C’est un mouvement qui prend de l’ampleur : 42 Etats américains sont en train de faire passer des lois pour supprimer les taxes sur la vente d’or, d’argent métal et pour certains de platine et de palladium. En période d’inflation, cela semble évident. Bientôt en France ?
Zéro taxe sur les ventes d’or et d’argent
Aux Etats-Unis, chaque Etat fixe sa taxe sur la consommation qui ressemble fortement à notre TVA. Tout voyageur français aux USA doit s’habituer à ces prix qui gonflent au passage en caisse avec l’ajout de cette taxe locale. Dans de nombreux Etats, les pièces d’or et d’argent, les lingots et lingotins sont taxés comme des bien de consommation courante (un ordinateur, des vêtements, des meubles, etc.).
Les défenseurs d’une « sound money » sans taxe
La « sound money » ou monnaie saine est une vision des économistes de l’Ecole Autrichienne, notamment de F. Hayek. Le principe est d’avoir une monnaie stable en valeur notamment en période d’inflation. On oppose ainsi la rareté de l’or par exemple à l’hélicoptère monnaie des keynésiens. Et donc les défenseurs de la monnaie saine aux Etats-Unis ne comprennent pas pourquoi l’or et l’argent métal sont taxés comme des produits de consommation alors qu’ils sont utilisés comme réserve d’épargne ou comme un investissement patrimonial. Les pièces, les lingots ne sont pas consommés, ils sont conservés, stockés. De plus, c’est une taxation particulièrement injuste en période d’inflation où le prix des métaux précieux augmentent. Ces investissements protègent des petits patrimoines de retraités notamment : quelques pièces, quelques grammes d’or ou d’argent. En 2017, Jean-François Faure (pdg du groupe AuCOFFRE, éditeur de ce site), s’était adressé à Richard Ferrand, alors Ministre de la Cohésion des Territoires dans une lettre ouverte. Le ministre souhaitait augmenter les taxes sur l’or et l’argent en tant que « produits de luxe ». Jean-François Faure en appelait aux principes poussés aujourd’hui par les américains : l’or et l’argent sont des produits d’épargne des « petits patrimoines », des armes anti-inflation.
Bon à savoir : La traduction de sound money est bien : monnaie saine. On aurait pu pencher pour une monnaie « sonnante » (et trébuchante) en vieil anglais ou en français. Mais finalement, c’est sans doute l’origine saxonne du terme qui est la bonne, en raison de son usage par l’école Autrichienne. Sund en allemand se traduit par sain. Chez Hayek, on parle aussi de Sound Finance, l’équilibre financier.
La détaxation gagne du terrain
L’an dernier, l’Arkansas et l’Ohio ont changé la loi : zéro taxe et moins de réglementations sur la vente d’or et d’argent. A ce jour 42 Etats ne taxent plus le commerce des métaux précieux. Les 8 derniers Etats, dont certains très importants comme le New Jersey, sont en train de modifier leur législation. Il faut dire que le business de l’or avait déserté les dernières régions fiscalisées. Un vrai manque à gagner pour les administrations locales.
On ne taxe pas le dollar donc pourquoi taxer les pièces d’or ?
L’autre argument des défenseurs de la détaxation de l’or et de l’argent métal, c’est qu’on ne taxe pas le dollar ou n’importe quelle monnaie d’usage. C’est d’ailleurs un des arguments développés par Yannick Colleu lors de la rencontre annuelle Aucoffre : comment taxer une pièce d’or ou d’argent à cours légal exprimée en euros, comme la Philarmonique autrichienne ? En effet, l’important, pour une monnaie, ce n’est pas le coût de son support et de sa fabrication (papier, alliage, or, argent, etc.) mais bien sa valeur exprimée.
Etape suivante : supprimer l’impôt sur les plus-values sur l’or et l’argent
Le lobby très puissant de « la monnaie saine » veut maintenant s’attaquer à une autre fiscalité sur les métaux précieux : l’impôt sur les plus-values. Pour eux, c’est particulièrement injuste notamment en période d’inflation. En effet, pour ces libéraux, le prix de l’once d’or augmente mais sa valeur, elle, ne bouge pas. C’est bien la monnaie dans laquelle le cours est exprimée qui baisse. Et pire, si l’inflation est là, c’est parce qu’il y a eu, selon les « Hayekiens », une mauvaise maîtrise de la monnaie fiat par le régulateur. Les détenteurs d’or se retrouvent donc imposés parce que l’Etat fédéral a mal effectué son travail alors qu’ils ont eu, eux, une attitude responsable en épargnant et en protégeant leur patrimoine.
