Parmi la série de mesures annoncées récemment par le Gouvernement, la réforme du régime fiscal appliqué aux gros patrimoines immobiliers pourrait finalement être favorable à l’or et aux métaux précieux.
Emmanuel Macron l’avait promis, il allait y avoir du changement du côté de l’impôt de solidarité sur la fortune. Et fidèle à l’idée qu’il avait déjà ébauchée du temps de son passage à Bercy sous François Hollande, il a décidé de concentrer la majeure partie de cet impôt symbolique sur le seul patrimoine immobilier.
On pourrait croire que les plus riches se frottent les mains, à commencer par ceux qui payaient jusqu’ici l’impôt de solidarité sur l’ensemble de leur patrimoine au-delà de 1,3 million d’euros, et qui seront donc maintenant exonérés sur tout ce qui n’est pas immobilier. Mais c’est loin d’être le cas et cette réforme s’annonce même plutôt décevante sur le plan économique.
Une réforme qui s’annonce décevante pour tout le monde
Tout d’abord, ce nouvel « impôt sur la fortune immobilière » ne devrait plus rapporter que 2 milliards d’euros par an à l’État. Ce qui n’est pas une très bonne affaire quand on sait que l’ISF n’était déjà pas « rentable » alors qu’il rapportait presque le triple jusqu’alors.
Ensuite, le fait même de cibler l’immobilier est considéré par certains comme une erreur stratégique. En France, on a coutume de dire que « si le bâtiment va, tout va« . Une façon de montrer que l’immobilier constitue un indicateur fort de la bonne santé de l’économie, un fondement de la richesse nationale. Par conséquent, on peut s’étonner de voir cet impôt de solidarité des plus riches vers les plus pauvres se concentrer ainsi sur les actifs parmi les plus sensibles. L’immobilier, c’est de l’emploi, c’est de la sécurité, c’est de la dynamisation des territoires, c’est de la cohésion sociale aussi ; en clair, c’est un élément essentiel de la bonne marche économique et sociale du pays. En s’y attaquant de manière aussi exclusive, on fragilise finalement toutes les strates de la société.
L’immobilier perd son attrait de valeur-refuge
Mais l’immobilier, c’est également une valeur- refuge qui prend tout son sens en temps de crise. Actuellement, les indices boursiers connaissent une nette embellie et d’aucuns pourraient en déduire un peu vite que le monde va mieux. En réalité, l’instabilité géo-politique a rarement été aussi grande : Nord-Coréens et Américains multiplient les provocations belliqueuses, l’Iran teste ses capacités balistiques, la Russie tolère de moins en moins les incursions de l’Otan aux abords de ses frontières, sans oublier la menace islamiste qui enfle un peu partout. Quant à l’économie, elle n’est pas en reste : dettes souveraines inextinguibles, perte progressive de confiance dans les monnaies, maintien des marchés sous perfusion constante de liquidités fabriquées sans limites par les banques centrales, etc.
Dans un tel contexte, l’épargnant avisé ainsi que l’investisseur prudent savent qu’il est indispensable d’assurer leurs arrières en se ménageant une épargne de précaution, le plus souvent dans la « pierre » ou les métaux précieux. Sauf qu’aujourd’hui, entre la baisse généralisée des loyers de 5 euros par mois qu’on leur demande d’appliquer (pour compenser la baisse des APL) et le maintien de l’ISF sur le seul patrimoine immobilier, les propriétaires français ont un peu l’impression d’être dans le collimateur de l’État.
Déjà des conséquences sur le marché
Pour l’instant, les propriétaires ne vendent pas encore leurs biens, ils se contentent de limiter les frais. Mais il est très probable qu’un certain nombre d’entre eux aient prochainement envie de se défaire de leur patrimoine immobilier afin de répartir leur capital sur des actifs moins « fiscalement sollicités ». S’en suivra peut-être une baisse des prix du marché, mais qui ne profitera sans doute qu’aux « petits » acheteurs, ceux qui ne risquent pas de dépasser le plafond des 1,3 million d’euros de patrimoine immobilier.
D’ici là, il va devenir compliqué pour les propriétaires de choisir entre conserver un bien qui leur coûte cher (et on a bien compris qu’une hausse des loyers risque d’être mal perçue) et tenter de le revendre dans un contexte où les gros investisseurs risquent de bouder le marché. Selon le journal Les Échos, le nombre de ventes a bien connu une légère hausse au cours des douze derniers mois, mais il a surtout reculé d’environ 10% durant l’été en raison des réformes annoncées.
Par conséquent, lorsque les investisseurs voudront de nouveau (et très bientôt) protéger leur patrimoine des éventuelles turbulences à venir, ils pourraient bien se retrouver devant un choix des plus restreints au premier rang duquel l’or et l’argent feront figure d’épargne refuge par excellence. Actuellement, en dépit d’une faiblesse du dollar qui maintient le cours de l’or à son plus haut de l’année ou presque, le métal jaune reste encore très accessible. Mais gageons qu’il pourrait bien repartir à la hausse à brève échéance, notamment sous la pression des tensions géo-politiques internationales, mais aussi en raison de fiscalités locales comme la nôtre qui n’ont décidément pas compris que l’impôt ne doit pas inciter les investisseurs à fuir.