Publicité

Une fois de plus, la CGT menace de paralyser l’économie française en prenant comme alibi la défense des salariés contre le capitalisme. Pourtant, à y regarder de plus près, le syndicat du prolétariat a depuis longtemps adopté une gestion interne pour le moins capitaliste dont l’ambiguité frise parfois la caricature.

En ce moment, c’est la Loi Travail qui cristallise l’essentiel des protestations de la CGT (qui devrait pourtant se satisfaire de l’accroissement des exigences qu’elle introduit en matière d’accords d’entreprise). Et ce nouveau bras de fer avec l’État comme avec le patronat lui donne l’occasion de resservir son éternel refrain contre le capitalisme, l’actionnariat ou encore l’iniquité des profits réalisés sur le dos des pauvres travailleurs. Sauf que c’est aujourd’hui comme cela que fonctionne la CGT…

Un financement particulièrement opaque

Un syndicat est avant tout une association dépendant de la loi de 1901, et à ce titre son financement est assuré par les cotisations de ses membres. Malheureusement, dans le cas de la CGT (comme dans celui de la plupart des organisations professionnelles), le nombre de cotisants a tellement baissé au cours de ces 30 dernières années qu’il ne suffit plus à couvrir l’essentiel des besoins du syndicat. Aujourd’hui, si les cotisations rapportent encore aux alentours de 75 millions d’euros par an, les aides de l’État avoisinent les 200 millions, sans compter les « décharges syndicales » qui permettent à certains représentants de ne plus occuper leur poste en entreprise afin de travailler pour leur syndicat… tout en continuant à percevoir leur salaire.  Autant de sommes qui viennent directement de la poche des contribuables.

Mais le financement de la CGT et des autres syndicats provient également de sources moins connues, comme par exemple une partie des fonds normalement destinés à la formation professionnelle, ou encore une nouvelle taxe imposée aux entreprise depuis 2015 et qui s’élève à 0.016% de tous les salaires versés. Oui, vous avez bien lu : tous les salariés français sont désormais ponctionnés sur le fruit de leur travail pour payer des syndicats qui ne représentent plus aujourd’hui qu’un peu plus de 5% des travailleurs.

Enfin, la CGT bénéficie également d’importantes rentrées d’argent venant de ses nombreuses propriétés de prestiges ainsi que de ses placements financiers juteux, dont les revenus sont estimés à plusieurs millions d’euros par an.

Publicité

Un capitalisme discret… mais rentable

Comme toutes les organisations syndicales majeures, la CGT est depuis 2008 obligée de publier ses comptes au Journal Officiel. Une contrainte qui n’est pas du goût des responsables car elle a permis de révéler un certain nombre de petits secrets embarrassants. Par exemple, en 2012, un cabinet comptable indépendant a entrepris de collecter l’ensemble des déclarations des 30 plus grosses délégations régionales de la CGT afin d’avoir un aperçu aussi fidèle que possible du bilan global de celui qui se présente comme le premier syndicat ouvrier de France. On découvre alors que la CGT possède une trésorerie courante de 82 millions d’euros dont la moitié au moins est placée en SICAV monétaires, obligations, instruments financiers et autres comptes à terme. Chaque année, en se basant sur la rentabilité moyenne de tous ces produits, la CGT encaisse donc potentiellement entre 1 et 1.5 millions d’euros d’intérêts. De l’argent sale au regard de la philosophie cégétiste puisque tiré exclusivement des profits du capital.

De la même façon, on apprend qu’environ 8 à 9 millions d’euros seraient constitués de participations dans le capital d’entreprises commerciales privées. Et qui dit actionnariat dit potentiellement dividendes… La CGT ferait donc partie de cette odieuse clique des actionnaires dont elle s’est faite, officiellement, l’ennemie jurée.

Quant à la trentaine de millions d’euros restant, ils sont déposés sur des comptes et des livrets classiques (là encore rémunérés) dont la liquidité permet une mobilisation rapide… mais pas forcément au profit des adhérents.

Un syndicat qui mène la vie de château

Car la CGT possède des biens immobiliers dont elle assure l’entretien, à commencer par une bonne douzaine de châteaux qui sont présentés comme des « résidences de vacances à l’usage des adhérents« . En réalité, la plupart de ces demeures luxueuses ne voient pas passer le moindre syndicaliste en congés payés, mais servent surtout à générer de l’argent grâce à des manifestations prestigieuses. L’ennui c’est que, bien souvent, la gestion de ces domaines ne répond pas aux exigences élémentaires de transparence, voire de régularité des comptes, qu’on attend de toute entreprise. Bien qu’elle soit justement assurée par des comités d’entreprise. D’ailleurs, la Cour des Comptes épingle régulièrement la gestion pour le moins défaillante de ces activités que la CGT n’hésite pas à qualifier de « sociales ».

Ainsi, il y a 5 ans, les médias s’étaient fait l’écho d’une affaire concernant un château du XVIIe siècle appartenant à la CGT-RATP (oui, oui, ceux-là même qui font grève pour punir les vilains bourgeois que nous sommes de ne pas avoir suffisamment de considération pour les malheureux conducteurs qui souffrent dans la sueur et la poussière d’un labeur harassant au volant de leurs machines qui sillonnent les artères polluées et les entrailles obscures de Paris !)

« Située à Fontenay-lès-Briis, cette splendide propriété nichée dans la vallée de Chevreuse, au cœur d’un parc boisé de 75 hectares, est agrémentée de trois terrains de tennis, d’un minigolf et d’un camping. Les amateurs de promenades à bicyclette peuvent également s’égayer sur le parcours VTT du domaine et les pêcheurs goûter aux joies d’un étang à truites. » Voilà comment se présente cette « résidence de vacances ouvrière », sauf qu’aucune de ses chambres n’accueille plus de vacanciers depuis longtemps. En revanche, le château de Fontenay-lès-Briis s’est surtout illustré ces dernières années par le faste de ses fêtes «Grand Siècle» aux finances douteuses : défaut de contrôle des dépenses, facturations abusives, absence de justificatifs, pas de contrôle des encaissements (plusieurs centaines de milliers d’euros à chaque fois) et aucune trace d’un quelconque reversement dans les caisses du comité d’entreprise chargé d’organiser ces agapes annuelles.

Bref, entre le discours de la rue et la réalité financière de la CGT, il y a un véritable gouffre de malhonnêteté idéologique qui rend ce syndicat encore moins légitime à représenter quiconque à part lui-même. Et s’il se débat aujourd’hui aussi durement sur fond de Loi Travail, c’est sans doute parce qu’il sait que ses jours sont comptés…

Article précédentLes Français maîtrisent de moins en moins leur pouvoir d’achat
Article suivantLe surendettement de plus en plus fréquent des classes moyennes
Anthony Alberti
Entrepreneur depuis vingt ans dans le domaine de la communication et l'information stratégique, il a été amené à travailler plusieurs fois en partenariat avec des banques et des assurances, dont la principale matière d'œuvre était constituée de l'argent des épargnants. Peu complaisant à l'égard de leurs pratiques dont il a entrevu les coulisses, il délivre aujourd'hui régulièrement son analyse sans concession (et souvent piquante) non seulement sur les agissements des professionnels de la finance, mais aussi de tous ceux qui, de près ou de loin, se font les auteurs ou les complices des manipulations qui spolient chaque jour un peu plus les honnêtes citoyens.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Veuillez entrer votre commentaire !
Veuillez entrer votre nom ici