L’enseignant-chercheur avait alerté en mai 2018 sur un risque de crise majeure dans les 36 mois. A mi-parcours de cette échéance, nous faisons un nouveau point avec lui. La situation ne s’est vraiment pas améliorée, la France rejoint le club des pays aux économies « zombifiées », des économies de morts-vivants ! Dany Lang était un des intervenants de la journée Aucoffre.com le 30 novembre 2019
La dette privée et les économies zombifiées
La théorie de Steve Keen, professeur d’économie à la Kingston University, et de Dany Lang, enseignant-chercheur à Paris-XIII et économiste atterré : si le volume de crédits ou le taux d’endettement d’un pays augmente plus vite que son PIB alors on peut estimer que l’économie est comme un mort-vivant. Elle bouge encore mais elle ne vit plus. En effet, si des entreprises empruntent c’est pour améliorer leur production et donc augmenter leurs richesses. Indirectement, le pays dans lequel elles paient des impôts et des cotisations sociales, emploient des collaborateurs, devrait lui aussi s’enrichir. Si la dette privée augmente mais que le PIB se développe moins vite, stagne ou baisse, alors cela veut dire que l’emprunt est utilisé à mauvais escient.
La France rejoint le groupe des économies zombifiées
L’an dernier, la France n’était pas encore considérée comme zombifiée. En effet son niveau de dette privée n’avait pas encore atteint les limites hautes de l’endettement et la demande était toujours importante. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Dany Lang a reservé pour la Journée Aucoffre du 30 novembre une actualisation de l’ensemble des données au niveau international.
11 milliards d’euros Gilets Jaunes…pour aller moins mal
L’enseignant chercheur reconnait que les 11 milliards d’euros injectés dans l’économie française après le mouvement des Gilets Jaunes ont sans aucun doute servi à sauver « la croissance ». Mais pour lui cela a surtout permis au pays d’aller « moins mal ». Cela n’enlève en rien la réalité d’un taux de dette privée et d’une accélération de cette dette plus importants que le PIB et son évolution.
Toujours plus d’argent disponible et pas de croissance ?
Dany Lang, lors de notre entretien il y a quelques jours, estimait que la dette n’avait pas servi les bons projets. Les banques ont sans doute, poussées par la disponibilité du crédit, relâché leur attention sur les niveaux de risque. Les défaillances pourraient donc se multiplier dans l’avenir. Sans parler de l’argent uniquement destiné à « racheter » des actions pour soutenir un cours de bourse. Autant dire que l’emprunt n’est absolument pas productif au premier sens du terme quand on achète ses propres actions pour les détruire.
Plein emploi, pas d’inflation : que se passe-t-il ?
C’est une des curiosités de ce cycle économique. De nombreux pays sont au plein emploi, les Etats-Unis, l’Europe du Nord mais aussi le Portugal. Et pourtant, l’inflation reste au plancher. « Attention, prévient Dany Lang, la règle économique qui assure que le plein emploi provoque l’inflation par l’augmentation des salaires (et l’augmentation des taux d’intérêts) est bien valable sauf que dans la situation actuelle, il s’agit d’un plein emploi de mauvaise qualité. Des emplois non qualifiés, interchangeables donc les employés n’ont pas le pouvoir de la pression salariale puisqu’ils peuvent être remplacés très facilement. C’est pour cela que l’inflation ne suit pas ».
Revoir la conférence de Dany Lang de 2018 :