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Ça y est l’Espagne daigne enfin faire appel à l’Europe et demande une aide financière à ses partenaires. La nouvelle a été annoncée ce samedi 11 juin par le Ministre de l’Economie Luis de Guindos à l’issue d’une conférence téléphonique de l’Eurogroupe. Cette nouvelle aide signerait-elle le début de la débâcle européenne ?

La valse des mots

Mais attention : selon le Ministre de l’économie espagnol il ne s’agit en aucun cas d’un sauvetage, juste d’une petite « aide financière » !

Luis de Guindos a beau nier que le galion espagnol est en train de sombrer, toujours est-il que c’est bien une bouée un plan de sauvetage dont il est question ici afin que l’Espagne sorte la tête de l’eau. Inutile de se voiler la face, appelons les choses par leur nom….

Selon Fredrik Reinfeldt, premier ministre suédois, il s’agirait même d’un des plus grands sauvetages financiers de l’histoire, il pourrait atteindre 100 milliards d’euros. 100 milliards d’euros, oh la belle « aide financière » que voila !

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Pour Charles Diebel, économiste chez Lloyds Banking Group, il s’agit d’un « sauvetage léger » (un peu sauvetage mais pas trop ?), un « nouveau concept » selon lui… Là où Monsieur Diebel a raison c’est que ce sauvetage est « léger » dans le sens ou il sera insuffisant.

Ces 100 milliards d’euros constituent plus qu’une simple « aide financière » mais ne suffiront pas à sauver l’Espagne. Car, on ne le répétera jamais assez, l’Espagne n’est pas la Grèce. Comme le rappelait Olivier Jay dans sa rubrique économique du 06 juin sur iTélé : « l’Espagne est la 4ème puissance en Europe et représente 12% de l’économie européenne. Son économie représente la totalité de celle de l’Irlande, de la Grèce et du Portugal réunis ! »

Bref la dénomination diffère mais le principe reste le même : l’Espagne sollicite l’aide de ses voisins européens, incapable de résoudre la crise de son système bancaire à elle seule (en mettant sa dette sur les marchés par exemple, comme nous l’avions déjà évoqué).

Alors, concrètement qu’en est-il de cet accord passé avec l’Eurogroupe ?

L’aide financière sera allouée aux banques en faisant la demande au Fonds Public Espagnol d’aide au secteur (FROB). Seront donc « éligibles à l’offre » les 30% des banques espagnoles qui ont le plus de difficultés comme l’a identifié le rapport du FMI du vendredi 8 juin. Ce même rapport avait estimé à 40 milliards d’euro les besoins du système bancaire espagnol. Mais accorder une somme deux fois supérieure a été jugé préférable pour rassurer les marchés et construire un « pare-feu crédible » selon le FMI.

En contrepartie l’Espagne se devra « d’assainir son secteur financier » et sa législation bancaire. Cette aide, ce prêt, ce sauvetage, quel que soit le nom qu’on lui donne aura tout de même un coût pour l’Etat espagnol : elle est considéré comme de la dette publique et devra « absolument être remboursée » selon Luis de Guindos.

L’Espagne n’a pas attendu que l’accord avec l’Eurogroupe soit passé pour commencer à « assainir » son système bancaire :

Vendredi 8 juin le gouvernement espagnol a annoncé la nomination de Luis Maria Linde au poste de Gouverneur de la Banque d’Espagne. C’est donc un nouveau départ que souhaite donner l’Espagne à l’institution largement critiquée pour sa gestion de la crise du pays.

Un nouveau départ, mais pour aller où ? Car comme le rappelle Charles Sannat, Directeur des études économiques d’AuCoffre.com « Encore une fois, on traite partiellement le problème puisque les banques n’ont globalement rien changé à leur pratique depuis 5 ans, après plusieurs centaines de milliards d’euros d’aides publiques. »

Ces 100 milliards d’euros d’aide ne sont donc qu’une rustine de plus mais le navire espagnol continue de prendre l’eau par le fond. Luis de Guindos écope à la petite cuillère en affirmant que tout va bien se passer… Pour rappel, les pays en difficulté de la zone euro ont déjà coûté 500 milliards d’euros à l’Union européenne et au FMI… Et le pire reste à venir.

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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