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La semaine dernière, un vent de panique a soufflé sur les marchés : on parle de la fin des cycles de super-hausse des matières premières ! Et alors que certains s’imaginaient déjà une bulle sur l’or, c’est sur l’argent que la bulle a gonflé, puis éclaté : Le Monde évoque la baisse brutale du métal gris, « avec une chute de 12 % du cours en l’espace de quelques minutes. Le prix de l’argent, qui avait doublé en l’espace de six mois, a perdu plus de 30 % sur l’ensemble de la semaine, tombant non loin de 33 dollars l’once vendredi 6 mai, six jours après avoir tutoyé un sommet historique, à 50 dollars ». Tandis que sur performancebourse, on parle même du « marasme le plus choquant qu’ai subi l’argent. Il s’agit de la plus forte chute depuis les années 1980 ! ». Et chez L’Express le 3 mai, on peut lire que « l’argent a lourdement corrigé : de 48,70 dollars jeudi midi, un record de 30 ans, voilà l’once d’argent retombée à 43,61 dollars ce midi, soit – 10,4% dans l’intervalle ! Le métal blanc, aux usages à dominante industrielle, est traditionnellement beaucoup plus volatil que l’or ». Et l’or dans tout çà ? Il conserve sa superbe, comme toujours !

L’argent n’a jamais concurrencé l’or

Depuis longtemps, les deux métaux précieux sont liés par un rapport de 10 à 15,5. Chez les pharaons déjà, on parlait d’un rapport entre l’or et l’argent, rapport de 13,3. En 440 avant J-C, ce rapport était de 13, et en Gaule ou à Rome, on a retrouvé des écrits parlant d’un rapport de 12 puis de 14,40.

En 1876, Henri Cernushi écrivait dans « La monnaie bimétallique » que « l’or et l’argent sont deux monnaies naturelles et éternelles. Personne ne peut en produire artificiellement ni par décret, et c’est en quoi gît leur meilleure garantie ». A cette époque, une grande partie des systèmes fiduciaires fixaient la parité entre l’or et l’argent à 15,5.
En 1840, en Europe, la situation est tendue car il est ressenti un peu partout que le rapport de 15,5 a tendance à surévaluer l’argent : en effet, le métal gris abonde, notamment lié à une forte production aux Etats-Unis.

Dans La Chronique Agora, Simone Wapler explique pourquoi ce ratio a sombré : « Le ratio or/argent s’est écroulé parce que l’or comme l’argent se sont démonétisés. L’argent plus encore que l’or. Les banques centrales ont encore un peu d’or dans leurs coffres, mais pas d’argent. L’or trouve toujours un vaste débouché dans la joaillerie, mais les usages autres que monétaire de l’argent diminuent (photo argentique, argenterie). Pour beaucoup l’argent serait l’or du pauvre. Quand on ne peut pas acheter d’or, on achète de l’argent. Cet argument est difficilement défendable : l’or d’investissement se fractionne au gramme ».

Quand les chiffres parlent !

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Simone Wapler toujours dans la Chronique Agora déclare que « quand l’or monte, l’argent monte mais moins. Quand l’or baisse, l’argent baisse, mais plus ». Plus encore, l’or gagne le double de l’argent lors d’une hausse. L’argent perd le double de l’or lors d’une baisse. Avant la bulle sur l’argent cette règle se vérifiait, signifiant bien qu’il se passait quelque chose. La rude correction actuelle rappelle qu’il y avait bien une euphorie infondée sur l’argent. Et aujourd’hui le cours devrait être autour des 25 euros. Au-delà c’est la surchauffe.

Si vous n’êtes pas encore convaincu, voici un bref aperçu de l’évolution des cours de l’argent et de l’or, ces derniers jours, et ces 5 dernières années.

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En bref, quand l’or enregistre une légère baisse, l’argent sombre dans les méandres, et quand l’argent commence à prendre son envol, l’or tutoie les sommets !

L’or reste une valeur refuge

Toujours sur Le Monde, on lit que malgré le repli des cours, « l’or devrait rester protégé par son statut de valeur refuge face aux menaces inflationnistes, et un déclin prolongé des cours du pétrole paraît peu probable. La demande mondiale est solide, et l’offre reste sous la menace des tensions dans le monde arabe, le brut léger de Libye faisant encore cruellement défaut. »

Sur Moneyweek, on nous explique que « Les replis sont nécessaires et obligataires dans un grand marché haussier. Et nous sommes plus que jamais convaincus que l’or a une belle progression devant lui. Le temps que le nouvel équilibre mondial se forme, que les anciens pays riches prennent conscience qu’ils sont les nouveaux pauvres et qu’ils vivent bien au-dessus de leurs moyens… bref, il y en a encore pour quelques temps ».

Les arguments en faveur de l’or

Certes, l’or a enregistre une petite baisse (bien vite oubliée) ma semaine dernière, mais si vous avez besoin d’arguments supplémentaires pour être convaincus de son rôle de valeur tangible, ce n’est pas ce qui manque :
– l’or se « remonnaitise » : ce n’est clairement pas le cas de l’argent ;
– l’argent a perdu son caractère de valeur refuge contrairement à l’or ;
– l’argent est un métal rare industriel, très volatile comme le sont les autres matières premières. Prenons par exemple le palladium : le marché du palladium reste confidentiel et les prix extrêmement volatils. La production de palladium est concentrée au sein de la Russie et en Afrique du Sud. Cette concentration de la production confère au marché une certaine instabilité quant au prix et à la fiabilité de l’offre. Et des incertitudes quant à son approvisionnement ont même fait grimper le cours du palladium en octobre 2010, atteignant son plus haut niveau depuis juin à 605,13 dollars l’once. Demande en croissance régulière, exploitation minière limitée, main mise de l’Etat russe sur les réserves et faim des investisseurs : autant de caractéristiques qui font que le marché du palladium se retrouve en déficit.
– l’argent n’est pas un produit de protection anticrise. Il est plutôt comparable au platine qui avait dévissé en 2008 car l’industrie automobile était au plus bas (le platine est notamment utilisé dans les pots catalytiques) ;
– l’argent est de plus en plus rare, difficilement revalorisable. L’argent est une ressource non renouvelable, et les experts s’accordent à dire que d’ici 2021, l’épuisement de l’argent sera définitif (sources : https://minerals.usgs.gov/). D’autres sources parlent de 2023, 2028 ou 2037. Quoiqu’il en soit, l’argent est un métal qui ne peut être synthétisé et pour lequel il n’existe aucun substitut. Et même si la date exacte d’épuisement du métal reste encore en suspens, en 2010, avec une production de 19 300 tonnes, et une demande à 25200 tonnes, les réserves sont clairement en train de s’amenuiser ;
-l’argent prend de la place en stockage et les épargnants préfèrent l’or qui en valeur et en volume est bien meilleur ;
-du fait de sa rareté, les industriels tentent de remplacer dès que possible l’argent. Dans cet article, il est question des avantages de l’argent notamment dans la fabrication de Puces RFID pour la gestion des stocks et les cartes d’identité. Imaginons qu’un jour, les industriels trouvent un autre métal pour les puces et tout autre usage, quelle latitude restera t-il à l’argent ? Cet article se fonde sur une analyse totalement fausse du marché de l’argent. Tous les industriels qui l’utilisent le disent, s’il peuvent un jour se passer de l’argent, ils le feront car il coûte cher. L’usage de l’or dans l’industrie reste quant à lui minoritaire en comparaison de son utilisation pour le placement et les bijoux. Et c’est exactement ce que l’on demande à l’or, qu’il redevienne une monnaie privée, quelle qu’en soit la forme. Laissons l’argent à ceux qui veulent se brûler les doigts avec du métal en fusion…

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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