J’ai largement abordé le problème de l’argent-dette, cet argent qui dort sur notre compte épargne ou avec lequel nous réglons nos achats et qui ne nous appartient pas (à 90%). J’ai à coeur de présenter tout un tas d’initiatives citoyennes, en France et de part et d’autre dans le monde, du système D aux « monnaies pleines”, qui tentent d’échapper à un système monétaire inique et moribond.
Le demi qui se coupe en Gaspésie !
Le principe de la devise gaspésienne est original et compte de plus en plus d’adeptes dans la péninsule québécoise : on le crée en… coupant un billet de 20 $ canadien en deux ! Sans réseau fédérateur qui s’occupe de la gestion du demi, la devise est pourtant acceptée, au moins une vingtaine de commerces, inscrits sur une carte interactive “pour signifier leur appui à cette initiative pour encourager l’achat local”. Et l’initiative continue de se répandre ! Parti d’une sorte de bague au départ, Martin Zibeau, l’un des instigateur du demi, explique que le but était de “susciter des questions sur l’économie et il a été atteint” !
La monnaie pleine en Suisse
Qu’est-ce qu’une monnaie pleine ? Le contraire d’une monnaie creuse, vide, sans valeur. Mais encore ? Pour en savoir plus, je me suis rendu sur le site suisse d’Initiative Monnaie Pleine pour en comprendre un peu mieux le fonctionnement.
Il s’agit d’une devise légale d’Etat, pièces et billets de banques en euro, en franc suisse ou en dollar par exemple, uniquement émise par la Banque Nationale. Seulement, ce “vrai argent” ne constitue que 10% de la masse monétaire. Les 90% restant (paiements électroniques, chèques… monnaie scripturale) n’est que de l’argent créé à volonté par les banques pour financer leurs activités. C’est ni plus ni moins que de l’argent émis par les banques commerciales comme une créance à rembourser. Le projet milite pour que la monnaie électronique aussi soit de la monnaie pleine, et “que seule la Banque nationale produise l’argent, y compris l’argent électronique”.
Ainsi, les comptes bancaires des particuliers sont à l’abri des faillites bancaires, des bulles financières (entre autre), l’économie réelle serait favorisée et les impôts allégés. L’argent des particuliers et des entreprises déposé sur un compte bancaire courant ne rapporterait pas d’intérêt mais il serait en sécurité et ne servirait pas à des fins spéculatives !
Le Venezuela, le troc pour faire face à la crise
On le sait, le pays a énormément de mal à sortir de la crise. Pris en étau entre dollar et OPEP, le Venezuela a dû brader son or, que Chavez avait eu tant de mal à rapatrier dans le but d’indexer la monnaie vénézuélienne dessus. Mauvaise idée.
Pour faire face à la pénurie de nourriture, le pays, en grande difficulté, a recours au système D. Avec des conditions météo favorables et une économie agricole florissante, les petits marchés locaux arrivent à remplir le ventre des populations, avec des achats effectués au jour le jour.
Dès 2006, Chavez avait institué des clubs de troc, les “Sistemas de Trueke” (13 au total) organisés autour d’un réseau national. Chacun est inscrit dans la Constitution et dispose de sa propre monnaie locale légale.
“Nous avons créé el Trueke comme une alternative (complémentaire) à l’argent. Nous pratiquons le troc direct de nos produits, services et savoirs et ajoutons à cela la possibilité d’échanger au travers d’une Monnaie Communale (ou Facilitateur de Trocs) qui est la propriété sociale de la communauté et soutient une éthique écologique, solidaire et socialiste”, indique le porte-parole du réseau. A suivre…
Même Paris s’y met !
Le projet “Une monnaie pour Paris”, lancé en janvier 2016, verra le jour dans un an, à l’automne 2017. Une monnaie locale complémentaire locale à Paris, pourquoi faire me demanderez-vous ? Parce que le chômage, la crise économique, le dérèglement climatique, concernent aussi la capitale et qu’une monnaie est un moyen de répondre à ces problématiques globales à un niveau local. Reste à espérer qu’il n’y aura pas de récupération politique autour de cette future MLC (monnaie locale complémentaire) qui représentent des enjeux aussi importants.
Je continuerai d’étayer cet article en ajoutant au fur et à mesure des initiatives monétaires citoyennes locales qui me semblent dignes d’intérêt.