La monnaie unique européenne, l’EURO devait apporter une stabilité des prix pour les consommateurs, une plus grande force pour les économies des pays de la zone euro et pourquoi pas, pour les europhiles les plus convaincus, supplanter le dollar. 20 ans après, promesses tenues ?
Euro : une plus grande stabilité des prix ?
Si vous vous ennuyez à un repas entre amis ou familial, voilà un sujet qui réveillera n’importe quelle tablée : depuis l’euro, les prix ont-ils augmenté ? Et tout le monde ira de son petit exemple basé sur des souvenir : « avant l’an 2000, j’achetais ma baguette 50 centimes de francs, aujourd’hui, c’est minimum 85 cents d’euros. Alors, ce n’est pas une augmentation ça ? ».
Gouvernements : « l’euro permettra de stabiliser les prix »
La promesse était dans toutes les déclarations des dirigeants des pays de la zone euro. Avant l’an 2000, on sortait d’une double décennie d’inflation galopante et la hausse des prix était vraiment l’ennemi des ministres des finances et des banquiers centraux. Entre 1986 et 2001, l’inflation annuelle est de 2,6% en moyenne. Entre 2001 et 2020, on est plus proche de 1,4%. Donc oui, les prix ont été plus stables depuis l’entrée en vigueur de l’euro. Evidemment, depuis 2021 et sans doute en 2022 (minimum), la donne va changer. Cela tombe assez mal pour les promoteurs d’un euro arme absolue contre l’inflation.
Augmentation des prix depuis l’euro, une question de perception
C’est le principe défendu par les statisticiens de l’INSEE. Reprenons le prix de notre baguette. Clairement, les boulangers avaient un peu profité du changement de monnaie pour faire passer une augmentation un peu violente. Laurent Fabius, à l’époque, avait dû taper du poing sur la table. Finalement, avec une étude entre 2002 et 2016, l’INSEE constate une augmentation du prix du pain de 32% ! C’est beaucoup mais cela ne correspond qu’à 1,9% par an.
Le pouvoir d’achat ou la capacité d’achat ?
Il faut aussi regarder l’augmentation des salaires. On trouve toujours qu’on n’est jamais assez bien payé évidemment. Mais regardons le SMIC. Au premier juillet 2002, il était de 1035, 88 euros (brut). Au premier janvier 2022, il passe à 1603,12 euros (brut). Soit une augmentation de pratiquement 55% ! Je vous laisse regarder l’évolution des cotisations sociales pour voir si réellement le pouvoir d’achat d’un smicard a augmenté.
Mais surtout, il faut se questionner sur notre consommation. On a l’impression de ne plus avoir assez pour son ménage mais n’oublie-t-on pas de regarder du côté des dépenses ? Que dépensait une famille avant l’an 2000, que dépense-t-elle aujourd’hui ? Est-ce un autre débat ? Pas certain.
Comment les Français voient l’euro ?
Dans un sondage exclusif d’Opinion Way pour VeraCash, les Français ont été questionnés sur leur perception de l’euro. Ils sont ainsi 69% à considérer que la monnaie européenne devrait être garantie par des réserves d’or des banques centrales de chaque pays. Cette considération est en forte augmentation cette année avec +6%. Et l’image de l’euro n’est toujours pas très favorable sur ses sous-jacents ce qui laisse penser que la confiance est loin d’être acquise. C’est une monnaie qui favorise la spéculation financière pour 53% des sondés. Pour plus de la moitié d’entre eux, cette monnaie ne favorise pas la transition écologique et la lutte contre le réchauffement climatique. Peut mieux faire donc.
L’euro et le marché unique : un bénéfice ?
Les économies des pays de la « Communauté Economique Européenne » entre monnaie unique et développement du e-commerce ont vraiment gagné en accès aux biens et services. Les voyages dans l’Europe sont plus simples, les exportations et les échanges simplifiés. Souvenez-vous avant l’euro de ces milliers de camions en attente d’un passage chez un transitaire avant de franchir la douane. On les revoit aux portes de la Grande-Bretagne aujourd’hui.
L’absence d’unification de la fiscalité et des lois sociales est un échec
Clairement les différences d’impositions et de taxes sur les sociétés mais aussi sur la valeur ajoutée (TVA), les différences de règles sociales (très longtemps, l’Allemagne n’a pas eu de salaire minimum, on se souvient aussi de la menace du « plombier polonais ») sont un véritable échec pour l’économie européenne. La monnaie est unique mais la fiscalité ne l’est pas. L’équité ne peut donc pas exister. La concurrence est faussée au sein même des pays européens.
L’euro nous a-t-il protégé ?
La monnaie européenne a vécu pendant cette double décennie plusieurs crises.
L’euro et la crise des Subprimes
Moins de 10 ans après sa mise en place éclate la crise des Subprimes aux Etats-Unis provoquant une déflagration planétaire sur la finance. Evidemment, on ne sait pas ce qui aurait pu se passer pour des banques espagnoles, italiennes, françaises si leurs pays avaient conservé leur autonomie monétaire et une Banque centrale locale pour résister. Dans une note de 2019 « Les 20 ans de l’euro, des gagnants et des perdants, vraiment ? », la Banque de France pose la question et y répond :
« En 2008, lorsque les banques ne se prêtaient plus entre elles, qui a sauvé le système financier pour assurer la continuité des paiements et du financement de l’économie, grâce à des mesures pragmatiques prises en commun au niveau de l’euro ? La Banque centrale européenne, avec les banques centrales des pays de l’euro. Ce que chaque économie nationale, chaque monnaie nationale, sans l’euro, serait devenue, est difficilement chiffrable. Mais donne à coup sûr, avantage à l’euro. »
2010- 2012 : la crise de l’euro
Quelques années plus tard, c’est justement la crise de l’euro. Quand plusieurs pays membres dont la Grèce sont en quasi-cessation des paiements. Même si les politiques ont pu tergiverser et reparler d’un Euro Nord et d’un Euro Sud, la communauté est venue au secours de son « vilain petit canard ». Sans doute pour éviter qu’un autre, plus gros, sombre à son tour (l’Italie) mais le résultat est là. L’euro a tenu.
2020 : le COVID et la transition énergétique
Là aussi, l’euro banque centrale a coulé à flot dans les comptes des banques de détail. Ainsi, les Etats ont pu financer leurs plans de relance ou de protection des économies. La crise COVID n’a finalement eu que peu d’impact économique sur les citoyens européens pour l’instant. Aujourd’hui, Christine Lagarde, à la tête de la BCE annonce le « fléchage » de ses financements vers la transition énergétique et écologique, pour répondre aux besoins de la planète ou aux aspirations des citoyens européens ? Au passage, elle provoque des « crises d’apoplexie » chez les économistes libéraux.
Bon anniversaire l’Euro ?