Pourquoi la folle ascension du cours de l’or ne fait que commencer ?

par | 19 Avr 2025 | Or | 0 commentaires

Temps de lecture : 4 minutes

Le 16 avril 2025, l’once d’or a franchi 3 353 dollars. C’est le record absolu de tous les temps, en valeur corrigée de l’inflation cumulée. La référence jusque-là datait de janvier 1980 : l’once d’or s’achetait 850 dollars ! Aujourd’hui, si on prend en compte l’inflation sur 45 ans, 850 dollars de 1980 correspondent à un peu plus de 3 300 dollars. C’est bien un événement majeur dans le monde des métaux précieux dont on ne parle pas assez.

Je veux partager ici ce que j’observe, en tant que fondateur d’AuCOFFRE.com, une plateforme qui conserve aujourd’hui plus de 700 millions d’euros de métaux précieux pour ses clients. J’écris ce texte comme un entrepreneur qui, depuis 2009, voit monter une forme de défiance mondiale vis-à-vis du dollar, et une confiance croissante dans l’or. Je prévoyais déjà à cette époque une once à plus de 3 000 dollars. L’or, aujourd’hui, redevient une monnaie. Et ce n’est pas un simple phénomène spéculatif.

L’or n’a jamais cessé d’être une valeur refuge

On redécouvre aujourd’hui que l’or est une valeur refuge. En vérité, il ne l’a jamais cessé. Depuis 1971, lorsque Nixon a mis fin à la convertibilité du dollar en or, on a laissé les monnaies flotter les unes par rapport aux autres. On est entrés dans un monde où le dollar faisait la loi. Cela a duré 50 ans. Aujourd’hui, c’est en train de s’effondrer.

Or et dédollarisation

Les grandes banques centrales montrent le chemin depuis une dizaine d’années. La Chine, par exemple, a fait passer ses réserves en dollars de 2 500 milliards à moins de 700 milliards en quinze ans. C’est un mouvement de dédollarisation qui s’amplifie. L’Empire du Milieu ne peut pas se permettre de garder dans ses coffres une monnaie contrôlée par son adversaire commercial et peut-être futur ennemi. Même chose pour d’autres pays : l’Inde, le Brésil, la Russie… ou même certains États européens, qui réalisent qu’ils ne peuvent plus faire confiance aveuglément à la politique monétaire américaine.

Souvenez-vous : en 1965, De Gaulle avait considéré que les Américains finançaient leur développement en émettant des billets verts sans limite, donc avec de la dette. Le général demande aux présidents américains de limiter leur émission monétaire, mais il n’est pas entendu. Il lance alors une grande opération de dédollarisation, en utilisant le principe de convertibilité du dollar en or. L’opération s’appelle « vide-gousset » : elle consiste à utiliser des avions d’Air France pour transporter l’or. Les Américains, vexés, surnommeront De Gaulle “GoldFinger”.

Une valeur non manipulable

Ce que les États recherchent désormais, c’est une valeur non manipulable. Et il n’y en a qu’une : l’or physique. Contrairement au dollar, à l’euro ou aux cryptos, l’or ne dépend ni d’un gouvernement, ni d’un algorithme. Il ne se contrôle pas, ne s’imprime pas, ne se pirate pas. On ne peut pas “freezer” une réserve d’or. C’est un actif qui redonne du pouvoir à celui qui le possède. C’est ce qui me plaît le plus dans ce métier : offrir à mes clients un outil de liberté.

C’est pour cela aussi qu’on vend essentiellement des pièces d’or, pas des lingots. Une pièce, ça s’échange facilement, ça se transporte, ça se passe de main en main, même entre particuliers. Un lingot, c’est lourd, peu liquide, et bien plus compliqué à manipuler, surtout quand sa valeur approche les 100 000 euros. Sans parler du transport : une pièce passe en douane sans problème, un lingot vous oblige à faire une déclaration, à le mettre en soute, à trouver un acheteur capable de vous donner cette somme. Bref, c’est loin d’être pratique.

Une ruée sur l’or physique

Depuis six mois, les ventes sur la plateforme AuCOFFRE ont doublé. Ce qui est marquant, c’est qu’on vend beaucoup, mais on rachète très peu comparé à 2023. Même à des cours records, nos clients gardent leur or. Pourquoi ? Parce qu’ils savent que l’euro suivra probablement le même chemin que le dollar. Ils ne veulent pas convertir un actif refuge en une monnaie qui perd elle-même de la valeur.

Nos clients, ce sont monsieur et madame tout-le-monde. Beaucoup sont comme ce médecin de 55 ans, qui commence à faire des arbitrages dans son patrimoine. Il liquide une partie de son assurance-vie, pas tout, mais il bascule progressivement vers l’or. Et il n’est pas le seul.

Des tensions sur l’or physique

Cette demande mondiale en or physique a des conséquences visibles : les tensions se multiplient sur la chaîne d’approvisionnement. Les raffineries suisses, italiennes, espagnoles, allemandes tournent à plein régime, mais on observe des retards, des coûts supplémentaires, et parfois une prime à l’achat sur le spot de +0,5 % ou +1 %. Le “papier” ne suffit plus : les acteurs veulent du métal, du vrai, du tangible.

Transformer l’or papier en or physique.

Sur les marchés, cela provoque même des transferts massifs entre les places. Entre novembre et mars, le stock d’or du COMEX à New York est passé de 17 à 43 millions d’onces. L’or a été déplacé physiquement depuis Londres par avion. Oui, littéralement, des tonnes de lingots ont traversé l’Atlantique pour répondre à la demande américaine, notamment à la volonté de liquider l’or papier pour en détenir la contrepartie physique.

L’or un actif tangible adapté à un monde en crise permanente ?

Alors que le monde entre dans une nouvelle ère – tripolaire, incertaine, avec des alliances mouvantes – le rôle du dollar comme monnaie de référence est remis en question. Et ce vide, c’est l’or qui le comble. Il représente la deuxième réserve de change mondiale, derrière le dollar, mais devant toutes les autres monnaies.

L’or redevient une monnaie d’indépendance, celle qu’aucun État ne peut manipuler, confisquer ou geler.

C’est aussi un actif écologique, quand il est recyclé (ce que nous faisons exclusivement chez Aucoffre.com). Le recyclage d’or génère 200 fois moins de CO₂ que l’extraction minière. Et nous nous assurons que chaque pièce est traçable de bout en bout.

Alors non, ce record de l’or n’est pas un pic. C’est un signal. Un avertissement. Et peut-être même le début d’un nouvel ordre monétaire, dans lequel chacun peut reprendre la main sur sa propre épargne.

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Faure, Jean-François
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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