2018 aura été une année spéciale pour l’or en particulier mais pour les investisseurs en général. On aura beaucoup entendu que le « pire est à venir ». Mais finalement, on a surtout vu que les repères habituels étaient chamboulés par des décisions politiques aussi fortes qu’imprévisibles. A la fin, c’est l’or qui gagnera…en 2019 ?
Toujours intéressant de se poser pour regarder l’année qui vient de s’écouler dans le rétroviseur. En effet, dans ces temps agités où nous sommes bombardés d’informations au rythme de Twitter et des BFM TV ou autre Cnews et LCI, un événement remplace l’autre et l’efface. Personnellement, je préfère parler de sédimentation, d’empilement.
L’année avait commencé avec une correction des marchés la première semaine de février puis à la mi-mars. On avait parlé simplement de correction vu que les actions américaines notamment étaient au plus haut. Le Dow Jones tape fin janvier un sommet à 26 600 points pour se retrouver dix jours plus tard à 24 100. C’est finalement le 22 mars que le plancher est trouvé à 23 533 points.
Bourse : des très hauts et des très bas
Puis, dans cette ambiance d’économie à la goldilocks (boucle d’or), c’est-à-dire ni en surchauffe, ni en récession donc tiède, la bourse américaine reprend son ascension tranquille.
Le 3 octobre, l’économie américaine est au mieux avec des chiffres du chômage au plus bas. Avec un dollar plutôt en forme, le Dow Jones touche les 28 600 points, finalement le sommet de la fin janvier n’était qu’une étape. Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel hurlent tous les spécialistes de la bourse. Prophétie auto-réalisatrice ? En tous les cas, à la veille de Noël, l’indice américain est en chute libre à 22 400 points, il a effacé en moins d’un trimestre tous les gains de l’année. Et pour les amateurs d’histoire financière, la performance de ce mois de décembre est la pire depuis 1931 qui affichait une baisse de -17%, nous sommes à une semaine de la fin de l’année à -7,8% ! Difficile de croire à un « rally de fin d’année » en 2018.
L’or n’en profite pas au début
En ce premier semestre 2018, les nouvelles sont mauvaises d’où qu’elles viennent comme le chante Stéphane Eicher. En Europe, l’Italie commence à faire trembler les autres pays de l’Union avec une dette abyssale et une volonté ferme de ne pas se laisser dicter une politique d’austérité budgétaire par la Commission Européenne. Le Brexit est aussi dans toutes les têtes et commence à devenir très concret pour les décideurs économiques.
Le Président américain se met à penser fortement aux élections de mi-mandat. Il prend des décisions géopolitiques fortes : sommet avec la Corée du Nord mais aussi conflit ouvert avec la Turquie. Et c’est par la monnaie que Donald Trump va attaquer les Turcs. La livre turque chute fortement. Erdogan doit trouver des solutions (on y vient).
Pendant ce temps-là, le dollar toujours aussi fort limite la progression du cours de l’or. Normalement, avec de telles tensions politiques, l’or devrait jouer son rôle de valeur refuge et donc prendre beaucoup de hauteur. On l’a vu, les investisseurs semblent hypnotisés par le prix des actions qui ne cesse de monter. Ils se désintéressent carrément du métal jaune. On notera ainsi pendant l’été une dépression forte sur le marché or et argent aussi. Surprenant !
L’or en embuscade
Mais on commence à avoir quelques signaux faibles à la fin de ce premier semestre 2018. Il y a les déclarations successives de personnes influentes sur les marchés qui ne comprennent pas le désintérêt des investisseurs pour le métal jaune. On trouve ensuite un groupement d’investisseurs et de hedge funds qui décident d’investir dans les mines d’or, entreprises qu’ils trouvent mal gérées pour certaines mais aussi pas très chères dans ce contexte.
Et enfin, on assiste à un achat massif d’or par plusieurs Etats. On trouve notamment la Turquie qui cherche à se défaire de sa dépendance au dollar mais aussi la Russie et la Chine pour la même raison mais dans une stratégie de moyen terme.
Enfin, le Brexit est signé ou plutôt quasi-signé. Là aussi, on entre dans le concret. Les effets d’une sortie de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne sont analysés. En pratique, de nombreux secteurs d’activité des deux côtés de la Manche seront impactés et parfois très fortement.
Et puis, ce n’est pas si anecdotique, les 10 ans de la grande crise de 2008 sont célébrés. Et on sait que l’économie est faite de cycles. Surtout les économistes commencent à faire pas mal de comparaisons entre les deux périodes : 2008, 2018, même combat ?
Fin 2018 : la revanche de l’or
Cela ne pouvait pas durer. Les alertes sur l’économie américaine étaient multiples. On l’a bien entendu lors de la journée annuelle AuCoffre.com le 1er décembre. Nos intervenants ont répété que le risque était Outre-Atlantique. Un marché actions au sommet, une dette privée énorme (prêts étudiants notamment), des taux d’intérêt en hausse, un cocktail explosif.
Il n’aura pas fallu grand-chose pour faire chuter les actions. Une décision de la FED d’augmenter d’un quart de point les taux malgré la forte pression du président américain et les indices sombrent.
L’or, après un an d’hésitation, reprend son rôle de valeur refuge. Les investisseurs auraient-il enfin compris ?
Bonnes fêtes à tous.