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Le cours baissier de l’or, les soupçons de recel, le projet de loi d’encadrement de la vente et du rachat d’or font l’actualité des officines, au plus mal. Comme nous l’annoncions déjà il y a quelques mois, sans business model cohérent, c’est la faillite annoncée.

Un métier à la dérive
Bernard Candiard, directeur général du Crédit municipal de Paris, avait déjà dénoncé, en septembre 2012, les pratiques peu scrupuleuses des « racoleuses » des officines de rachat d’or qui squattent le parvis du Crédit Municipal, à la recherche d’éventuels pigeons.

Le principe du Crédit Municipal, alias « ma tante » ou Mont de Piété, est de prêter de l’argent sur le gage d’un bijou en or par exemple. 9 personnes sur 10 récupèrent ce bijou en remboursant leur prêt.

Les boutiques de rachat d’or, elles, dépouillent ni plus ni moins les plus nécessiteux en attente de cash immédiat de leurs biens, en pratiquant un cours de l’or un peu plus élevé que celui du Crédit Municipal.

Ces racheteurs à la sauvette sèment la confusion et achètent souvent aux pauvres gens leurs biens en or, sans facture, ni aucune possibilité de se retourner contre eux. Une dérive amorale et même sordide quand on sait que ces boutiques rachètent tout : bijoux de famille, pièces, et même dents…

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Les dérives du métier ne se limitent pas à ça. Tracts, appels téléphoniques… le démarchage pour la vente et l’achat d’or est interdit. L’Article L342-1 du Code monétaire et financier stipule clairement que le démarchage et le colportage  sur les matières précieuses est même complètement illégal :
« Sont interdits le colportage et le démarchage en vue de la vente, de l’achat ou de l’échange de l’or en lingots, barres, monnaies étrangères et pièces d’or démonétisées ».

Conséquences : on ferme !
Comme nous l’annoncions il y a un an dans l’article « Les officines de rachat d’or, chronique d’une faillite annoncée » , une baisse du cours de l’or est forcément synonyme de baisse du chiffre d’affaire et donc de fermeture de ces officines. Pourquoi ? Parce qu’en cas de baisse durable du cours de l’or, les gens ne vendent plus car ils attendent que le cours remonte et ils comprennent de plus en plus l’intérêt de placer une partie de leur épargne dans l’or physique, et/ou de conserver celui qu’ils possèdent déjà, donc la boutique finit vite par faire faillite. C’est le problème de ces sociétés qui ne pensent pas épargne mais investissement. Sans business model cohérent avec la nature même de l’or (qui est avant tout une valeur refuge, qui s’inscrit dans le temps), point de salut.

Un communiqué public qui accompagne l’entrée en bourse de Gold by Gold (société spécialisée dans l’achat et le recyclage de l’or) avertissait même de la possibilité de ce risque dans le chapitre dédié aux risques liés aux fluctuations des cours de l’or : « une évolution à la baisse des cours de l’or sur une période durable pourrait impacter négativement et significativement le volume d’activité et les performances de la Société».

Cette faillite annoncée est en effet en train de se dérouler. Le 03 mai dernier, La République des Pyrénées titrait « Rachat d’or : des magasins disparaissent ». « Mardi, la boutique « Achat d’or » située rue Nogué, à Pau, était fermée. Idem pour l’établissement d’Orthez, ouvert en 2011. Depuis, nos appels aux autres établissements de « France Gold Company » ou « Quintela Inversora » de Bayonne, Hendaye, Tarbes ou Bordeaux sont restés vains – impossible notamment de contacter la direction. Ces enseignes de rachat d’or et de bijoux, dont le sort est étroitement lié, semblaient s’être évaporées, laissant plusieurs salariés dans l’embarras. »

Et la place Vendôme n’est pas épargnée. Qui se souvient d’Auraria.fr ? Les personnes flouées sont nombreuses et les pertes pour eux se comptent en centaines de milliers d’euros.

Conséquence de l’absence totale de modèle économique inscrit dans le temps, par des sociétés champignons qui ont voulu leur part du gâteau quand le cours de l’or a augmenté.

Quand on achète de l’or comme assurance, il n’y a jamais de mauvais moment pour en acheter, que le cours soit haut ou bas. Il faut juste savoir le vendre lorsque vous entendez les crépitements des manifestations violentes dans la rue. Des entreprises comme AuCOFFRE.com ou bien Bullionvault, qui proposent l’or comme une assurance anti-crise l’ont bien compris ; c’est pourquoi leur business model est radicalement différent et installé dans la durée. Raisons pour lesquelles de telles structures ont battu leurs records de vente en avril dernier lors de la chute subite du cour de l’or.

Le projet d’encadrement des officines de rachat d’or va-t-il signer leur mise à mort ?
Pas si c’est bien fait ! Il est vrai que cela peut grandement aider les acheteurs qui peuvent y avoir recours en cas d’arnaque, ou d’achat de produits volés. Suite à l’arrestation d’un bijoutier toulousain accusé de recel et pour sa participation à un réseau de cambrioleur, les professionnels de l’or en ont marre d’être montrés du doigt et redoutent ce futur projet de loi.
Cet article rappelle que des règles existent déjà, auxquelles le gouvernement souhaite aussi reconnaître au consommateur  » un droit de rétractation de 7 jours « , avec obligation pour le professionnel de joindre un bordereau de rétractation au contrat, ce qui risque plus d’entraver le commerce que de protéger le client…

En attendant la règle de sécurité la plus élémentaire à observer reste quand même l’achat de pièces comme produits en or, auprès de spécialistes (comptoirs, numismates, sociétés en ligne…) ayant pignon sur rue et dont la provenance des pièces est certifiée. Un délai de rétractation ne suffira pas à éviter le recel.

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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