L’or physique, une solution de paiement en cas de crise : ça vous parle ? C’est précisément ce que l’on observe dans certaines régions du Venezuela : alors que la monnaie nationale – le bolivar – perd de sa valeur, les dépenses du quotidien sont réglées avec des pépites d’or.
Un contexte économique d’hyperinflation
« La pire crise économique d’Amérique latine » écrit Courrier International, des Vénézuéliens qui « vont acheter du pain munis d’une brouette de billets » rapporte RTBF.be. Mais que se passe-t-il, au juste ? La situation tient en deux mots : crise et hyperinflation. Pour resituer le contexte, il faut rappeler que le Venezuela tire la majeure partie de son revenu de la production de pétrole, qui coûte elle-même très cher. Avec la baisse des cours des matières premières, la production s’est effondrée, comme le revenu du pays (- 80 % de PIB en quelques années).
Tout sauf le bolivar !
Conséquence de cette crise, les prix flambent à vitesse grand V et la valeur du bolivar fond comme neige au soleil. C’est ça, l’hyperinflation : 10 000 % en 2019, 3 000% en 2020 et 250 % en 2021. Aussi, les Vénézuéliens n’ont pas d’autre solution que de se tourner vers des devises stables comme le dollar, le peso (qui a cours légal dans d’autres pays d’Amérique latine), voire l’euro ou les cryptomonnaies. Le pays a même créé sa propre crypto-monnaie, le Petro. Mais difficile pour le citoyen lambda d’y avoir accès. Nous ne sommes donc pas dans la situation du Salvador où le Bitcoin est devenu monnaie officielle. Cette opération a en effet été largement accompagnée d’un déploiement de Distributeurs Automatiques de Billets (DAB) qui permettent de convertir la monnaie numérique en billets verts.
Au Vénézuela, les ménages aux revenus modestes qui n’ont pas accès à ces monnaies se tournent vers le troc, avec de l’or. L’or physique étant plus facilement accessible dans les régions d’extraction. Une bonne monnaie c’est de la confiance et une facilité d’usage.
« Un huitième de gramme d’or la coupe de cheveux »
Ce tarif fait partie des nouveaux prix pratiqués par les commerces qui acceptent l’or physique comme moyen de paiement (source). En particulier dans les régions minières du Venezuela, comme à Tumeremo. Dans l’un des hôtels de la ville, la nuit est facturée un demi-gramme d’or et le propriétaire des lieux réutilise le métal jaune pour payer ses employés. Et, au cœur de cette crise de confiance, les billets de bolivar continuent à circuler… mais cette fois pour envelopper des pépites d’or, celles qui servent à régler les dépenses du quotidien.