Vous disposez d’une somme d’argent que vous voulez convertir en métal jaune mais vous ne savez pas comment vous y prendre ? Ce feuilleton est fait pour vous ! Dans ce sixième volet, je vous explique comment la stratégie d’investissement en Dollar-Cost Averaging (DCA)/Euro-Cost Averaging (ECA) vous permet de vous débarrasser de votre pire ennemi : vous-même !
Lorsqu’on se penche sur la littérature financière, on s’aperçoit rapidement que les investisseurs particuliers font en moyenne moins bien que le marché. Et pour causes : ils ne savent pas repérer les plus hauts et les plus bas du marché, et ils font trop d’arbitrages.
Mais qu’est-ce qui pousse le retail à réaliser autant d’allers-retours ?
Psychologie d’un cycle de marché
J’espère que vous aimez la Psychologie car il va me falloir aujourd’hui dédier une grosse parenthèse à cette discipline.
Vous connaissez cette citation de Warren Buffet : « Soyez avide lorsque les autres sont craintifs, et craintifs lorsque les autres sont avides. » Ce constat tient sa véracité du fait que rares sont ceux d’entre nous qui parviennent à convaincre leur cerveau de ne pas succomber aux émotions que nous ressentons.
Les deux schémas suivants retracent la palette d’émotions qui se succèdent dans le crâne de l’immense majorité des intervenants au fil d’un cycle de marché :
Psychologie d’un cycle de marché
Voici comment Milan Aryal décrit le processus auquel nous sommes en principe sujets lorsque nous avons de l’argent en jeu sur un actif dont la courbe de prix est sujette à de fortes fluctuations :
« Optimisme
Tout commence par une vision positive de l’avenir qui vous pousse à acheter une action.
Excitation
Les marchés commencent à se rapprocher de vos attentes et un sentiment d’anticipation et d’espoir naît en vous ; vous commencez à entrevoir le succès.
Frisson
Le marché continue à monter, vous gagnez déjà de l’argent et vous commencez à vous sentir très confiant dans vos décisions d’investissement.
Euphorie
« Vous ne pouvez pas manquer de telles opportunités. » Le marché monte, les investissements se transforment en profits rapides et faciles. Tout le monde veut se jeter à l’eau : qui ne veut pas gagner des tonnes d’argent avec un risque minimum ? Le marché monte, n’est-ce pas ? À ce stade, le risque financier est à son maximum, tout comme les gains potentiels.
Anxiété
La situation commence à se retourner, les marchés montrent de premiers signes de faiblesse, mais le sentiment général à long terme reste haussier et vous vous convainquez qu’il ne s’agit que d’une courte correction.
Déni
La correction du marché prend plus de temps que vous ne le pensiez au départ. Des doutes commencent à apparaître et la confiance dans un marché haussier de long terme se transforme en un fort espoir d’une amélioration à court terme.
Peur
À un moment donné, vous devez comparer votre perception avec la réalité : peut-être n’avez-vous en fait pas été si malin que ça. Vous aimeriez sortir du marché en prenant un petit profit ou même une petite perte mais vous n’agissez pas car vous ne savez pas quoi faire. L’incertitude est à son maximum.
Désespoir
A ce stade, toutes les chances de faire un profit sont perdues, vous êtes vraiment préoccupé par votre investissement et vous croisez les doigts pour qu’un évènement ramène vos positions dans le vert.
Panique
C’est la période qui a le plus fort impact émotionnel : vous vous sentez impuissant et vous ne savez vraiment pas quoi faire, vous sentez que vous n’avez plus aucune prise sur la situation, sur vos investissements et sur les marchés.
Capitulation
Vous vendez votre position à n’importe quel prix car vous avez atteint votre point de rupture. D’une certaine manière, vous êtes heureux de sortir du marché afin d’éviter des pertes plus importantes.
Découragement
Vos attentes ont été déçues, vous avez subi une forte perte sur vos investissements, vous vous sentez mal et vous vous dites que vous n’achèterez plus jamais d’actions. C’est le moment où l’opportunité financière est maximale pour les investisseurs qui sont conscients de ce qui se passe et qui sont prêts à faire preuve d’esprit critique.
Dépression
C’est le début des séquelles du krach. Vous commencez à réfléchir à ce qui s’est passé et vous vous demandez comment vous avez pu être aussi stupide. Ce qui fait la différence entre les investisseurs à ce stade est la capacité à regarder dans le rétroviseur, à analyser ce qui s’est mal passé et à apprendre de leurs erreurs.
Espoir
Les choses commencent à s’améliorer progressivement, la situation globale s’améliore et vous réalisez que les marchés financiers ont des cycles. Vous avez acquis une certaine expérience et vous commencez à chercher de nouvelles opportunités d’investissement.
Soulagement
Les marchés redeviennent positifs, vous recommencez à être fidèle et vous vous convainquez de votre capacité à investir votre argent. Le cycle recommence. »
Vous pensez être au-delà de ces considérations psychologiques ?
Les montagnes russes des marchés financiers ne vous donnent pas envie de vomir ? Tant mieux pour vous ! Sans doute alors avez-vous déjà reçu quelques balles dans votre carrière d’investisseur, ou alors votre cerveau ne fonctionne décidément pas comme celui de tout le monde (à ce sujet, je renvoie le lecteur curieux au livre Système 1 / Système 2 : Les deux vitesses de la pensée du prix Nobel d’Economie Daniel Kahneman, publié en 2011).
Dans le cas contraire, croyez-moi pour l’avoir expérimenté à mes débuts sur les cryptos : tout le monde a un point de rupture. Et si vous craquez au pire moment, vous vous ferez REKT* comme n’importe quel débutant – voire comme certains traders. (* contraction du terme anglais « wrecked » qui signifie détruire, annihiler)
Un rappel anodin : lorsque les mains faibles craquent, les mains fortes ramassent le magot pour une bouchée de pain
Avoir conscience de ce processus psychologique n’est que le premier pas pour éviter de finir en mode : « J’ai tout vendu, j’ai paniqué. »
L’investissement en DCA/ECA est la meilleure solution pour se protéger de nos émotions et de nos biais cognitifs
L’étape suivante consiste à fractionner votre investissement pour convertir passivement en or une somme fixe de manière récurrente à intervalles réguliers, et ce quel que soit le cours de l’or. La stratégie DCA/ECA présente des avantages non seulement sur le plan financier, mais également au plan psychologique.
Le premier avantage financier est élémentaire. Vous faîtes peut-être partie des épargnants qui ne savent pas si « c’est le bon moment pour investir dans l’or », ou qui se demandent si « l’or n’est pas déjà trop cher » ? Vous vous vous disiez déjà en 2012 que l’or était trop cher à 1 200 €, puis en août 2020 que le cours de l’once était trop élevé à 1 700 €. Résultat des courses : vous avez regardé les trains passer et vous n’êtes jamais entré sur le marché. Au contraire, avec une stratégie d’investissement en ECA, vous auriez pris le train chaque semaine, chaque mois, chaque trimestre : à votre rythme.
Sur Cointribune, Zoé de La Roche résume le second avantage financier de cette stratégie : « Les achats effectués à différents niveaux de prix de l’actif – sur une période baissière ou haussière sur le court terme – permettent de lisser le prix moyen d’achat de l’actif sur le moyen et le long terme.
Les achats à un prix bas rattrapent les éventuelles pertes dues à un achat à un prix relativement élevé sur le court terme. Sur une période plus longue, la hausse considérable du prix de l’actif [NDLR : dans la mesure où votre conviction haussière s’est révélée juste] rend quasiment tous les achats profitables. » Je vous renvoie ici à mon backtesting d’un investissement en ECA sur le métal jaune où nous avons stacké (accumulé de petites sommes) et Hodl (conservé) non pas des satoshis mais des grammes d’or.
Pour ce qui est des avantages psychologiques de cette stratégie, ils sont au moins au nombre de 2.
Tout d’abord, vous faîtes disparaître le facteur émotion de votre stratégie d’investissement, que ce soit lors des périodes de FOMO (« fear of missing out », c’est-à-dire lorsque le cours monte) ou durant les périodes de FUD (« fear, uncertainty and doubt », c’est-à-dire lorsque le cours baisse). Autrement dit, vous vous évitez de faire un énorme achat panique lorsque l’euphorie est à son comble, et au contraire de paniquer et de tout vendre lorsque les journalistes annoncent la « mort de l’or » pour la énième fois.
Par ailleurs, puisque votre portefeuille a significativement augmenté dans le temps (dans la mesure où votre conviction haussière s’est révélée juste), vous êtes psychologiquement beaucoup plus à même de supporter une baisse significative de votre portefeuille (cf. ce que j’écrivais au mois de mai au sujet de mon portefeuille de cryptos), donc vous dormez mieux.
Bref, grâce à l’investissement DCA/ECA, vous limitez votre implication émotionnelle au fil des différentes étapes du cycle de marché. Ce qui est vrai pour le bitcoin l’est également pour l’or et l’argent, certes moins risqués que la mère des cryptoactifs mais tout de même assez volatiles au regard des autres grandes classes d’actifs.
A ce stade, peut-être avez-vous envie de me rétorquer que les versements programmés, c’est facile sur le Livret A ou sur un contrat d’assurance-vie, mais pas sur le métal jaune ?
Que nenni cher lecteur, que nenni.
Je vous en parlerai plus en détails la semaine prochaine !
A lundi !