Du pétrole a été découvert au large de la Guyane française, en eaux profondes, en septembre dernier. Un premier bateau de Shell doit poursuivre l’exploration sous-marine mi-juin. Cette découverte mettra-t-elle fin au slogan qui a rendu la France célèbre avec son « on n’a pas de pétrole mais on a des idées » ?
Cette découverte est une aubaine pour la France, en plein boycott avec l’Iran (même si la France n’était pas un importateur de pétrole très important). Une aubaine aussi dans un contexte de crise de l’énergie, avec des importations de gaz et de pétrole de plus en plus chères. Après une flambée du prix de l’essence en mars dernier, cette découverte tombe à point nommé. Mais l’exploitation de la bonne nouvelle n’est pas pour tout de suite.
Une nouvelle manne ?
Même s’il est encore trop tôt pour évaluer les réserves, le potentiel de production semble encourageant. A priori on ne peut que se réjouir d’une telle nouvelle qui devrait rendre la France plus autonome sur le plan énergétique. Mais aussitôt, les questions affluent : combien va coûter l’exploitation de ce nouveau champ pétrolier ? L’exploitation de ce puits profond n’est-il pas sans risque pour l’homme et l’environnement (elle atteindrait 6000 mètres en tout : 2000 sous la surface de l’eau et 4000 mètres sous terre !) ? Dans combien de temps pourra-t-on commencer à bénéficier du brut guyanais ? Combien de temps les générations futures pourront-elles profiter de cette nouvelle manne dans la durée ?
En France, on a du pétrole mais plus d’idées…
En fonction de ces nouvelles ressources, tant mieux si la France s’émancipe de ses principaux pays fournisseurs d’énergie. Mais à qui va profiter cette découverte ? Certainement pas aux consommateurs mais plutôt aux distributeurs et à l’Etat qui se partagent grassement les taxes sur le prix de vente de l’essence. L’Etat à lui seul encaisse des taxes représentant 50 à 60% du prix de vente des carburants. On verra bien si l’Etat, qui « veillera tout à ce que les collectivités, les entreprises locales et plus généralement la population de la Guyane bénéficient des retombées économiques » tiendra ses promesses.
En outre, le pétrole est une énergie fossile dont les réserves ne sont pas éternelles… Tôt ou tard, nous serons confrontés à une très grave problématique énergétique et il est dommage que la France qui était plutôt bien partie ait stagné au niveau du développement des énergies durables.
Le risque écologique inquiète compte tenu de la richesse et de la fragilité de l’écosystème sous-marin de la Guyane qui abrite la plus grande barrière de mangrove du monde. La région ne pourrait pas de remettre d’une catastrophe similaire à celle qui s’était produite en avril 2010 au Mexique.
Et pour ceux qui souhaiteraient investir dans le pétrole, qui n’est définitivement pas un placement d’avenir, nous le déconseillons. Contrairement à l’or, il se consume et ne dure pas. Et le cours du brut est beaucoup moins stable que celui de l’or. Il est soumis à une extrême volatilité du fait notamment qu’il s’apprécie en dollar, du ralentissement de l’économie mondiale et des tensions géopolitiques dans certains pays exportateurs de pétrole.