L’annonce faite par les Nations Unies indiquant qu’elles allaient confier la licence pour la frappe de pièces de monnaie en argent et en or portant le logo des Nations Unies pourrait mettre le prix du métal sur orbite.
Dans son gros rapport rendu cet automne, la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) indiquait que le système des devises et des pratiques bancaires internationales des systèmes économiques actuels était inapproprié et qu’il était responsable de la crise économique actuelle. Ce rapport soutient que le système monétaire actuel, où le dollar constitue la monnaie de réserve mondiale, devait être remis en question « de toute urgence ».
Ce rapport CNUCED a marqué une étape importante. En effet, c’était la première fois qu’une institution multinationale majeure diffusait l’idée d’une telle suggestion ou mesure, alors qu’un certain nombre de pays, dont la Russie et le Brésil, s’étaient montrés favorables au remplacement du dollar comme monnaie de réserve mondiale. Le directeur de la banque centrale de Chine, Zhou Xiaochuan, a indiqué que le dollar pourrait être remplacé par un panier de devises. La commission des Nations Unies a rejeté cet élargissement en argumentant qu’un système à plusieurs pays « pouvait également s’avérer instable et opaque. »
La commission souhaite trouver un équilibre plus monétaire pour les pays en voie de développement et un moyen leur permettant de conserver leurs réserves et leurs économies domestiques qui resteraient indépendantes des agences et accords étrangers.
L’économiste américain et Président de la Commission, Joseph Stiglitz, lauréat du prix Nobel de l’Economie, a expliqué qu’il existait « consensus de plus en plus large sur le fait que le système de réserve en dollar était à l’origine de nombreux problèmes. Les pays en voie de développement prêtent en effet des milliards de dollars aux Etats-Unis à des taux d’intérêt quasiment nuls alors même qu’ils en ont un énorme besoin, » a déclaré Joseph Stiglitz.
« Cela démontre clairement la nature du problème. Il s’agit d’un transfert net, dans un sens, vers les Etats-Unis, une forme d’aide étrangère. »
Un des collaborateurs de ce rapport, Detlef Koffe a conclu pour sa part en indiquant que « Remplacer le dollar par une monnaie métallique résoudrait certains problèmes des pays dont les déficits sont importants et pourrait favoriser la stabilité. »
Le porte-parole de la Réserve Fédérale américaine, Patrick Paulsen, a reconnu que les Etats-Unis risquaient de réagir de manière virulente à ce projet de devise globale et que cela serait « … considéré comme un pas vers un Nouvel Ordre Mondial. Mais ces mêmes personnes ont également probablement perdu patience avec les agents de change. »
Il a précisé qu’il « … prévoyait néanmoins que les devises occidentales continueraient à se déprécier en raison de l’ascendance asiatique dans le secteur commercial et industriel jusqu’à déterminer leur valeur propre et afin de permettre à leurs économies d’être compétitives. Il s’agit d’une prérogative des Nations Unies que nous ne pouvons pas et que nous ne devons pas contrôler. Cela revient à revenir à l’époque d’avant Bretton-Woods. »
Les Nations Unies ont décidé de proposer une devise d’épargne à « option publique », où la frappe des monnaie sera effectuée sous licence afin de frapper deux types de pièces de la taille de la pièce de 1€ (l’Uno (Argent ~$5) et l’Oro (or, ~$500). Ces noms sont tirés du livre « The Humanist » selon lequel les Nations Unies seraient mieux financées d’ici à 2015 grâce à ses frais de licence, qui devraient se monter à 10-15%.
Les pièces sont dotées d’un marqueur chimique permettant leur authentification et leur traitement par un guichet bancaire automatique modifié et par les appareils d’échange en Europe, qui seront distribués au niveau mondial. Tout licencié, public ou privé, peut produire ces monnaies métalliques sous contrat. Les Nations Unies ne vont pas au-delà de ce que font déjà la plupart des pays, à la seule différence que la valeur de leurs pièces reflètera leur poids métallique.
Armand Dufour, de la Banque Européenne, salue leur introduction. « Les gens en ont assez des options de monnaie à cours forcé. Le gouvernement et les banques ne peuvent pas imposer les pièces de monnaie. Elles auront leur propre valeur inviolable. »
Un élément lui pose toutefois problème. « Si nous constatons une chute du dollar US, comme cela semble inévitable, on enregistrera un fort mouvement vers l’Oro, qui pourra entraîner son augmentation à un niveau où les gouvernements ne permettront pas sa circulation. Ils essaieront de l’isoler. » « C’est là que la situation se complique, » conclut Armand Dufour