Cette semaine, l’Autorité des Marchés Financiers (le gendarme de la bourse équivalent de la CFTC américaine) met en garde contre l’investissement dans les terres rares, un placement extrêmement volatil et risqué. Nous vous en donnons les raisons.
Pourquoi dit-on les terres rares ?
On dit rares parce qu’ils sont difficiles à détecter, à exploiter et à isoler chimiquement. Le fait que leurs sources soient isolées en rend difficile l’exploitation minière.
Le prométhium mis à part, ce sont des minerais plutôt répandus. On trouve par exemple du cérium en même quantité sur que le cuivre.
Les terres rares présentent des qualités similaires. Sous leur forme élémentaire, ce sont des métaux assez tendres, malléables et ductiles, comme l’or, l’argent et le platine, mais qui eux sont des métaux précieux, car rares (pour de vrai). Les terres rares sont chimiquement réactifs, surtout à des températures élevées ou lorsqu’ils sont finement divisés.
Leurs propriétés sont particulièrement prisées dans le secteur industriel et dans les technologies innovantes (écrans plasma, voitures électriques, éoliennes, panneaux solaires, lecteurs MP3, panneaux solaires, lampes basse consommation, missiles…).
Les mises en gardes de l’AMF
Le 23 septembre 2015, l’Autorité des Marchés Financiers a publié un communiqué mettant en garde le public contre la société GLOBAL METAL BROKER qui propose aux investisseurs français d’investir dans les terres rares et métaux précieux, en affirmant qu’il s’agit d’un investissement à forte rentabilité.
L’AMF rappelle à ce titre qu’il n’existe pas de rendement élevé sans risque élevé et qu’il faut éviter en règle générale d’investir dans un produit que l’on ne comprend pas (les actions terres rares sont compliquées et manquent de clarté).
Même le Journal du Net qui cite les terres rares parmi les « 10 investissements méconnus qui peuvent rapporter gros » évoquent la volatilité des cours des terres rares et leur absence de liquidité.
Pourquoi les terres rares sont-elles un enjeu stratégique ?
Aujourd’hui, des métaux comme le néodyme, l’yttrium ou le lanthane sont devenus indispensables dans les technologies innovantes en plein essor. On en trouve dans les smartphones, les éoliennes, les voitures électriques…
Les enjeux des terres rares sont économiques, mais également stratégiques. L’approvisionnement en terres rares pose un véritable problème car elles ne sont pas substituables et c’est la Chine qui a la mainmise sur la quasi-totalité de l’extraction de ces minerais. Ce qui met tout l’Occident en situation de dépendance vis-à-vis de la Chine.
Selon l’Observatoire de la complexité Economique, la Chine est le premier producteur mondial de terres rares (40%), avec un rendement de 920 532 561,27 $ pour l’année 2012.
Dans cet article du 24 septembre, Boursier.com rappelle que la Chine qui est le premier producteur au monde de terres rares « contrôle de facto ce marché, pour lequel il n’existe ni projections de demande, ni cotations publiques sur les marchés financiers. Il est donc très difficile de savoir dans quelle mesure un panier de ces métaux est susceptible ou non de se valoriser avec le temps ».
Peut-on en finir avec le monopole de la production chinoise ?
La Chine, qui ne possède même pas un tiers de ces ressources, a le monopole de la production mondiale en terres rares (à 97%).
Quand on sait que l’Union Européenne importe 30,21% de terres rares, le Japon 20,76% et les Etats-Unis 20,58%, on comprend tout de suite pourquoi en 2012 ils ont dénoncé cette situation de monopole à l’Organisation Mondiale du Commerce, surtout depuis que la Chine a restreint l’accès de ses ressources en établissant des quotas… La publication d’un livre blanc sur les terres rares publié par le Bureau de l’information du Conseil des affaires d’Etat (gouvernement central chinois) en 2012 n’a semble-t-il pas suffi à rassurer ni adoucir les partenaires économiques de la Chine.
Les regards se tournent à présent vers le Groenland, qui depuis la fonte des glaces sans précédent, est devenu le nouvel Eldorado des terres rares. Ce qui en outre n’en fait pas un placement d’avenir, c’est que l’exploitation des terres rares est extrêmement invasive et polluante et qu’elle dévaste des villages entiers.
En 2014, le Gouvernement français a créé un « Comité pour les métaux stratégiques », le COMES, dont la principale mission est « d’assister le ministre chargé des matières premières dans l’élaboration et la mise en œuvre de la politique de gestion des métaux stratégiques, en vue de renforcer la sécurité d’approvisionnement nécessaire à la compétitivité durable de l’économie française ».
Les métaux précieux, un placement stable
En termes de placement, qu’il s’agisse de terres rares ou de métaux précieux, en règle générale, il faut penser aux minerais sous leur forme physique. Or le problème des terres rares et qu’elles ne sont disponibles que sous forme d’investissement papier. Nous ne cessons de rappeler le risque représenté par un placement boursier, sous forme papier : ultra volatilité (c’est particulièrement le cas pour les terres rares), faible contrepartie réelle, risques liés à l’entreprise (faillite), aux facteurs géopolitiques… On peut même redouter une manipulation des cours, comme avec les ETfs d’or.
L’avantages des métaux précieux comme l’or et l’argent et qu’ils peuvent être détenus réellement, sous forme de pièces, chez soi ou dans des coffres externalisés et que l’on sait ce que l’on possède. Ce qui n’est pas le cas des terres rares cotées en bourse.
En outre, on évoque la forte consolidation continue de l’or depuis 2012, mais il est toujours bon de rappeler que le cours de l’or de bourse se maintient à des niveaux très élevés depuis 2009.
Quant aux Napoléons 20 Francs que vous détenez, ils valent toujours leur pesant d’or.
L’or physique et l’argent métal sont des valeurs rares et sûres, ce n’est par hasard que l’Humanité leur fait confiance depuis 6000 ans…