La demande en or continue à augmenter en Europe, révèle le World Gold Council dans son dernier bilan trimestriel. Mais à l’échelle mondiale, elle recule néanmoins… la faute à un marché indien qui continue de baisser ses importations d’or, et à un marché chinois qui marque le pas.
Une baisse de la demande en or ?
La demande en or ces derniers mois est marquée par une baisse de 12 % par rapport à l’année dernière. Là où plus de 1000 tonnes d’or avaient été échangées sur les marchés au deuxième trimestre 2014 (1038 tonnes précisément), la demande en métal précieux est passée à 914,9 tonnes pour le deuxième trimestre 2015.
Dans les premiers mois de l’année, la demande était restée relativement stable selon le World Gold Council. Mais dans un marché marqué par une baisse de la demande en Inde et en Chine – pays traditionnellement portés à un appétit très fort pour le métal jaune -, l’équilibre avait été permis par un intérêt croissant européen.
Pour ce deuxième trimestre, l’équilibre est moins évident. La demande sur les marchés indiens et chinois continue de baisser, et notamment en Inde. Le pays a importé 25 % moins d’or qu’au deuxième trimestre 2014, en raison d’un marché de la joaillerie qui fait grise mine. La baisse de la demande chinoise est nettement plus relative (3 %, soit 8 tonnes de moins), mais elle impacte elle aussi le marché mondial. Résultat, un marché globalement en baisse, et ce malgré un intérêt européen toujours aussi marqué (+ 14 %).
Cette baisse de la demande reste donc bien relative : elle s’explique notamment par la crise rurale en Inde.
Le marché indien impacté par la crise rurale
En Inde, l’or est un véritable pilier culturel. Le métal précieux y est échangé sous forme de bijoux : colliers ou bracelets font ainsi l’objet de nombreux cadeaux à l’occasion de mariages, anniversaires ou autres étapes familiales.
Fortement relancé en 2014 après la levée de restrictions du gouvernement, l’importation d’or est néanmoins en baisse au deuxième trimestre 2015. La demande d’or était de presque 205 tonnes d’or à la même époque en 2014, elle est passée cette année à 154,5 tonnes d’or. Près de 25 % de baisse donc selon les chiffres du World Gold Council.
Le Conseil mondial de l’or attribue cette faiblesse à la crise rurale… et plus particulièrement aux conditions climatiques hasardeuses qui ont fortement impacté sur le quotidien des populations rurales en Inde. Les cultures ont ainsi été touchées par des vagues de chaleur dans certaines régions, par des typhons et autres tempêtes dans d’autres. Les métiers en lien avec l’agriculture (ingénierie et matériels agricoles), puis l’ensemble de la chaîne ont ensuite été impactés.
En Inde, l’or sécurité en temps de crise
Couplé à une inflation des prix des matières premières, la crise rurale a des conséquences directes sur le pouvoir d’achat des Indiens. Les bijoux, achetés dès que les conditions permettent afin d’assurer une certaine sécurité financière, ne sont pas la priorité… le temps que passe la crise. Et c’est justement le moment que vont probablement choisir certaines populations pour revendre une partie de leur or, véritable sécurité en cas de crise. « Et si la prochaine récolte est mauvaise ou que vos enfants tombent malades et que vous avez besoin d’un peu d’argent, vous retournez vendre votre bijou chez l’orfèvre », raconte ainsi Timothy S. Green, auteur du livre Le Monde de l’or…
Le calendrier des mariages a également joué un rôle dans cette baisse de la demande. Selon le World Gold Council, le calendrier hindou ne montrait pas de période propice aux mariages entre le 11 juin et le 1er novembre, alors que l’année dernière la période la plus propice a couru jusqu’au début du mois de juillet. Dans les prochains mois néanmoins, les achats liés aux traditionnels cadeaux d’or pour les mariages devraient connaître un regain d’activité… et le marché par la même occasion, notamment si la crise rurale s’estompe.
L’Europe a de l’appétit pour l’or
En comparaison avec celle de son voisin indien, la baisse de la demande en or en Chine est faible. Le World Gold Council relève une demande égale à 216,5 tonnes d’or au deuxième trimestre 2015, alors qu’elle était de 224,1 à la même époque en 2014. Une différence de 8 tonnes de métal précieux donc, soit une baisse de 3 % attribuée à la morosité des marchés chinois ces derniers mois.
Étonnamment, le chiffre est le même pour les Etats-Unis… mais à la hausse. Avec une tonne d’or en plus au deuxième trimestre 2015 par rapport à 2014, le World Gold Council relève une hausse de 3 % de la demande en or américaine… mais au global, celle-ci reste relativement faible avec 37,9 tonnes d’or.
Bien moins donc que le continent européen, qui continue à marquer un certain intérêt pour le métal précieux. Avec 14 % d’augmentation entre le deuxième trimestre 2014 et le deuxième trimestre 2015, le vieux continent garde la même ligne qu’au début de l’année 2015 : une demande en or dopée par les crises géopolitiques et économiques, et notamment les craintes liées à la Grèce ces dernières semaines.
La demande en or en France est sensiblement la même qu’en 2014 à la même époque, et autant aussi qu’au début de l’année 2015. L’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et la Grande-Bretagne montrent le même intérêt. « « L’attitude des investisseurs occidentaux envers l’or a évolué », relevait déjà le World Gold Council au début de l’année 2015.