La 15ème édition du rapport In Gold We Trust a été publiée le 27 mai. Ronald-Peter Stöferle et Mark J. Valek confirment que nous nous situons à « l’aube d’une décennie dorée », et expliquent pourquoi l’année écoulée a entériné un « changement de climat monétaire » tel que « la confiance dans le futur pouvoir d’achat de la monnaie est [selon eux] sur le point de s’effondrer ». Dans ce feuilleton, je vous restitue la substantifique moëlle de ce must-read pour tout épargnant en métaux précieux.
Le rapport In Gold We Trust, la Bible de ceux qui s’intéressent à l’or et à l’argent
Certains l’attendait autant que le déconfinement : la 15ème édition du rapport In Gold We Trust d’Incrementum Liechtenstein AG est sortie le 27 mai. Comme l’indiquent Ronald-Peter Stöferle et Mark J. Valek (S&V) – qu’on ne présente plus -, il s’agit d’un numéro assez spécial.
Spécial parce qu’il est publié quelques semaines seulement avant le cinquantenaire du grand saut dans l’inconnu du système monétaire international (15 août 1971) – un sujet fondamental traité comme il se doit dans cette édition.
Je ne vous proposerai pas ici la liste des thèmes abordés au fil des chapitres, tant elle serait longue. Sachez néanmoins que l’on y retrouve ce qui fait le succès de ce rapport depuis de nombreuses années : une large batterie d’analyses maison (avec son festival de graphiques) accompagnée d’études d’éminents collègues (avec en particulier Lyn Alden qui ne vous est pas inconnue si vous êtes un régulier de ces colonnes), le tout agrémenté d’interviews de personnalités emblématiques du secteur des métaux précieux (parmi lesquelles FOFOA) et saupoudré de citations qui s’étendent cette année de Cicéron à Arnold Schwarzenegger, en passant par Rocky Balboa (pas de jaloux !) et Jerome Powell. Si ce programme ne vous donne pas envie cher lecteur, franchement, je ne sais pas ce qu’il vous faut.
Notez que nous sommes passés d’un rapport qui faisait moins de 100 pages à ses débuts à un pavé qui fait désormais 346 pages. Pour les plus pressés, la « version extensive » du document est toujours réduite en une « version condensée », laquelle a cette année été ramenée d’un peu moins de 100 pages à seulement 24 pages – sans oublier le traditionnel communiqué de presse (11 pages). Vous n’avez donc désormais plus aucune excuse pour ne pas vous plonger directement dans le texte des deux Autrichiens, lequel est publié en Anglais, en Allemand et en Mandarin.
« Changement de climat monétaire » : le nouveau paradigme qui confirme « l’aube d’une décennie dorée »
Depuis 2018, chaque rapport In Gold We Trust s’articule autour d’un thème central donné. Pour rappel, voici les titres des épisodes précédents :
- 29 mai 2018 : « L’or et le retournement de la marée monétaire »
- 28 mai 2019 : « L’or à l’ère où la confiance s’érode »
- 27 mai 2020 : « L’or à l’aube d’une décennie dorée »
2021 signe le retour à la thématique monétaire. Dès la couverture, on comprend qu’un nouveau jalon vient d’être posé sur la voie de la déliquescence des monnaies fiat. Pour S&V, nous sommes en plein « changement de climat monétaire ».
Par cette expression, il faut comprendre « un changement de paradigme à plusieurs niveaux, dont la matérialisation a été déclenchée par la pandémie et les réactions politiques qu’elle a suscitées ». Ce changement profond prend 5 formes bien distinctes les unes des autres mais finalement intimement liées : la nonchalance budgétaire ; la fusion des politiques monétaire et budgétaire ; les nouvelles missions relevant de la politique monétaire ; le combat opposant les crypto-actifs décentralisés aux monnaies numériques de banques centrales (MNBC) ; la nouvelle ère glaciaire entre l’Est et l’Ouest.
Comme nous sommes dans la période idéale pour les piqures de rappel (huhuhu), il ne me semble pas inutile de souligner que nous vivons à une époque où le plafond américain de la dette et les critères de Maastricht ne sont plus de lointaines reliques du passé, les ministères du Budget américain et italien sont dirigés par d’anciens banquiers centraux, la Fed et la BCE ont modifié leur objection d’inflation et Christine Lagarde vient tranquillement de redéfinir son mandat en annonçant le 8 juillet que la lutte contre le changement climatique est désormais l’une de ses prérogatives, la Banque de France insiste sur l’urgence d’avancer sur le projet européen de MNBC pour ne pas se laisser distancer par l’e-yuan chinois, ce qui permettra à ces Etats de spolier d’avantage leurs populations en appliquant des taux d’intérêt aussi négatifs que nécessaire tout en assurant l’avènement du citoyen financièrement transparent. Quel magnifique programme que voilà, n’est-ce pas ? Je passe sur la « guerre monétaire », laquelle voit certaines régions du monde continuer de se dédollariser – ou plutôt j’y reviendrai dans un prochain article.
« The Tipping Point »: quand la situation bascule… du mauvais côté !
Face à cet horizon dystopique version Théorie monétaire moderne (MMT), S&V invoquent la notion de « point de bascule » (« tipping point ») chère à Malcom Gladwell. Si vous avez raté les podcasts du journaliste britannique, sachez qu’il s’agit-là du « moment où est atteinte la masse critique, le seuil, le point d’ébullition. »
Le rapport avec ce qui nous intéresse ? L’inflation, bien sûr ! Ce qui amène S&V à parler de « changement de climat monétaire », c’est avant tout le fait que « le pendule de l’inflation a [selon eux] finalement changé de direction l’année dernière : les forces inflationnistes sont désormais plus fortes que les forces déflationnistes. Nous allons probablement entrer dans une période d’inflation causée par une forte augmentation de la masse monétaire. Par conséquent, de plus en plus de banques centrales vont être contraintes de mettre en œuvre une politique de contrôle explicite ou implicite de la courbe des taux. Les taux d’intérêt réels ont donc vocation à rester négatifs. »
Et S&V de revenir sur leur pénultième thématique : « Dans le rapport In Gold We Trust 2019, notre leitmotiv était la confiance. Les monnaies reposent sur un triangle de stabilité, de crédibilité et de confiance. Pour nous, cette confiance dans le futur pouvoir d’achat de la monnaie est sur le point de s’effondrer…. » […] S&V insistent en particulier sur la période 1946-1951 aux Etats-Unis et ils s’attendent à ce que « l’histoire se répète »…
Mais que diable s’est-il passé au cours de cette période de 6 années ?
C’est sur ce cliffhanger digne du dernier épisode de la saison 3 de Dallas que je vous quitte, cher lecteur.
A la semaine prochaine !