Pourquoi le cours de l’or est-il condamné à la hausse ?

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[Guide mis à jour le 8 mars 2013]

L’or fut le premier métal connu de l’humanité primitive, c’est la monnaie ultime depuis plusieurs millénaires. Rien n’a changé. Il nous protège encore et toujours des risques de l’inflation et des variations irrationnelles des monnaies nationales. Avec une once d’or vous pouvez quasiment acheter aujourd’hui la même quantité de biens de base qu’à l’époque de l’Empire romain ou bien de la civilisation égyptienne*.

Le cours de l’or a pourtant bien baissé ces dernières semaines. Mais dans un marché haussier depuis douze ans, il est normal et même sain que le cours de l’or traverse des phases baissières, plus ou moins longues.

Quelques raisons à cela : valorisation du dollar, baisse du pétrole, et grands acteurs qui ont décidé de quitter des marchés considérés comme volatils pour diminuer leur risque et empocher leurs plus-values sur un cours qui avait doublé en moins de trois ans. L’or est une des matières premières les plus traitées. Les échanges représentent plus de 4000 milliards de dollars par an. Normal qu’il soit dans ce cas très entouré et soumis au contexte. Contexte où tout est possible à court terme : forte hausse temporaire pour contrer les baisses boursières majeures, stagnation ou baisse lente si le dollar continue de s’apprécier et le pétrole de chuter.

Sur le long terme une seule possibilité nous semble crédible : la valeur de l’or ne pourra que croître. Voilà une liste de raisons très valables :

•    Plus que tous les autres indices, le prix de l’or a évolué largement entre 2000 et 2012. Il a plus que quadruplé sur cette période sans pour autant avoir encore atteint la moitié des niveaux de 1980 (en données corrigées par l’inflation).

•     L’offre des mines est largement inférieure à la demande finale. Les sociétés exploitant des gisements d’or ont fermé les mines les plus difficiles à exploiter pour améliorer leur rentabilité. La production d’or mondiale stagne. Puisqu’il faut entre 7 et 10 ans pour exploiter de nouveaux gisements, durant cette période la demande sera plus forte que l’offre. L’année à partir de laquelle la production a commencé de diminuer, a déjà été atteinte : c’était en 2001, avec un peu plus de 2 500 tonnes extraites. La quantité de métal jaune produite à ce jour est de 155.000 tonnes, un gros de cube de 20 mètre de côté. Il reste environ 100.000 tonnes d’or dans le sol, dont au maximum la moitié est exploitable.
Petits rappels : La cinquantaine de mines qui rentreront en service d’ici 2015 ne produiront que 600 tonnes et, en parallèle, de nombreux gisements fermeront. Au final, il faut tabler sur une progression de 3 à 4% de la production là où la demande est largement supérieure et uniquement compensée par les ventes des banques centrales (qui se réduisent elles aussi). D’après Barrick Gold, l’un des producteurs d’or les plus important au monde, la hausse des coûts de production est l’une des raisons principales pour que le coût de l’or connaisse une hausse imminente.
En 2012, de nombreux conflits sociaux ont secoué les mines d’or d’Afrique du Sud. Sur fond d’émeutes qui se sont soldées par la mort de dizaines de mineurs, l’extraction minière a connu un conflit d’une rare violence. Et ailleurs sur le continent africain également, traversé par un vent de protestation cette année. Ces conflits ont souligné les conditions d’exploitation de plus en plus difficiles et les conditions de travail des mineurs.
Plus d’infos dans l’article « Grève en Afrique du Sud : l’or du sang ».

•    L’or progresse toujours lorsque les taux réels sont bas. Or, nous sommes dans une période de taux d’intérêt bas, voire très bas (USA notamment). Les performances de l’or dans les périodes de stagflation ont été de nombreuses fois démontrées. Le métal jaune se comporte ainsi très bien lorsque les taux d’intérêt réels sont nuls ou négatifs (l’or ne procure aucun rendement).
Aux Etats-Unis, les taux d’intérêt sont même historiquement faibles, et en baisse depuis trente ans.

•    Depuis 2004, les banques centrales ont conclu les accords de Washington visant à réguler et limiter leurs ventes de réserves d’or. Un afflux massif d’or provenant des banques centrales n’est donc pas à prévoir. Au contraire : les banques sont même devenues acheteuses nettes d’or, dans un mouvement impulsé depuis 2009. En 2012, les banques centrales ont d’ailleurs ajouté plus d’or à leurs réserves qu’à n’importe quelle période depuis la Seconde Guerre mondiale. Elles font mécaniquement monter la demande et donc, la valeur de l’or.

•    Le commerce de l’or étant libéralisé en Chine mais l’importation encore très réglementée, le potentiel de croissance est énorme car la demande ne cesse de croître. Sixième pays détenteur d’or, la Chine a pour ambition de passer au deuxième rang mondial, derrière les Etats-Unis. La grande puissance est déjà un acteur majeur de l’or : c’est le premier producteur. L’objectif de la grande puissance est d’acquérir un stock de 8 000 tonnes d’or. De quoi rivaliser avec les réserves américaines.
Pour la Chine, l’objectif est aussi de pouvoir permettre d’adosser sa monnaie à l’or.  Cela passe aussi par les achats des particuliers, poussés par le gouvernement à acquérir de l’or.

•     L’or redevient une valeur refuge et les achats d’or financier explosent. Déconnecté des performances des actions ou obligations, l’or apparaît comme un outil de diversification de portefeuille pour les fonds de pension et les investisseurs professionnels. L’or a le suprême avantage de ne pas pouvoir être dupliqué à la demande et de ne plus dépendre de la souveraineté d’un Etat. Les caractéristiques de rareté et de sécurité sont donc les bases de l’or. Il a fait ses preuves dans les temps difficiles (exemple durant la crise argentine, les propriétaires d’or n’ont pas souffert de l’énorme dévaluation de la monnaie locale). Tout problème géopolitique est favorable à l’or, de même que toute crise financière (on en a eu encore la preuve lors de la crise boursière de cette année)

•     Les crises récentes des Etats-Unis ont fait prendre conscience aux épargnants que les placements monétaires dynamiques étaient risqués. Cela a déclenché un réflexe d’achat d’or. Qui n’est certainement pas terminé, puisque les Etats-Unis font toujours face à la menace du mur budgétaire, le « fiscal cliff ». Si une cure de rigueur automatique s’enclenche, le pays devra faire face à des mesures d’austérité.

•     Depuis 2002, le dollar ne cesse de perdre de sa valeur face à la plupart des devises. L’or est perçu comme « l’anti-dollar » par excellence. La création monétaire excessive de dollar de la part de FED déprécie la valeur de la monnaie en générant une hausse du niveau des prix aux USA et dans le reste du monde. Le pouvoir d’achat d’un dollar ne cesse donc de s’éroder. Quant à l’or, vu sa rareté, il maintient sa valeur. Le niveau actuel du dollar n’est pas inédit. La parité euro/dollar (reconstituée à partir des anciennes monnaies nationales de la zone euro actuelle) était de 1,70 dollar pour un euro le 7 janvier 1980.
Pour faire face à leurs problèmes de chômage, de dette et de budget, la « FED », la Banque centrale américaine, a décidé en décembre de créer plus de monnaie. Une décision qui a une influence certaine sur le cours de l’or à la hausse.

•    L’or étant coté en dollars, une baisse de ce dernier entraîne une hausse mécanique du cours du métal précieux. Pour contrer la baisse de la croissance américaine, la FED doit maintenir les taux d’intérêt bas et de ce fait le dollar restera faible.

•    La hausse de l’or est aussi liée à la reprise de l’inflation, elle-même associée à l’envolée des cours du pétrole et des matières premières ou agricoles. Sur le long terme, le prix du pétrole risque de ne pas chuter, l’inflation mondiale devrait se maintenir dans la tranche haute pendant de nombreuses années.

En conclusion, si nous devions retenir que trois raisons d’acheter : l’or est une valeur refuge reconnue et acceptée dans le monde entier, la demande des pays émergents est forte et les besoins sur le moyen / long terme sont supérieurs à l’offre.
Bref, vous l’aurez compris, nous ne pouvons que vous conseiller d’investir dans l’or. Maintenant reste à savoir comment. Des explications dans cet article « comment acheter de l’or ».

* : A l’époque du Pharaon Toutmosis III, il fallait l’équivalent de 2 onces d’or (environ 62g) pour acheter un boeuf. Aujourd’hui il faudrait 2,5 onces. L’inflation est plutôt faible en 4000 ans.

[Mise à jour du 05/11/2014]

L’événement du moment, c’est la baisse du cours de l’or, à 915,2€ et 1142$ ce jour, plombé par la hausse du dollar, une baisse sans précédent depuis un plus bas niveau en avril 2010. Cette actualité ne change absolument rien à cet article rédigé en septembre 2008… Ni aux fondamentaux économiques mondiaux, ni aux fondamentaux de l’or qui reste LA valeur refuge par excellente.

Premier constat : les fondamentaux économiques sont toujours aussi mauvais : l’Europe est toujours en lutte contre les forces déflationnistes avec une croissance au point zéro, les taux qui augmentent dangereusement en Russie et au Brésil, le ralentissement de la croissante de la Chine. Sans oublier la politique monétaire ultra accomodante des Etats-Unis, du Japon, qui imprime de la monnaie papier à coups de Quantitative Easings, suivis par bien d’autres pays, signe l’arrêt de mort du système monétaire international.

Derrière l’effondrement du cours de l’or se cache cette réalité : les banques centrales et les gouvernements feront tout ce qui est en leur pouvoir pour sauver leur monnaie papier. Les pays ne pourront pas sortir de ce système sans provoquer de turbulences sur les marchés financiers. Et pendant que le cours de l’or dégringole, les banques centrales continuent d’acheter de l’or à prix bradé.

Les fondamentaux ne changent pas : l’offre des mines reste inférieure à la demande, les taux sont toujours aussi bas, la demande asiatique reste toujours très forte, elle a même explosé depuis la rédaction de cet article, malgré une « reprise » économique américaine, la bourse est toujours à deux doigts du krach boursiers, et les banques européennes sont à deux doigts de la faillite.