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La Chambre des Communes a rejeté massivement l’accord de Brexit négocié par la Première Ministre britannique avec l’Union Européenne. Les commentateurs au lendemain de ce vote historique sont complètement perdus. Theresa May a 3 jours pour proposer un plan B…Mais lequel ?

Le vote de la Chambre des Communes du Parlement Britannique est réellement l’illustration du chaos politique et institutionnel dans lequel les anglais sont plongés depuis le 23 juin 2016. Ce jour-là, les électeurs votent pour la sortie de la Grande-Bretagne de l’Europe. Le 15 janvier 2019, des élus d’opposition et de la majorité ont voté contre le même accord mais pas pour les mêmes raisons : 432 contre, 202 pour l’accord !

L’histoire retiendra la situation très inconfortable de Theresa May en ce début d’année 2019, on espère qu’on se rappellera aussi des démissions en série de ministres et leaders pro-brexit. Personne ne veut prendre sa place visiblement.

Hard Brexit : les conséquences

Pour l’instant le Hard Brexit s’annonce. En effet, les élus britanniques ont rejeté l’accord négocié pendant de longs mois -il fait plus de 600 pages- et donc, la sortie de l’Angleterre doit se faire sans aménagement. Retour aux barrières douanières, fin des réglementations et des normes européennes pour les activités anglaises et surtout rétablissement d’une frontière terrestre en Irlande entre le Nord et le Sud.

Cette histoire de frontière est sans doute la plus grande peur de nos voisins d’outre-manche. La guerre civile est encore dans toutes les mémoires. C’est un traumatisme important pour de nombreuses générations.

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Du point de vue des européens et notamment des pays qui commercent directement avec les anglais, c’est bien évidemment le coût administratif, réglementaire et douanier d’un rétablissement d’une frontière qui inquiète. Cela fait des décennies que le business est organisé avec notre voisin « un peu particulier » qui conserve sa monnaie, roule dans l’autre sens… mais qui, finalement, fait bien partie de la famille. La finance organisée autour de la City va se retrouver bouleversée. C’est sans doute pour cela que Goldman Sachs communique quelques heures après le vote.

« Nous pensons que la perspective d’un Brexit ‘sans accord’ désordonné s’est un peu plus éloignée », écrit Adrian Paul, économiste de la banque pour l’Europe »

Bizarrement, nous avions nous compris l’inverse. Dans sa note, le banquier ajoute : « on se dirige vers le report de la date de sortie du 29 mars. Il faut vite rassurer les milieux financiers et donc préparer le plan B. Les banques britanniques sont concrètement impactées par une sortie de l’UE ne serait-ce que sur les frais dans les échanges en Euros avec les autres pays.

[mise à jour]. Du côté du gouvernement français, on se prépare plutôt à un Hard Brexit. Le Premier Ministre Edouard Philippe a déclaré : « l’hypothèse de sortie du Brexit sans accord est de moins en moins improbable ». Il a donc déclenché le plan lié à un Brexit sans accord. Il s’agit de mesures réglementaires et d’investissements notamment pour les villes « frontières » : aménagement des ports, de parkings pour les contrôles mais aussi de recrutement de douaniers. [18/01/2019]

Pour l’économie, les projections d’un Hard Brexit sont très pessimistes. Outre le coût de la sortie, ce sont des secteurs d’activité entiers qui seront touchés. Quelques exemples :

  • L’assurance : activité où les britanniques sont en pointe et dont les contrats sont vendus par de nombreux courtiers ;
  • L’aéronautique : l’avionneur européen Airbus intègre dans son process industriel des usines en Angleterre et en Ecosse ;
  • La viticulture : plus anecdotique sauf pour les principaux concernés : les anglais sont de gros consommateurs de vin français.

Plan B, mais lequel ?

Theresa May a donc 3 jours pour proposer une solution. Sinon, c’est la sortie brutale, le Hard Brexit. Il existe des partisans de cette solution : on verra bien le 29 mars : Go Brexit !

Première option : un accord renégocié et acceptable par les parlementaires, cela semble bien court pour y arriver. Et surtout les négociateurs européens ne semblent pas prêts à lâcher de nouvelles concessions.

Deuxième option : retour aux urnes pour les britanniques avec un nouveau référendum. Les partisans de ce retour au vote estiment que les électeurs ont maintenant bien compris les enjeux, les incidences et les risques d’une sortie de l’Europe. Il faut bien avouer qu’à la lecture des journaux britanniques et de la stupéfaction provoquée par les projections économiques concrètes, peu d’anglais avaient une vision claire du Brexit.

Troisième option : On retarde la sortie. On repousse la date du 29 mars. Cela donne le temps aux anglais de s’organiser. Sauf, qu’au mois de mai il y a des élections européennes. Les anglais étaient déjà exclus de ce vote. Les sièges de leurs députés sont redistribués. Il faudrait donc repousser les élections aussi ?

Le chaos institutionnel et politique

Les milieux économiques détestent l’incertitude. Et ce vote ajoute un niveau supplémentaire dans ce sens. Le Brexit est un caillou, un rocher dans les Richelieux des acteurs de la finance. Le 24 juin 2016 après les résultats du référendum, cela avait été la panique sur les marchés. Au lendemain de ce vote du parlement, le 16 janvier, les marchés ouvrent tranquillement et même un petit peu à la hausse. La Livre Sterling a un peu souffert puis s’est redressée. Comment dit-on : à force de crier au loup en anglais ? « By crying wolf »…

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Jean-François Faure
Jean-François Faure. Président d’AuCOFFRE.com. Voir la biographie.

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