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Que l’on soit défenseur des cryptomonnaies ou au contraire détracteur de ces nouvelles unités de valeurs monétaires virtuelles, le dernier rapport reçu par le gouvernement et préconisant de déconnecter le bitcoin du système financier apparaît comme une excellente nouvelle.

Tout d’abord, du point de vue des opposants aux cryptomonnaies (dont Jean-Pierre Landau, ancien sous-gouverneur de la Banque de France et auteur du rapport était l’un des plus virulents représentants il y a encore quatre ans), il est indispensable de maîtriser le développement anarchique de ces monnaies « apatrides » par nature et « d’empêcher leur utilisation à des fins d’évasion fiscale, de blanchiment ou de financement d’activités criminelles ou de terrorisme. »

La fraude fiscale n’a pas attendu l’invention des cryptomonnaies

Notons ici que, outre la diabolisation habituelle des cryptomonnaies que l’on pare de tous les travers propres à satisfaire le désir de nuisance des pires criminels de la Terre, on leur prête également des buts contraires au sacro-saint principe d’omniscience fiscale, dont la violation constitue pour beaucoup le crime ultime. Comme si les fraudeurs et autres évadés fiscaux avaient attendu le bitcoin pour mettre leurs économies à l’abri de la concupiscence étatique ! D’autant moins que, pour faire disparaître une partie de sa fortune, il y a mieux qu’un système dont la légitimité-même se base sur une traçabilité exhaustive et sans faille des transactions.

Mais ce rapport vient également mettre du baume au cœur des partisans du bitcoin, lesquels se réjouissent de l’éventualité d’une frontière bien nette entre les nouvelles monnaies et les anciennes. Car, finalement, c’est bien de cela dont il s’agit lorsqu’on parle d’isoler les cryptomonnaies du système financier.

Des devises  traditionnelles qui ne sont (presque) plus des monnaies

Aujourd’hui, en effet, qu’il s’agisse de l’euro, du dollar ou même du yuan et de la livre sterling, les principales devises sont majoritairement utilisées pour manipuler, contrôler et orienter les marchés financiers, et par ricochet, les différentes politiques économiques pouvant les favoriser et dont les citoyens sont quasiment exclus. Quant à la fonction « monétaire » de ces devises, c’est-à-dire leur vocation à servir de monnaie d’échange pour des biens et services entre individus, elle ne représente désormais quasiment plus rien (entre 3 et 4% de la masse monétaire en circulation).

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Par conséquent, les partisans des cryptomonnaies ont plutôt bien accueilli la proposition de ne pas y associer des devises dont l’ambition première est de redonner le pouvoir monétaire aux individus. À plus forte raison quand on voit déjà à quelle vitesse l’instinct de spéculation de certains acteurs de l’économie traditionnelle s’est abattu violemment sur ce qu’ils ont perçu comme un nouveau moyen de gagner beaucoup d’argent rapidement. Et quand on parle d’argent, on parle évidemment ici d’endettement

Un rapport pour garder le contrôle

Et c’est sans doute ce dernier point qui a incité le gouvernement à demander rapidement un rapport qui devrait permettre, d’ici la fin de l’année, de sortir une loi venant encadrer les cryptomonnaies en France.

Car la crainte principale n’est pas liée à d’éventuelles évasions fiscales, lesquelles existent déjà depuis longtemps et dont certains de nos élus sont par ailleurs d’éminents spécialistes, dans tous les sens du terme. Non, c’est plutôt la perte de contrôle des individus qui fait peur au pouvoir. Une crainte que l’on peut d’ailleurs déceler dans le message de l’auteur du rapport qui dit en substance que, si les cryptomonnaies sont bien « un progrès technologique réel » et « un profond mouvement de société » dont l’usage ne pose de problème de stabilité intrinsèque, cela pourrait en revanche devenir beaucoup plus explosif si les banques et les gestionnaires d’actifs se mettaient à y investir sérieusement.

Pire encore, on pourrait carrément perdre la confiance du peuple : « Si les institutions financières traditionnelles venaient à être davantage exposées aux cryptomonnaies et si les craintes sur la viabilité de celles-ci venaient à se matérialiser, la confiance placée par les épargnants et les investisseurs dans le système financier en serait durablement amoindrie« .

Et dans un monde désormais régi par les banques, la perte de confiance des épargnants comme des investisseurs sonne terriblement comme un risque de révolution politique dont personne ne veut.

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Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

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