Comme chaque année, AuCoffre.com organisait en novembre dernier la Rencontre Annuelle avec ses membres, à Paris. Nous vous proposons de vivre ou revivre les temps forts de cet évènement à travers les vidéos des intervenants et conférenciers ayant participé à la Rencontre. Cette semaine, nous évoquerons l’intervention de Philippe Béchade, rédacteur en chef de la Chronique Agora – et intervenant quotidien sur BFM-. Il dévoile la place qu’occupent les mega-banques Goldman Sachs et JPMorgan dans les « manipulations » des marchés des matières premières. Très instructif ! Nicolas Perrin, auteur du livre « Investir sur le marché de l’or » aborde les possibles stratégies d’achat en fonction des fondamentaux (du cours de l’or) et des objectifs à long terme. Deux interventions très différentes, complémentaires et enrichissantes pour qui veut se faire sa propre idée des perspectives du marché de l’or.
Philippe Béchade « L’or face à la fatwa de Goldman Sachs »
Lors de son intervention à la Rencontre annuelle le 29 novembre dernier, Philippe Béchade a parlé de la place prépondérante occupée par la banque Goldman Sachs sur le marché des dérivés, pour comprendre son influence sur le cours de l’or.
A plusieurs reprises, nous nous sommes intéressés à ces « nouveaux maîtres du monde », pour reprendre le titre d’un reportage diffusé sur Canal + en novembre 2011.
Jusqu’en juillet 2013, la banque (sans cesse éclaboussée par les scandales depuis les années 2000), était en situation de duopole avec l’autre mega-banque JP Morgan sur le marché des dérivés et des matières premières, jusqu’à ce que celle-ci cesse ses activités et revend même 113 000 onces d’or (soit 33 tonnes d’or). Pour rappel, JP Morgan est la banque dans laquelle travaille Blythe Master, connue pour avoir créé les CDS (credit default swaps), des armes de destruction massives financières.
C’est donc Goldman Sachs qui a maintenant le monopole sur le marché des dérivés et qui fait le marché. Comme l’explique Philippe Béchade lors de sa démonstration, cela a évidemment une incidence sur le cours de l’or puisque la banque a la main sur le marché des futures, des contrats à terme sur l’or. Il suffit de se rappeler qu’actuellement, on a environ 100 contrats soi-disant convertibles qui circulent pour une once d’or réel, physique. En cas de liquidations massives de positions à terme, cela se traduit par une baisse du sous-jacent.
Accusée à plusieurs reprises de manipuler les marchés (de spéculation contre les positions de ses propres clients avec la titrisation des subprimes en 2008, de manipulation du prix de l’aluminium en 2013 avec JP Morgan, impliquée dans la manipulation du taux LIBOR en 2012, puis du Forex en 2013…), il est assez inquiétant de penser que la mega-banque détient désormais entre ses mains le marché des dérivés et des matières premières.
Philippe Béchade attire notre attention sur la politique de Goldman Sachs : à savoir que même si l’obligataire ne rapporte rien, cela vaut toujours d’avoir des actions que de l’or, « qui ne rapporte rien et qui n’a plus aucune fonction économique », d’après la banque.
Le but de Goldman Sachs ? Il pourrait se résumer à pouvoir continuer de faire de l’argent à partir de rien.
Les dangers ? Le marché des futures (promesses de « délivrabilité » d’un actif tangible qui n’existe pas) est manipulable à loisir. Et le développement de tant de dérivés avec aussi peu de garants, de sous-jacents derrière.
Par rapport au nombre de dettes et de créances en cours, l’or ne garantit plus rien, l’or et les matières premières représentant une proportion microscopique des dérivés.
Côté perspectives, le rédacteur en chef de la Chronique Agora le dit « Tant que les flux économiques des banques centrales vont dans les actions, je ne vois pas de retour en grâce de l’or. »
L’avis de Philippe Béchade est évidemment contraire à celui de la banque.
Pour illustrer l’importance de l’or physique, il évoque le marché de l’or du point de vue de l’Inde et de la Chine et du Bitcoin.
Pour visionner son intervention dans son intégralité, regarder la vidéo sur Youtube.
httpv://youtu.be/KCciBB2wzac
Nicolas Perrin : stratégie d’achat d’or physique
L’auteur du livre « Investir sur le marché de l’or » tente dans un premier temps de définir la valeur fondamentale de l’or ? Elle reste un mystère et nombreux ont des avis contradictoires.
La valeur de l’or, ou plus exactement sa tendance, peut se déterminer par plusieurs types de facteurs.
Des facteurs organisationnels, réglementaires et législatifs, de nature microéconomique (le marché de l’or), de nature politique et macroéconomique (monétaires, géopolitiques et financiers).
Les 3 facteurs ayant le plus d’impact sur l’or :
– le montant des liquidités en circulation dans l’économie
– la valeur du dollar par rapport aux autres devises
– le niveau des taux d’intérêt réels.
Parmi ceux jouant à la baisse sur le cours de l’or, Nicolas Perrin définit :
– la dimension politique de l’or et les accusations du GATA
– les ventes à découvert réalisées par les bullion banks
– le relèvement des dépôts minimum des dépôts de garantie sur les marchés de produits dérivés.
– les manœuvres réalisées par de puissants intervenants
– les ventes de lingots de leurs clients par certaines banques commerciales.
Où se trouve-t-on dans le marché haussier qui a débuté en 2001 ?
Depuis 2001, les corrections sont de plus en plus longues en durée et de plus en plus importantes en pourcentages. Les plus bas sont de plus en plus hauts et les plus hauts sont de plus en plus hauts également.
Pour Nicolas Perrin, même si l’on a enterré maint fois l’or depuis le début de son rallye, nous ne sommes pas à la fin d’une bulle dans la mesure où il n’y a pas de bulle (pas de grosse correction majeure comme en 1975), ni d’accélération exubérante des cours.
Combien de temps ça peut durer cette correction ?
L’or se retrouve dans une situation similaire à 19751976. On est en désinflation à l’échelle mondiale, avec les taux d’intérêt réels qui commencent à remonter. La combinaison de ces deux facteurs est le pire environnement possible pour le marché de l’or. En plus on est dans une phase de pessimisme extrême (« c’est la fin du marché haussier »).
Si l’on compare l’or sur les deux périodes (1975 et maintenant), l’or devrait théoriquement atteindre les mêmes plus hauts niveaux que ceux enregistrés en septembre 2011.
Néanmoins les dégâts techniques sont importants donc il n’est pas possible d’avoir des objectifs de prix aussi élevés à court terme. Ronald-Peter Stoeforle (l’économiste à la base de cette comparaison) envisage plutôt 1480$ pour juin 2014. A suivre !
Quelle stratégie d’achat ?
Pour reprendre une citation de Templeton, Nicolas Perrin conseille d’acheter « quand le pessimisme est à son comble » et de vendre « lorsque l’optimisme atteint son point culminant ». Ce n’est donc certainement pas le moment de vous séparer de vos métaux, bien au contraire !
Attention, Nicolas Perrin met en garde sur les positions longues en métaux précieux gérée passivement : elles ne sont pas rémunératrices, tant que les marchés n’auront pas intégré le risque d’insolvabilité. Et cette situation risque de durer.
L’acquisition d’or doit de toute façon s’observer dans une stratégie de conservation du patrimoine (c’est le propre de l’or), plus que de rentabilité.
Conseil
– Concentrer ses achats dans les périodes de creux (que l’on est capables d’identifier comme telles).
– Soit on achète de l’or de manière plus ou moins continue en lissant ses achats dans le temps (comme le LSP d’AuCOFFRE.com qui permet d’effectuer des achats réguliers et lissés).
Pour visionner son intervention dans son intégralité, regarder la vidéo sur Youtube.
httpv://youtu.be/pvWkddDl8tE