Marc-André que les zones d’échantillonnage ne sont probablement pas loin du filon. Le succès de cette technique dépend de l’habileté des termites à ramener en surface des minéraux indicateurs à des profondeurs pouvant atteindre parfois plus de 100 mètres.
Les termites de Marc-André viennent de faire sauter la bourse de Toronto.
Transcription par ABWtrad.com d’un extrait du reportage Termites attack de Thierry Berrod pour Mona Lisa prod.