De plus en plus d’analystes et d’éditorialistes affirment que c’est le bon moment pour acheter de l’or. Pour quelles raisons ? Sur quels indicateurs reposent ces affirmations ? Tour de ces signaux faibles qui semblent se transformer en véritable tendance.
Le premier et principal constat, c’est qu’il y a un véritable désintérêt pour l’or ces derniers mois, c’est indéniable. On note une position vendeuse sur le métal jaune, la plus importante depuis 2001. Les cours semblent se stabiliser depuis plusieurs semaines autour de 1200 dollars l’once. Ce qui laisserait penser que la tendance baissière est enrayée. « On ne ramasse pas un couteau en train de tomber » dit l’adage boursier, ils sont de plus en plus nombreux à estimer que « le couteau en or » est maintenant sur le plancher et qu’il est temps de le ramasser. Pour ma part, j’ai bien du mal à me contenter de ces seuls arguments liés aux cours. Bien malin celui qui, en regardant une courbe pourrait arriver à prédire si elle va repartir vers le haut ou poursuivre sa descente.
Désolé, le côté Madame Irma de la Corbeille… Cela n’a jamais été mon truc.
Les banques centrales achètent beaucoup d’or
C’est le World Gold Council (WGC) qui nous apporte cette information dans son rapport sur le premier semestre 2018. Plus de 190 tonnes ont rejoint les coffres des institutions nationales. C’est en augmentation de 8% par rapport à la même période en 2017. On notera que 3 pays sont particulièrement actifs sur ce marché : la Russie, la Turquie et le Kazakhstan, ils représentent plus de 80% des achats.
Pour quelle raison, les pays achètent-ils de l’or ? La principale raison avancée, c’est le risque de trop forte dépendance au Dollar. La Turquie en a fait les frais quand le président Américain Donald Trump a décidé d’attaquer la livre turque pour des raisons politiques : -25% de baisse pour la monnaie turque au mois d’août qui atteint alors un plus bas historique. La banque centrale d’Ankara pour se défendre hausse fortement ses taux directeurs mais renforce aussi son stock d’or pour pouvoir se libérer de la pression du billet vert.
En Russie, les messages en faveur de l’investissement en or se multiplient. Ainsi, on peut lire dans Sputnik, publication pro-russe, l’interview d’une personne présentée comme un expert financier qui alerte les lecteurs et « exprime son scepticisme quant au rôle du dollar en tant que monnaie mondiale de premier plan, affirmant que le billet vert était actuellement en crise en raison du «montant élevé de la dette américaine» ». Et le site internet de rappeler que le gouvernement russe a vendu ses obligations américaines au profit du métal jaune.
Il ne s’agit pas pour moi de valider ou d’invalider ces informations mais plutôt de noter que le message est diffusé fortement. C’est un signal faible de plus.
Le secteur minier à la peine lui aussi.
Selon les pays producteurs, le « gold pic » est passé depuis plusieurs années. Même si de nouveaux gisements apparaissent, que les techniques de production progressent, on sait que le stock d’or sur la planète est « fini ». Plus les cours sont bas, moins les mines sont rentables. Aujourd’hui, le plus grand espoir repose sur le recyclage.
En mars 2018, John Paulson qui a fait fortune pendant la crise des subprimes a annoncé qu’il allait investir dans les mines d’or dont les cours ont plongé ces dernières années suivant ainsi celui de l’or. Le gérant de hedge fund affirme que ces compagnies sont, de plus, très mal gérées, il estime donc qu’il n’est pas compliqué d’améliorer leur rentabilité. Si les cours de l’or venaient à remonter alors, les résultats seraient en nette amélioration.
La bourse au plus haut !
Nouveau rappel d’un adage boursier : « les cours des actions ne peuvent pas monter jusqu’au ciel ». Il se trouve qu’en ce moment, les indices sont quand même en train d’atteindre les nuages. Donc, un jour prochain, préviennent de nombreux analystes, il va y avoir une correction. C’est obligatoire, l’économie est faite de cycles. Reste à savoir quand. Mais surtout, pendant ce temps là, les affaires vont bien, donc difficile de s’inquiéter. Certains publient pourtant des ratios qui en général sont précurseurs de crise. Par exemple le Ratio Dow/or. A chaque fois qu’il atteint 20, il y a eu une crise : en 1929, en 1973, en 2001 et en 2008. Eh bien, cette limite de 20 vient d’être franchie.
Je pourrais aussi vous parler de Hard Brexit, de dette Italienne, de guerre commerciale avec la Chine mais comme ces informations tournent en boucle depuis des mois sans que cela ne semble inquiéter plus que ça, je ne vais pas insister. Vous avez toutes les cartes en main.