Nous allons vous montrer comment une pièce en or, un Napoléon 10 Francs de 1867, a été identifiée comme fausse. Lettre de l’atelier et différent monétaire sont autant d’indices qui permettent d’effectuer un examen approfondi de la pièce pour vérifier son authenticité.
Différence entre fausses pièces et monnaies fautées
Dans son ouvrage consacré au sujet, « Le monnayage et les monnaies fautées », Jean-Claude Chort nous apprend qu’une monnaie fautée est une monnaie « qui n’est pas fidèle au modèle original ou conforme au cahier des charges (…) et dont l’erreur ou le défaut est due à une erreur ou un problème technique et n’est donc pas souhaitée. Le défaut peut être très visible ou plus discret, sans toutefois manquer d’intérêt pour le collectionneur ».
Du fait de leur rareté, certaines pièces fautées ont même une valeur inestimable.
Voici le genre d’anomalies que l’on peut retrouver sur une monnaie fautée :
- Sur les coins et viroles : coin avec légende, millésime, signe distinctif ou autre poinçon erronés, coin doublé, coin cassé (fissuré, brisé, affaissé, etc), coin altéré, virole erronée ou cassée.
- Sur le flanc : erreur de laminage, découpage, d’assemblage, défaut de plaquage, cuivrage défectueux, problème d’alliage, etc.
- Erreur de montage ou d’approvisionnement à la presse, erreur de réglage sur la presse (frappe en médaille, coins non alignés, frappe molle).
- « Fautes de frappe » : frappe décentrée, identique des deux côtés, multiple, incuse, avec coin tourné, tranche défectueuse à la frappe, etc.
Si les pièces fautées sont le pur produit d’une production de vraies pièces qui a rencontré des anomalies de façon fortuite, les fausses pièces sont intentionnellement altérées ou modifiées. Certains faussaires n’hésitent pas par exemple à laisser les pièces dans un mélange acide ou à les tremper dans de l’eau salée pour « ronger » la matière et modifier l’aspect de la pièce. D’autres manipulations, comme ébrécher un coin, altérer la couleur de la pièce, rétrécir la pièce, existent également.
Des précautions doivent être prises pour arriver à authentifier une pièce.
Le différent monétaire
Le différent monétaire fait partie des signes distinctifs qui permettent de distinguer une vraie pièce d’une fausse. Cette « signature » a été mise en place par les ateliers de frappe au Moyen-Age pour lutter contre la production de fausse monnaie. Elle permettait également de reconnaître les différents responsables d’émission ou de gravure. Le différent monétaire est généralement un tout petit symbole détaillé (corne d’abondance, tête de lion, grappe de raisin, gerbe, coq…).
Dans l’exemple qui suit, nous allons vous démontrer pourquoi la pièce de droite, un Demi-Napoléon 10 Francs Napoléon III Tête laurée de 1867 est un faux.
Sur l’avers
Vrai Demi-Napoléon 10 Francs Napoléon III Tête laurée (1862) – avers
Faux Demi-Napoléon 10 Francs Napoléon III Tête laurée (1867) – avers
Sur la photo du faux demi-Napoléon, il manque les deux différents monétaires (une croix tréflée à gauche et une ancre à droite) de chaque côté du nom du graveur (BARRE).
Sur le revers
Vrai Demi-Napoléon 10 Francs Napoléon III Tête laurée (1862) – revers
Faux Demi-Napoléon 10 Francs Napoléon III Tête laurée (1867) – revers
Sur la photo du revers faux demi-Napoléon, la lettre de l’atelier émetteur (le BB de Strasbourg).
Le poids de la pièce
Le poids est un autre élément qui permet de détecter une fausse pièce. Sur la photo de gauche, la balance (précise au milligramme près) indique 2,67 g et 3,24 g pour la pièce sur la photo de droite. La vraie pièce est bien sûr à droite. 3,24 g étant correct par rapport au poids théorique d’une pièce du même type neuve (voir caractéristiques des pièces vendues sur AuCOFFRE.com).
La tranche
Sur la photo ci-dessous, on constate que la tranche du faux Napoléon 10F est caractéristique d’une fausse pièce : les reliefs ne sont pas ou peu marqués, ils sont « mous ». De plus, la frappe irrégulière prouve que les presses des faussaires sont largement moins puissantes que celles de la Monnaie de Paris. La tranche est un élément de contrôle rapide pour détecter les faux. C’est une technique très utilisée pour détecter par exemple les fausses 20F suisse Vrenelis.
Autres moyens de détection
Sur la photo ci-dessous, voici le matériel utilisé pour tester la pièce : la pierre de touche et l’acide 22k. On utilise des acides différents selon le pourcentage d’or pur de l’objet que l’on veut tester, en l’occurrence du 22k pour les pièces d’or).
Enfin la dernière photo montre le résultat du test. Deux marques ont été effectuées sur notre pierre de touche : celle de gauche avec une vraie pièce en or, celle de droite avec le faux demi-Napoléon pour y déposer de petites particules d’or. Il suffit de mettre une seule goutte sur chaque marque pour observer que celle de la fausse pièce s’efface beaucoup plus rapidement.
Résultat : le demi-Napoléon 10 Francs de 1867 est un faux !
Un conseil donc, comme nous le rappelions dans cet article consacré à un autre exemple de fausse pièce, évitez autant que faire se peut, les achats de particulier à particulier où les arnaques sont nombreuses. À moins de vraiment bien vous y connaître et d’être bien équipés, achetez plutôt des pièces d’or d’investissement certifiées, auprès de professionnels renommés.
Bonjour, quelle est la différence entre une pièce 10F Napoléon tête la3et non laurée?
Cordialement