Les têtes tombent les unes après les autres. Après le premier Ministre irlandais Brian Cowen au mois de février et Joan Socrates au Portugal en mars, la liste ne cesse de s’allonger. La Slovaque Iveta Radicova a précédé Georges Papandréou de quelques semaines. Sylvio Berlusconi a promis de ne pas de présenter lors des prochaines élections. On attend la défaite de Zapatero dès le 20 novembre. Cette hécatombe n’est pas liée à une révolte de citoyens européens mais bien à une déstabilisation provoquée par les marchés boursiers …
Pourtant, alors que ces têtes données en offrande aux marchés, devaient diminuer la pression, c’est l’effet contraire qui se produit. L’embellie a duré quelques heures et depuis les bourses sont reparties à la baisse. La défiance des investisseurs touche toute la zone euro, France et Allemagne comprises. C’est ainsi que les taux des obligations à 10 ans ont atteint des niveaux historiquement hauts avec un écart très important entre la France et l’Allemagne. Celle-ci est d’ailleurs considérée, jour après jour, comme le pays le plus solide et devient la valeur refuge de la zone euro.
En Italie, en revanche, les taux obligataires, quelques soient leur durée remontent, ce qui signifie que les investisseurs considèrent que le temps ne fait rien à l’histoire : que ce soit dans trois ans ou dans dix ans, la probabilité de défaut de l’Italie est la même ! C’est pourquoi on assiste à une vente massive par tous les établissements bancaires des actifs liés aux emprunts de l’Etat italien. En effet, les bons du trésor italien sont considérés aujourd’hui comme des actifs risqués et les banques ne doivent pas en posséder plus de 9% de ratio dans leurs fonds propres, d’ici mi 2012 …
Une croissance comparable à celle d’Haïti !
La démission de Berlusconi n’a donc servi à rien, même si certains spécialistes rappellent que la croissance de l’Italie sur les vingt dernières années est comparable à celle …d’Haïti, la plus faible du monde : 0%. Si les gouvernements italiens successifs ont eu comme objectif de réduire la dette, cela s’est fait au détriment des investissements qui aujourd’hui empêchent toute possibilité de croissance. Enfin l’Italie ne peut plus utiliser ce qui était son arme fatale pour relancer ses exportations, la dévaluation. Comment va faire la 4ème puissance européenne pour se relever de cette situation qui dépasse largement la seule personnalité de Berlusconi ?
Tous ces renoncements n’ont pas suffi à calmer les inquiétudes du système bancaire et boursier, comme si les politiques n’étaient que les « obligés » de l’économie. Mais comme le disait un des conseillers du FMI, Dr Shapiro, l’interconnexion entre les banques est telle que « nous assisterons à la débâcle des dettes souveraines qui entraînera une débâcle du système bancaire européen (…) Ce pourrait être une crise, de mon point de vue, plus importante que la crise de 2008… »