Fabriquées à partir de l’An XI (1803), les premières monnaies d’or de type Napoléon furent des pièces de 20 et 40 francs. Ce sont les plus anciennes pièces d’or françaises à rentrer aujourd’hui dans le cadre de l’or d’investissement. Ces nouvelles pièces devaient remplacer les Louis et enfin respecter les règles du système décimal déjà appliquées aux monnaies depuis le 24 août 1793.
Ces pièces furent gravées par Pierre Joseph Tiolier : sur l’exemplaire ici reproduit, sa signature figure au-dessous de l’effigie du Premier Consul, qui apparaît tête nue, entouré de la légende : BONAPARTE PREMIER CONSUL. Au revers, on lit REPUBLIQUE FRANÇAISE et AN XI (ici, 1803). Tiolier fut certainement inspiré par le denier d’Auguste, le fondateur de l’Empire Romain, pour réaliser cette pièce.
Le 18 mai 1804, Napoléon fut proclamé » Empereur des Français « . Conformément à la tradition monarchique, le nouvel empereur cessa d’utiliser son nom de famille et grava sur ses monnaies : NAPOLEON EMPEREUR. Pendant quelque temps íl conserva au revers, jusqu’en 1809, la mention : REPUBLIQUE FRANÇAISE, telle qu’on la voit sur l’exemplaire ici reproduit de l’an XIV, émis par la Monnaie de Perpignan (identifiée par la lettre Q). Cette apparente contradiction s’explique par le fait que ce titre signifiait d’abord chef du pouvoir exécutif de la République.
Le calendrier républicain fut abandonné le 1er janvier 1806 mais la fiction de la République fut maintenue quelques années encore sur les monnaies. Cependant, dès 1807, Napoléon apparaissait couronné de lauriers. Ce portrait très précis avait été dessiné par Droz et Brenet sous la direction de Tiolier; à partir du 1er janvier 1809 le revers porte la légende : EMPIRE FRANÇAIS.
Le type final, que l’on peut voir ici représenté par un exemplaire de la Monnaie de Turin, frappé en 1811, est une pièce de vingt francs, qui eut cours jusqu’à la chute de l’Empire en 1815 et était appelée populairement le napoléon, ce nom fut appliqué aux émissions suivantes de même valeur.
La famille de Napoléon
L’Empereur avait été amené a créer hors des limites territoriales françaises des royaumes vassaux dont íl confia la direction à ses frères. Le cadet, Jérôme, reçut le royaume de Westphalie, où il régna de 1807 à 1813. Le nouveau royaume comprenait une grande part de la Hesse-Cassel, du Brunswick et du Hanovre, ainsi que les anciens évêchés de Paderborn, Hildesheim et Magdebourg. Jérôme fit frapper ses pièces à la Monnaie de Brunswick.
Napoléon créa un autre royaume pour son frère Louis, celui des Pays-Bas. Mais Louis, devenu roi de Hollande, se préoccupa davantage du bien-être de ses sujets que de la politique de son frère. Il fit de son mieux pour tourner le » Blocus continental » qui ruinait l’industrie hollandaise, et Napoléon, furieux, le destitua après un court règne de quatre ans (1806-1810). Pendant cette courte période Louis fit frapper pour son royaume de Hollande des pièces d’or à la Monnaie d’Utrecht. La petite abeille qu’on trouve au revers du ducat est la marque de cet atelier. L’écu est écartelé aux armes des Pays-Bas (le lion tenant un faisceau de flèches) et de l’empire français. Les légendes, en hollandais, sont les suivantes » Louis Napoléon, roi de Hollande » et » Royaume de Hollande « .
Un autre frère, Joseph, fut placé d’abord sur le trône de Naples, puis sur celui d’Espagne. Au cours de ce dernier règne (1808-1814), Joseph fit frapper des pièces d’or par la Monnaie de Madrid. Dans le royaume de Naples, sa place fut occupée par Joachim Murat, le beau sabreur, qui avait épousé la soeur de Napoléon, Caroline. Murat adopta le nom de famille impérial et fit frapper des pièces d’or au nom de » Gioacchino Napoléon « , roi des Deux-Siciles. Il n’y eut pas juqu’à l’épouse de Napoléon, Marie-Louise, qui n’obtînt le droit de battre monnaie lorsque le congrès de Vienne, au cours de sa réorganisation de l’Europe, lui eut attribué de duché de Parme, Plaisance et Guastalla. Bien qu’elle eût régné pendant trente-deux ans, Marie-Louise n’émit des pièces d’or qu’en 1815, 1821 et 1832.
Les Napoléon Ier en chiffres.
En raison d’une plus grande rareté, ces pièces sont généralement plutôt réservées aux numismates même si elles rentrent dans le cadre de l’or d’investissement.
Comme les autres pièces du “super type” Napoléon 20 Francs, la Napoléon Ier fait 21 mm de diamètre et 6,45161 grammes. Le titre est de 900 °/oo (pour 1000 g., on aurait 900 g. d’or et 100 g. de cuivre, le métal vil nécessaire à la bonne tenue de la pièce). Des tolérances de 2 °/oo pour le poids et de 1 °/oo pour le titre sont acceptées. Lorsque vous souhaitez calculer le poids en or d’une pièce (notamment pour connaitre la prime), il vous faut donc faire 6,45 * 900/1000 = 5,81 grammes d’or pur.
Article de Burton Hobson