Faut-il investir dans les (autres) métaux précieux du groupe platine ?

par | 27 Mar 2025 | Matières premières | 0 commentaires

Temps de lecture : 4 minutes

Les investisseurs en métaux précieux connaissent bien l’or et l’argent, et parfois le platine et le palladium. Mais il y a aussi tous les autres : le ruthénium, le rhodium, l’osmium, l’iridium et le rhénium. Faut-il s’exposer à ces métaux précieux ?

Avant de passer à la pratique, commençons par un peu de théorie.

Finance

Comment classer les métaux ?

Il existe plusieurs façons d’envisager les métaux précieux.

Dans l’ouvrage qu’il a consacré à la Fiscalité des métaux précieux (L’alambic, 2012), Yannick Colleu a détaillé différentes approches. Voici ce qu’il écrit :

« La famille des métaux est un clan regroupant en son sein plusieurs familles. Ces différentes familles sont :

  • Les métaux ferreux caractérisés par leur forte teneur en fer et leur sensibilité à un champ magnétique ;
  • Les métaux non-ferreux, non sensibles au magnétisme, tels que l’aluminium, le cuivre, le zinc, le nickel, le plomb, l’étain et le chrome.

Cette classification n’a pas la rigueur scientifique de la classification physico-chimique, mais c’est celle employée par les industriels du recyclage [à distinguer de la classification fiscale]. Au sein de la famille des métaux non-ferreux on distingue encore deux sous-familles :

  • Les métaux rares et semi-précieux (titane, cobalt, vanadium, molybdène, etc.) ;
  • Et les métaux précieux (or, argent et métaux du groupe platine). »

Quels sont les métaux précieux ?

Liste des métaux pas forcément rares… mais précieux !

Par « métaux du groupe platine » (MGP), il faut comprendre :

  • Le platine ;
  • Le palladium ;
  • Le ruthénium ;
  • Le rhodium ;
  • L’osmium ;
  • L’iridium ;
  • Et, selon les sources, le rhénium.

Récapitulons avec un tableau :

Classification des métaux selon l’approche des industriels du recyclage

Métaux ferreuxMétaux non-ferreux
Forte teneur en fer, sensibilité à un champ magnétique, vulnérabilité à la rouilleInsensibilité au magnétisme, moindre assujettissement à la rouille et à la corrosion, plus grande souplesse
 Métaux rares et semi-précieuxMétaux précieux
FerTitaneOr
AciersCuivreArgent
FonteNickelMGP (platine, palladium…)
 Aluminium… 

Commençons par tordre le cou à une légende urbaine. En l’occurrence, elle porte sur un métal dont je vous ai déjà parlé en détails : le platine !

Le platine est-il un métal cher ?

Oui, le platine est un métal cher, et on lit souvent qu’il s’agit du plus cher des métaux. En réalité, c’est loin d’être le cas.

Mais ce n’est pas tout de le dire : encore faut-il le prouver…

Combien coûtent les métaux ?

Voici comment se classaient les 10 métaux les plus chers, à fin 2024 :

Ainsi, le platine-t-il se situe-t-il seulement en 6ème position dans la liste des métaux les plus chers. A 914 $ l’once, il est 55 fois moins cher que l’osmium, mais 31 fois plus cher que l’argent.

Quel est le prix de 1 kg de platine ?

Le platine a clôturé l’année 2024 à 877,58 € l’once (914 $).

Au kilo, le platine valait alors 28 213 €.

Qui est le plus cher entre l’or et le platine ?

On l’a vu : le platine est beaucoup moins cher que l’or ! Le métal doré a en effet clôturé l’année 2024 à 2508 € l’once, soit 80 642 € le kilo. À fin 2024, l’or était donc 2,85 fois plus cher que le platine.

Ceci posé, venons-en au cœur du sujet.

Comment ont performé l’or, l’argent et les autres métaux précieux ?

Commençons par confronter la performance de l’or et de l’argent à celle du platine et du palladium.

Cours de l’or, de l’argent-métal, du palladium contre prix du platine

Vous ayant présenté comment ont performé l’or, l’argent, le platine et le palladium sur toute une série de durées entre 1971 et 2023, je vous propose de reprendre les choses là où nous les avions laissées.

Performance comparée de l’or (en doré), de l’argent (en vert), du platine (en bleu) et du palladium (en rouge) au cours des 2 dernières années (fin février 2023 – fin février 2025, euros)

Le constat est limpide, n’est-ce pas ?

Entre fin février 2023 et fin février 2025 (donc sur 2 ans), face à l’euro :

  • L’or (en doré) a enregistré plus de +60% de performance ;
  • L’argent (en vert) a enregistré plus de +50% de performance ;
  • Le platine (en bleu) est resté assez stable (0%) ;
  • Le prix du palladium (en rouge) a quant à lui chuté de plus de -35%.

Voilà pour la confrontation entre les 4 métaux précieux « classique ».

Passons aux autres…

Comment ont performé le ruthénium, le rhodium, l’osmium, l’iridium et le rhénium ?

Le cours de ces métaux n’étant pas disponible sur les plateformes que j’utilise, je ne peux pas vous proposer de graphique de performances comparées.

Voici néanmoins ce que je peux vous dire :

  • Ruthénium : entre son sommet de mi-2021 et son creux de fin 2024, le cours du métal s’est effondré d’environ -50% !
  • Rhodium : entre son sommet du printemps 2021 et son creux de mi-2023, le cours du métal s’est effondré d’environ -90% !
  • Osmium : depuis au moins 2018, le cours de ce métal est orienté à la hausse, et n’a pas subit de forte correction. Entre fin février 2023 et fin février 2025, son cours s’est apprécié de +35%. C’est bien, mais cela n’arrive pas à la cheville des performances respectives de l’or et de l’argent (+60% et +50%) !
  • Iridium : entre son sommet de mi-2021 et février 2025, le cours du métal s’est effondré d’environ -30% !
  • Rhénium : entre 2012 et le printemps 2021, le métal a perdu environ -70% de sa valeur… avant de fortement augmenter depuis !

Le moment est venu de conclure.

Que retenir de tout cela, en pratique ?

Mon opinion au sujet du platine et du palladium n’a pas changé depuis 2023. 

Pour ce qui est du ruthénium, du rhodium, de l’osmium, de l’iridium et du rhénium :

  • Il est possible de s’exposer à chacun de ces métaux sous forme de lingots ;
  • Leur demande n’est pas monétaire mais avant tout à usage industriel, d’où leur extrême volatilité ;
  • Voilà pourquoi il ne s’agit pas de placements de garde, mais de marchés réservés aux spécialistes de ces métaux qui chercheront à profiter des fortes oscillations de prix. Une prise de position ne saurait donc être envisagée que sous l’angle du trading.

Pour l’épargnant qui n’est pas spécialiste de ces métaux, la solution la plus efficace me semble être d’opter pour l’or et l’argent physiques.

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Perrin, Nicolas
Diplômé de l’IEP de Strasbourg, du Collège d’Europe et titulaire d’un Master 2 en Gestion de Patrimoine, Nicolas Perrin a débuté sa carrière en tant que conseiller en gestion de patrimoine. Auteur de l’ouvrage de référence "Investir sur le Marché de l’Or : Comprendre pour Agir", il est désormais rédacteur indépendant. Il s’intéresse au libéralisme, à l’économie et aux marchés financiers, en particulier aux métaux précieux et aux crypto-actifs, sans oublier la gestion de patrimoine. Twitter : @Nikookaburra

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