Que doit être une monnaie ? Voici la réponse de Frédéric Passy (Prix Nobel de la Paix en 1901)
Il faut que ce soit un objet qui, par lui même et à part toute intervention de la puissance publique, par sa nature propre, et par elle seule, c’est à dire par l’utilité réelle dont il est pour les hommes, par le sérieux et par la généralité des besoins auxquels il répond, soit accepté spontanément de tous comme ayant une valeur intrinsèque et indestructible.
Il faut que ce soit une marchandise qui vaille comme monnaie sans doute, mais qui vaille d’abord comme marchandise, indépendamment de sa fonction monétaire. Il faut qu’avant d’être façonnée en pièces destinées à circuler, cette matière circule déjà en raison de cette valeur propre et reconnue. Et il faut que, le lendemain du jour où elle aura été transformée en disques monétaires, elle puisse, sans rien perdre de plus que le prix de la façon qui aura servi à la transformer de nouveau, être remise dans le commerce sous sa forme primitive, à l’état de matière brute, de pure marchandise, conservant encore, dans cet état, ses mérites et ses qualités essentielles d’équivalent. Eh bien ! les métaux, les métaux précieux, chacun doit le comprendre sans plus d’explication, répondent excellemment à cette condition. Et c’est ce que l’illustre Turgot exprimait en ces deux lignes d’une netteté achevée : Toute marchandise est monnaie et toute monnaie est d’abord marchandise.
Ce texte est extrait du livre de Frédéric Passy « Le papier monnaie est de la fausse monnaie » édité en ebook par l’Institut Coppet.