On commence à observer des signes inquiétants de protectionnisme : certains pays conditionnent leurs aides publiques à l’utilisation de fournisseurs domestiques pour les entreprises aidées (Etats-Unis, France…) ; les critiques des régimes de change (Chine…) se multiplient. Nous nous demandons qui seront les pays gagnants et qui seront les pays perdants si le protectionnisme se généralise, sachant que globalement il y a perte de bien-être. Si chaque pays met en place des mesures qui favorisent sur son marché national les produits domestiques (droits de douane, barrières non tarifaires, politiques de change sous-évalué…), les pays « gagnants » sont ceux où :
• la production domestique est facilement substituée aux importations ; ceci peut se révéler par une forte élasticité-prix des importations et par une faible part de marché des importations sur le marché domestique ;
• les exportations sont peu affectées, donc sont difficilement remplacées par les productions des autres pays ; ceci peut se révéler par une faible élasticité-prix des exportations et par une forte part de marché sur le marché mondial.
Les pays gagnants ont donc un appareil productif dont les productions sont indispensables aux autres pays et peuvent facilement remplacer les importations. Les pays perdants ont les caractéristiques opposées.
Les caractéristiques des pays gagnants semblent cependant, a priori, difficiles à réunir : il faut des productions sophistiquées (que les autres pays n’ont pas), mais aussi une gamme large de productions (substituables aux importations).
L’analyse économétrique des exportations et des importations et l’examen des parts de marché montre que :
Les émergents seraient les gagnants du protectionnisme : ils continueraient à exporter et pourraient réduire leurs importations ;
Les pays européens seraient les perdants du protectionnisme : ils perdraient des exportations et ne pourraient pas beaucoup réduire leurs importations.
Il serait donc paradoxal que les pays de l’OCDE utilisent le protectionnisme pour s’abriter des pays émergents. EXTRAIT FLASH ECONOMIQUE DE PATRICK ARTUS