Définition facile :
Qu’est-ce que la monnaie fiduciaire ?
Si l’on ouvre un dictionnaire latin, il est intéressant de noter que le mot fiducia veut dire “confiance”, “assurance” ou “courage”. Le dollar, qui est la principale monnaie fiduciaire de notre monde moderne, est donc basé sur la confiance qu’on lui porte. Une monnaie papier qui, si l’on colle à l’étymologie, donnerait courage et assurance à ceux qui en possèdent. Rien que ça ! Il s’agit en fait d’une monnaie dont la valeur n’est pas équivalente à sa valeur intrinsèque.
Quelle est la valeur du papier monnaie et de la monnaie métallique ?
C’est la base du principe de la monnaie fiduciaire : la différence entre la valeur intrinsèque de l’objet et la valeur d’échange. Prenons un billet de 50 euros. Son poids en papier monnaie, son coût de fabrication y compris en recherche pour le rendre infalsifiable ne représentent évidemment pas 50 euros ! Même chose avec une pièce de deux euros ; son poids en alliage, sa technicité de réalisation ne dépassent bien évidemment pas les deux euros.
Monnaie fiduciaire : quels avantages ?
C’est bien la confiance que nous avons dans ce billet ou cette pièce et l’assurance de recevoir le montant annoncé en euros en échange (produit, service, autre monnaie) qui lui donne sa véritable valeur. La notion de courage a quelque peu disparue aujourd’hui même si on peu estimer que certaines nations ont dû prendre des décisions courageuses pour maintenir la confiance que l’on pouvait mettre dans leur monnaie.
Qui crée la monnaie fiduciaire ?
Pour garantir la confiance dans une monnaie fiduciaire, pour qu’elle ne se transforme pas en « monnaie de singe », on se retranche derrière des Etats. C’est donc principalement des monnaies à cours légal. On notera que des Etats faibles ou ne pouvant pas rassurer le détenteur d’un billet local sur sa valeur sont obligés de passer par d’autres monnaies, plus stables ou fortes : l’Euro pour des pays comme le Montenegro (pas encore membre de l’Union Européenne) ou le Franc CFA pour plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, ce dernier étant lié à l’Euro avec une obligation pour les pays utilisateurs de déposer 50% de leurs réserves monétaires à la Banque de France.
Qui crée la monnaie scripturale ?
Avec l’avènement de la société sans cash par la monnaie électronique, on se trouve avec 90% de la monnaie légale sous forme d’écritures de comptes. La somme indiquée sur votre relevé de banque est bien de la monnaie légale garantie par une banque centrale. Contre ces « chiffres » vous obtiendrez des biens et des services qui correspondent à la somme prévue. On désigne ces jeux d’écriture par l’expression monnaie scripturale qui se trouve être une forme de monnaie fiduciaire.
Sauf si vous n’avez plus confiance dans le système bancaire qui se substitue à un Etat pour vous garantir que vous aurez accès à votre argent. C’est pourquoi, depuis la crise des subprimes de 2008, celles d’Argentine ou celle de Chypre, les institutions financières multiplient les lois et les réglementations qui « garantissent aux particuliers jusqu’à 100 000 euros « inscrits » sur leur compte bancaire même en cas de faillite d’une banque. Dans la réalité, la crise de Chypre a montré qu’un Etat pouvait décréter un vendredi soir que plus un billet ou une pièce ne sortirait d’une banque au moins jusqu’au lundi suivant.
La valeur intrinsèque de la monnaie électronique, informatique
En effet, au-delà des sommes indiquées sur des comptes, on a de plus en plus souvent dans nos poches de l’argent qui n’a pas la forme de billets ou de pièces. Les cartes de paiement se multiplient. Leur valeur intrinsèque : le prix d’un rectangle de plastique, d’une puce (parfois) et de pas mal d’informatique. Rien à voir avec le « no limit » de dépenses d’une carte bancaire haute gamme, cette dernière n’ayant rien à voir avec la carte de membre de votre supermarché préféré qui vous donne droit à des remises de quelques euros.
La cryptomonnaie est-elle une Fiat Currency ou monnaie fiduciaire ?
Les anglo-saxons utilisent une expression qui réduit la monnaie fiduciaire à une monnaie légale, décrétée par l’Etat. Donc dans l’absolu, tant qu’une autorité centrale -banque centrale notamment- ne propose pas sa garantie dans la valeur d’une crypto-monnaie, alors elle ne peut pas être une « fiat currency ». C’est pourquoi, avant même le Bitcoin, les propositions de l’économiste Hayek de créer des monnaies privées, sans lien avec les Etats ont été rejetées avec force. Hayek pensait que la confiance n’était plus du côté des Etats en raison de décisions politiques qui influençaient fortement l’économie.
Bitcoin : fiduciaire, scripturale ou rien du tout ?
On a droit à de longues joutes entre partisans et ennemis de la crypto-monnaie reine sur cette question. Si l’on reprend la base de la définition d’une monnaie fiduciaire :
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- Une valeur intrinsèque sans aucun lien avec sa valeur faciale.
On est bien dans cette situation là. On connait le coût de production d’un bitcoin en électricité mais aussi en usage de « mémoire informatique. On est bien loin du prix du BTC même si cela reste très énergivore
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- La confiance : pérénité et valeur.
C’est tout le débat.
Les adversaires du BITCOIN ont bien évidemment sous les yeux la bulle et son explosion. Cette crypto-monnaie est bien trop volatile pour qu’on puisse avoir confiance en elle. Et surtout, aujourd’hui, l’usage hors spéculation est ridiculement peu fréquent. Donc on ne peut pas dire que la valeur affichée permet d’avoir en échange des biens et des services.
Les défenseurs mettent en avant la confiance de la décentralisation de la validation du BITCOIN Ils opposent de leur côté la crise financière de 2008 où l’ensemble du système financier a vacillé. Et finalement le risque d’avoir son argent entre les mains d’un pouvoir unique et central. Pour l’usage, les pro-BTC avancent que leur monnaie est jeune et que les usages vont se développer.
On vous laisse vous faire une opinion avec ces éléments. En tous les cas, la crypto-monnaie est bien une monnaie scripturale mais est-elle une monnaie fiduciaire ? La question reste posée.
Toute monnaie est plus ou moins fiduciaire
Même l’or en son temps fut subordonné au crédit qui lui était attribué. L’usage voulait que si les autorités monétaires conféraient à une monnaie d’or un cours déconnecté du prix du métal incorporé, on l’accusait alors d’être une monnaie fiduciaire. À plus forte raison, la part demandée à la confiance grandit si la teneur en or est réduite, si un métal commun est substitué au métal précieux, si la monnaie est faite d’une matière sans valeur.
Et inversement, pour les pièces d’or à cours légal, la valeur intrinsèque est en général supérieure à la valeur faciale. C’est à dire qu’une pièce d’or Maple Leaf 50 $, qui est d’une grande pureté vaut beaucoup plus si l’on se limite à son poids en or !
Les premières monnaies fiduciaires en Chine
À ce jeu, les États-Unis et leur dollar n’ont évidemment rien d’innovant. En effet, les premières monnaies fiduciaires “dignes” de ce nom voient le jour en Chine dès l’an -140 lorsque l’empereur Wou-Ti émet des pièces faites d’un alliage d’argent et d’étain. Il leur assigne un cours arbitraire : 300 jetons de cuivre pour la pièce ovale, 500 pour la pièce carrée et 3000 pour la pièce ronde. Il crée également des carrés de daim blanc et de soie marqués du sceau officiel, dotés d’un cours de 40000 pièces de cuivre. À l’époque, ces émissions ne coûtent rien au Trésor public et lui donnent de singulières facilités.
De fait, la Chine en abuse, à plusieurs reprises, surtout à dater du jour où elle sait fabriquer le papier. Au premier siècle de notre ère, les Chinois obtiennent de minces feuilles de pâte, d’abord avec une bouillie de déchets de soie, puis avec les fibres du mûrier et du bambou. Ils possèdent aussi depuis longtemps le secret des encres indélébiles à base de noir de fumée. Ils sauront bientôt mouler des idéogrammes dans l’argile, pour former des caractères mobiles. Le papier, l’encre et l’imprimerie : voilà ce qui devait détrôner l’or pendant plusieurs siècles. Les Chinois venaient d’inventer en même temps le papier monnaie et son corollaire, l’inflation… Mais là c’est une autre histoire que nous vous raconterons plus tard.
Monnaie fiduciaire et crise de confiance
Notre Voltaire national avait une définition très précise de la monnaie fiduciaire : “une monnaie papier, basée sur la seule confiance dans le gouvernement qui l’imprime, finit toujours par retourner à sa valeur intrinsèque, c’est à dire zéro.” Le passé et le futur donnèrent systématiquement raison à notre philosophe. La monnaie chinoise qui émerveillait tant Marco Polo ne dura qu’un temps, de même que toutes les autres monnaies de ce type qui existèrent plus tard dans le monde.
A l’échelle de l’histoire de la monnaie, le dollar est finalement encore jeune. Mais la confiance n’est pas éternelle. Pourquoi en irait-il autrement d’une monnaie qui est justement basée sur la confiance ?
Les alternatives à la création monétaire
La crise de confiance que subissent les monnaies fiduciaires de nos jours pousse les citoyens à se tourner vers de nouveaux modèles monétaires, parmi lesquels les cryptomonnaies, les monnaies locales et les monnaies open source.
« Même chose avec une pièce de deux euros ; son poids en alliage, sa technicité de réalisation ne dépassent bien évidemment pas les deux euros. »
Et surprise ! Parfois c’est même l’inverse :
https://www.lci.fr/conso-argent/vos-pieces-de-1-et-2-centimes-valent-jusqua-100-euros-1534393.html
Merci pour cet article