Le gouvernement l’a annoncé récemment : le 30 novembre 2017, le tiers-payant deviendra un droit pour tous les Français, non seulement pour la partie remboursée par la sécurité sociale mais aussi pour les dépenses prises en charge par les complémentaires en fonction de la bonne volonté des professionnels de santé. Derrière cette apparente bonne nouvelle, se cache malheureusement une politique de restriction budgétaire à grande échelle, pour ne pas dire désespérée, en vue d’endiguer des dépenses de santé en progression constante depuis des décennies. En effet, après l’échec des multiples politiques d’assainissement, de simplification ou encore de réforme médicale, le gouvernement actuel a décidé de trancher dans le vif pour faire des économies. Malheureusement au détriment des plus fragiles, une fois de plus…
Saisissons l’occasion pour faire le point sur les dernières mesures destinées à redresser les comptes de l’assurance maladie.
Responsable et solidaire ?
Dans le cadre du pacte de responsabilité et de solidarité, le Gouvernement s’est engagé en avril 2014 à mettre en œuvre un plan d’économies de 50 milliards d’euros entre 2015 et 2017, dont 10 milliards d’euros d’économies sur les dépenses de l’assurance maladie. Et en matière de dépenses de santé, qui dit économie dit déremboursement. Ainsi, après avoir sorti du régime général un certains nombre de traitements qualifiés de « confort », le gouvernement souhaite désormais supprimer la prise en charge des médicaments remboursés à 15 % et d’une partie de ceux remboursés à 30 %. Or, outre certains produits d’homéopathie on trouve surtout dans ces catégories des médicaments utilisés dans les troubles du sommeil, la maladie d’Alzheimer, les traitements dermatologiques, des antiseptiques, des antispasmodiques, et des traitements contre les affections ORL. Autant de médications utilisées par une majorité de personnes âgées dont les plus modestes (6 millions de retraités touchent moins du SMIC) risquent de se voir obligées de renoncer à certains soins par manque de moyens financiers. Difficile d’invoquer la solidarité dans ce cas-là…
22 000 suppressions d’emplois dans les hôpitaux d’ici 2017
Autre source d’économie potentielle : l’hôpital. Déjà lourdement saturés et en sous-effectif chronique, les services hospitaliers vont pourtant devoir subir une nouvelle cure d’amaigrissement avec la suppression de 22 000 postes d’ici l’année prochaine (information révélée par le magazine Challenges). L’objectif est d’arriver à une économie de 3 milliards d’euros dans les dépenses hospitalières, dont 30% pour la seule masse salariale. Évidemment, la prise en charge des quelques millions de Français qui bénéficient des services hospitaliers, notamment des Urgences, ou tout simplement qui n’ont pas les moyens d’aller dans le privé, risque bien d’être moins efficace, en dépit des efforts colossaux consentis par les équipes médicales. Rassurons-nous toutefois, les 65 000 séjours annuels effectués par des patients étrangers non-résidents ne devraient pas être affectés. Dans un pays qui décore des princes saoudiens, la priorité est à l’hospitalité.
Généralisation du tiers-payant
On l’a vu donc, le tiers-payant devrait devenir la norme et se présente comme amélioration pour les plus modestes, lesquels n’auront plus à avancer le prix des médicaments chez le pharmacien ni la consultation chez le médecin. Sauf que la mesure s’accompagne d’une obligation de délivrer des médicaments génériques dont on sait aujourd’hui que, s’ils sont moins coûteux en apparence, c’est qu’ils sont moins efficaces, moins sécurisés et surtout fabriqués sur la base d’économies effectués sur leurs composants notamment (nous y reviendrons lors d’un prochain dossier). Par conséquent, seuls les patients qui accepteront de continuer à avancer le prix de leurs médicaments pourront bénéficier des traitements les plus efficaces. Quant aux autres, les plus fragiles et les moins fortunés, ils continueront à servir de chair à canon économique au service d’une politique d’austérité qui ne dit pas son nom mais qui reflète bien l’estime qu’ont nos dirigeants pour ceux qu’ils nomment les « sans-dents ».