Cette fin de mois de septembre 2019 marquera une véritable rupture pour l’assurance vie. Plusieurs assureurs souhaitent en terminer avec la promesse de sécurité de ce placement. Il va falloir accepter de prendre des risques pour conserver un rendement intéressant.
C’est une interview qui a fait l’effet d’une bombe dans le monde feutré de l’assurance. Le Directeur Général de Generali France, Jean-Laurent Granier, a annoncé qu’il allait limiter l’accès à ses Fonds en Euros à capital garanti. Selon plusieurs classements, la filiale française de l’assureur italien est quand même en 5ème position en encours (fonds en euros et unités de compte) derrière le mastodonte CNP, les filiales du Crédit Agricole et de BNP et enfin AXA.
Des taux négatifs en accusation
Quelle mouche a piqué cet assureur ? De manière très pragmatique, il a sans doute vu que les rendements de ses fonds en Euros allaient être très faibles et ce pour plusieurs années. En effet, les banquiers centraux ne semblent vraiment pas prêts à inverser leurs stratégies de taux bas. Il déclare d’ailleurs dans Les Echos : « Nous ne voulons pas donner l’illusion qu’il serait encore possible de servir un rendement à 1,50 % pour un contrat en fonds en euros alors que le taux sans risque est négatif »
Moins de fonds en Euros, plus d’unités de compte !
Pour cela, il va falloir accepter de prendre plus de risque sur ses contrats d’assurance vie. L’idée est de diminuer très fortement la part de placement sécurisé (les fonds en euros) pour augmenter celle des unités de compte. On parle chez Generali d’une limite de 40% de fonds en euros, aujourd’hui, on est plus proche de 80% dans les produits habituels. L’unité de compte, c’est une sorte de panier de valeurs, une agrégation de produits financiers en général assez sûrs mais évidemment moins que les fonds en euros. En échange de ce risque, le rendement peut être meilleur…mais comme c’est un risque, on peut aussi avoir de très mauvaises surprises notamment en cas de crack boursier ou de crise financière majeure.
Changement de promesse sur l’assurance vie ?
L’annonce de Generali va sans doute entraîner dans son sillage des décisions similaires d’autres acteurs du marché. Allianz s’est déjà associé à l’interprétation de cette petite musique. Crédit Agricole vient de prévenir que les rendements de ses fonds en euros seront très faibles en 2019/2020. Une manière d’inciter ses clients à choisir d’autres produits. Le problème, c’est que dans l’inconscient collectif français, l’assurance vie, c’est la garantie à vie de conserver son capital. La « perte en capital » n’est pas une option. Mais avec les investissements en unités de compte, la perte en capital est possible. Donc on change complètement l’esprit du produit.
Faut-il arrêter d’investir dans l’Assurance vie ?
Tout d’abord, ce qui était « promis » au moment de la signature sera évidemment tenu par les assureurs. C’est ce qui leur coûte cher aujourd’hui. Pour garantir le capital et les effets cliquets, ils sont obligés de placer les fonds via des obligations d’Etat…qui aujourd’hui génèrent des intérêts négatifs.
Ensuite, il faut surtout se rapprocher de son conseiller en gestion de patrimoine et être très conscient de cette différence entre les fonds en euros et les unités de compte. On vous rappelle que les assureurs ont un devoir de conseil et qu’ils doivent clairement informer leurs clients des avantages et des risques des produits qu’ils proposent.