Les eurobonds font les gros titres de la presse politico-économique. Leur introduction, solution soutenue par François Hollande et son gouvernement, est plébiscitée par les pays les plus fragiles de la zone euro. L’Allemagne n’est pas de cet avis. Les eurobonds pour elle, c’est « Nein ! ». Mais, quand bien même l’Allemagne changerait d’avis, les eurobonds se révèleront-ils une solution suffisante et efficace pour stopper l’endettement et sortir les pays de la zone euro de la crise ? Rien de moins sur !
Un eurobond, aussi mentionné sous le terme d’euro-obligation, est un emprunt réalisé en commun par des pays de la zone euro. Leur mise en place permettrait de mutualiser les dettes, et du même coup les risques, des Etats de la zone. Ils faciliteraient l’emprunt aux pays les plus en difficulté, ceux qui ont perdu leur crédibilité sur les marchés financiers et ne peuvent emprunter qu’à des taux élevés. Les taux d’intérêts des eurobonds seraient calculés en fonction des taux d’emprunts de chaque pays participant.
Les euro-bonds permettraient donc de limiter la spéculation sur la dette et de freiner sa spirale infernale. Les pays comme l’Espagne et la Grèce y sont forcément très favorables. L’Allemagne, qui bénéficie déjà de taux d’intérêt très avantageux, nettement moins !
La position allemande, un non ferme et définitif ?
Le « Nein » allemand est un obstacle de taille pour la mise en place des euro-obligations, car l’accord de tous les participants est nécessaire. L’Europe est donc suspendue à ce non allemand. Mais peut-être pas pour longtemps, isolée qu’elle est parmi les avis favorables des autres pays de la zone euro. Même Barack Obama a signifié son soutien en se déclarant favorable aux choix économiques de François Hollande, par ailleurs défenseur des eurobonds.
Les eurobonds existent déjà, et ils n’ont pas fait leurs preuves !
A bien y réfléchir, le principe de la mutualisation des dettes et des risques des états de la zone euro existe déjà. Qu’est ce que la monnaie unique, si ce n’est une mise en commun des garanties financières, qui a permis aux pays les plus fragiles de s’endetter massivement sous couvert de la solvabilité franco-germanique ? Qu’est ce que le Fond Européen de Stabilité Financière (FESF), si ce n’est une mise en commun des risques, qui donne la possibilité aux pays comme la Grèce, l’Espagne ou le Portugal d’emprunter à des taux plus bas, sous caution des emprunteurs « de confiance » comme l’Allemagne.
La mise en place de l’euro et de la FESF n’ont pas franchement permis aux pays en difficulté de se relever de leur marasme économique. L’efficacité des eurobonds serait donc toute relative. Certes, les eurobonds permettraient, un temps, aux pays dont la note a été fortement dégradée d’emprunter de nouveau à des taux acceptables. Mais, de nouveaux emprunts, quels que soient leurs taux, sont-ils bien la solution pour des pays qui croulent déjà sous une dette au-delà de leur capacité de remboursement ? Cette dette européenne n’est pas une solution définitive, elle pèsera à terme sur les États membres.